Carmel
De Mère Marie de Gonzague à Thérèse – Fin 1890 – été 1891 (?)

DE  
Marie de Gonzague
À 
MARTIN Thérèse, Soeur Thérèse de l'Enfant Jésus

01/12/1890

De Mère Marie de Gonzague à Thérèse. Fin 1890 - été 1891 (?) Ce billet semble contemporain du précédent
LT perdue

J.M.J.T.

Mon agnelet chéri,

Comme j'aime la souffrance de ma fille chérie ; c'est ainsi que le Bien Aimé traite ses privilégiées ; le sucre est bon pour les enfants, mais nous sommes maintenant au port, il faut marcher en âme forte et vigoureuse.

Je ne crois pas mon agnelet sans défaut, bien loin de là, je sais très bien qu'il a ses misères et ce sont elles qui font de notre vie une vie méritoire, une vie apostolique parce que ce sont les victoires remportées sur les défauts qui obtiennent tout ce que nous voulons !!! des âmes, des âmes à Jésus !! C'est si beau une âme, enfant chérie, ah ! si nous pouvions comprendre sa grandeur dans les desseins de Dieu au moment de la création et dans sa fin également, rachetée au prix de tout le sang d'un Dieu ! Quelle miséricorde... Aimons Jésus, enfant de sa tendresse, vivons d'amour, pour mourir d'amour ; puisque notre Sainte Mère a eu ce désir nous pouvons marcher sur les traces de notre Mère ! Nous aimerons si fort au ciel, commençons dès ici-bas notre ciel... La terre n'est pas pour l'âme qui a Dieu pour Époux ; hélas ! notre nature nous rattache toujours à ce matériel de la vie, mais coupons le fil qui nous retient encore et volons vers Celui qui nous a tant donné, n'importe ce que nous lui offrirons. Ce sont ses dons qui formeront nos offrandes, puisque nous ne possédons quoi que ce soit.

Comme c'est bon de jouir du manque de joies, ô chérie d'enfant ; dans ces privations vous trouverez une mine d'or que vous centuplerez. Ne vous inquiétez pas de l'oraison de St Pierre [Thérèse somnole pendant l'oraison] ; ce grand apôtre qui aimait pourtant beaucoup son Divin Maître s'endormait près de Lui au moment de l'agonie de notre Jésus dans ce Jardin douloureux, où Il suait sang et eau par l'affreuse douleur de la vue du Calice amer accepté jusqu'à la lie pour nos âmes !!! Je ne sais ce que je vous mets sur cette feuille, enfant chérie, je me suis oubliée et il est tard.

Je vous bénis dans le cœur de Jésus; souffrons ensemble pour jouir ensemble...

Retour à la liste