Carmel
De Mme Guérin à Mme Martin – Fin octobre 1871.

DE  
GUÉRIN Céline née FOURNET
À 
GUÉRIN Zélie, Madame Louis Martin

31/10/1871

De Mme Guérin à Mme Martin. Fin octobre 1871.
           Source : autographe fd 20,5 X 13,3 cm. Daté au crayon par soeur Geneviève : Octobre, 1871
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                     Ma Chère Soeur.
   Je voulais vous écrire aussitôt après avoir reçu votre lettre, mais comme je ne me levais pas encore, j'ai préféré attendre quelques jours pour vous donner de meilleures nouvelles. Aujourd'hui je puis vous dire que je me lève depuis deux jours sans toutefois mettre le pied par terre pour marcher, Je vais  essayer aujourd'hui ou demain. Je me trouve toujours très bien, ma santé est bonne, avec de la prudence je crois que je vais me remettre tout à fait d'ici peu de jours. Je vais être bien contente de pouvoir aller à mon affaire depuis le temps que j'en suis privée. Je m'ennuyais bien dans mon lit je vous assure, mais hélas, tout cela n'était rien si j'avais auprès de moi mon pauvre petit [le petit Paul, né sans vie le 16 octobre à minuit), je serais bien heureuse maintenant [1 v°] Mais à quoi me sert de me plaindre ! Si Dieu me l'a retiré c'est assurément pour son plus grand bien Il s'est montré pour nous un bon père puisqu'il a permis que notre enfant puisse être baptisé. Ce pauvre petit n'a pas connu les souffrances de la vie. Dieu l'a mis tout de suite dans son beau ciel, je l'espère. Toutes ces pensées là me donnent la résignation, car vous le savez mieux que moi du reste c'est là seulement que l'on peut puiser le courage. Il est bien triste  pour une mère de ne voir naître son enfant que pour le voir mourir. C'est notre première épreuve, et je n'ai pas besoin de vous dire combien elle a été cruelle pour nous ! Vous l'avez bien compris. J'aurais été bien heureuse de vous voir, mais j'ai préféré attendre, car si vous m'aviez trouvée encore au lit, quel agrément auriez-vous eu, et moi-même je serai bien plus contente d'être debout pour vous recevoir.
J'attends bien avec impatience votre visite, vous nous dites que Léonie ne veut pas venir, alors il faut nous amener ma petite filleule (Céline).Je suis sure qu'elle s'amusera bien avec ses petites cousines  et moi je serai bien contente de la voir, moi qui ne l'ai pas vue depuis son baptême (le 5 septembre 1869). Surtout [2 r°] ne craignez pas de nous gêner  vous nous ferez au contraire grand plaisir.
Adieu ma chère soeur, nous vous embrassons de tout notre coeur ainsi que vos petites filles.
Soyez, je vous prie, notre interprète auprès de M. Martin.
 Votre soeur toute dévouée,
 C. Guérin

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