Carmel
De Mère Marie de Chantal Fleuriot à Mme Martin – 24 février 1877.

DE  
FLEURIOT Marie de Chantal Mère
À 
GUÉRIN Zélie, Madame Louis Martin

24/02/1877

 
De Mère Marie de Chantal Fleuriot à Mme Martin. 24 fév. 1877.
 
V. + J
De notre Monastère du Mans,
24 févier 1877.
Chère Madame,
D'après les dernières nouvelles que nous vous donnions de notre bien-aimée malade, vous pressentez facilement le sacrifice dont nous venons aujourd'hui vous annoncer la consommation. C'est ce matin à 7 h, que notre bien chère Soeur Marie‑Dosithée a terminé sa vie si édifiante, par une mort digne d'envie.
Depuis deux jours un affaiblissement notable nous faisait comprendre que le dénouement approchait; l'oppression et une sorte d'angoisse perpétuelle firent souffrir davantage notre chère malade qui ne perdit rien de sa paix, de sa résignation parfaite, et sentait de plus en plus le désir d'aller voir N. S. Hier, elle eut encore la consolation de recevoir le St Via­tique, puis plusieurs indulgences. Sa présence d'esprit, sa sérénité [l v°] furent admirables jusqu'à la fin.
Nous pouvons dire, chère Madame, que vous et nous avons une sainte protectrice de plus au ciel, ou du moins elle y sera bientôt, espérons-le, car il serait difficile de finir plus saintement une plus vertueuse vie.
J'ai eu la consolation d'assister votre bien-aimée soeur jusqu'à son dernier moment; elle a eu tous les secours, toutes les grâces surabondantes qu'il est possible de désirer, et son coeur plein de foi nous expri­mait cette nuit encore toute sa reconnaissance envers le bon Dieu qui lui a été si libéral. Son agonie a été très douce et on peut dire que notre chère soeur n'a vraiment pas beaucoup souffert. C'est demain à midi ½ que nous la conduirons à sa dernière demeure, au milieu des regrets de toute notre Communauté qui lui était profondément attachée.
Nous avons appris ce matin, cette douloureuse nouvelle à votre bonne petite Pauline, chère Madame, la pauvre enfant y a été bien sensible, mais sa foi et sa piété lui ont donné du courage.
Nous écrivons à Monsieur Guérin, veuillez seulement, Madame, vous charger de faire [2 r°] part de notre commun sacrifice aux bonnes Mères Clarisses qui ne manqueront pas de s'unir à nous pour prier à l'intention de notre chère défunte.
Permettez-nous, chère Madame, de confondre nos regrets avec les vôtres et de vous assurer une fois de plus de nos sentiments affectueux et de l'union de coeur qui existera toujours entre nos deux familles, dont notre sainte et bien-aimée soeur sera au ciel le lien précieux.
Je suis, Madame, avec une religieuse et profonde sympathie.
Votre bien dévouée en N. S.
Sr Marie de Chantal Fleuriot
de la Visitation Ste Marie
D. S. B.
Cette nuit même, notre bien-aimé Soeur, sur notre demande vous a tous bénis du fond du coeur !. . Oh comme elle va prier pour ses deux chères familles qu'elle aimait si tendrement !!

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