Carmel
De Mme Guérin à Mme Martin – 9 janvier 1869.

DE  
GUÉRIN Céline née FOURNET
À 
GUÉRIN Zélie, Madame Louis Martin

09/01/1869

De Mme Guérin à Mme Martin. 9 janvier 1869.
       Source : autographe fd 21 x 13,3 cm.
                  Ma chère Soeur,
Pardon de ne pas avoir répondu plus tôt à votre bonne lettre et à celle de vos charmantes petites filles. Vous nous appreniez dans quel triste état se trouvait notre bonne soeur du Mans. Nous n'en savions rien quoiqu'elle nous ait écrit la veille. Nous sommes bien inquiets pour elle, car tous les hivers elle est bien malade. Aujourd'hui nous avons reçu une lettre dans laquelle elle nous dit qu'elle va beaucoup mieux et que son état n'a plus rien d'inquiétant. Mais elle s'écoute si peu, et elle s'alarme si peu de se voir malade que nous n'osons trop y croire. J'espère cependant que maintenant elle va se remettre [l v°] petit à petit. Nous avons reçu les jolies petites lettres de Marie et de Pauline. Nous en avions déjà reçu deux que leur Tante nous envoyait. Nous les avons trouvées charmantes. Marie écrit tout à fait comme une grande fille et il serait difficile de trouver dans ses lettres une faute d'Orthographe. Quant à Pauline ses petites lettres sont très gentilles. Elles sont pleines de naïveté. On voit qu'elle écrit ce qu'elle pense et qu'elle a un bon petit coeur. Ce sont de bien gentils enfants et nous avons été bien contents en recevant leurs compliments je leur ai écrit ma petite lette hier au Mans, car je sais qu'elles sont rentrées maintenant. Vous avez été bien heureuse de les revoir et de  les retrouver aussi aimables. Ces pauvres petites filles je me figure leur joie en vous revoyant et en se retrouvant chez elles. Maintenant elles sont rentrées jusqu'à Pâques probablement. Je ne vous engage pas à nous les amener à cette époque [2 r°] car je sais que cela n'est pas possible à cause de l'événement que vous attendez vers cette époque. Mais aux grandes vacances il faudra bien qu'elles viennent voir où habitent leur oncle et leur tante de Lisieux. Et vous comment allez-vous. Votre santé est-elle tout à fait bonne ? Vous ne nous avez pas parlé d'Hélène. Il paraît qu'elle a été malade. C'est notre soeur du Mans qui nous l'a appris. Elle nous a dit qu'elle avait eu la rougeole et qu'elle en avait été bien souffrante.
Nous allons tous bien. Notre petite Jeanne vient d'avoir un gros rhume mais elle va très bien maintenant. Tous les jours elle fait de nouvelles grimaces elle est d'une vivacité qui m'inquiète vraiment, car dans des moments elle vous échapperait si on ne la tenait pas en conséquence. Elle devient fatigante à porter car elle veut toujours être par terre et elle ne peut bien entendu pas se tenir seule  (le bébé a onze mois) je vous assure que j'aspire la [2v°] voir marcher seule. Tout le monde me dit que cela me donnera autant de mal mais c'est égal. Elle est toujours bien gentille. Il suffit de lui montrer quelque chose pour que tout de suite, elle cherche à le faire. Ainsi depuis quelque temps elle s'exerce à faire claquer ses doigts. Elle fait cela si gentiment, je dirai même si gracieusement que tout le monde en est surpris. Elle comprend presque tout. Vous voyez que nous sommes toujours fous de notre Jeanne. Mon mari se donne beaucoup de mal pour sa pharmacie. Cela lui donne beaucoup de tracas. Le pire n'est cependant pas passé. Quand les ouvriers seront dans la maison ce sera un grand embarras pour nous, je voudrais bien que tout fût fini afin d'être tranquille après. Je vous assure que je suis inquiète comment nous ferons pendant deux mois. Enfin ce n'est qu'un temps à passer.
Adieu, ma chère soeur, je vous embrasse de tout mon coeur ainsi que vos petites filles. Soyez, je vous prie, mon interprète auprès de M. Martin.
 Votre soeur toute dévouée.
                                 C. Guérin.
[2v°tv] je vous remercie de la peine que vous aviez déjà prise pour nous trouver une bonne. Toute de suite cela se passe assez bien cependant il y a bien à dire, mais je patiente. J'ai eu plusieurs difficultés avec Irma, tout de suite j'en suis plus contente. Si cela avait continué je ne l'aurais certes pas gardée. 

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