Carmel
De Marie Martin à ses parents – 28 janvier 1872.

DE  
MARTIN Marie, Soeur Marie du Sacré-Coeur
À 
MARTIN Louis
GUÉRIN Zélie, Madame Louis Martin

28/01/1872

De Marie Martin à ses parents. 28 janvier 1872.
                                                                                                          Dimanche 28 janvier 72.
 
Mes bons Parents,
Je vous écris cette lettre parce que je pense que mademoiselle Pauline (Pauline Romet, marraine de Pauline) viendra jeudi prochain et qu'elle vous donnera de nos nouvelles lors­qu'elle s'en retournera à Alençon.
J'espère mes chers parents que vous vous portez bien et que maman [lv°] est guérie car je prie tous les jours le bon Dieu pour vous. Chère petite Mère, nous avons fait une composition de grammaire avant-­hier et j'ai été première, je n'avais qu'une demie faute, ma tante m'avait bien dit aussi que si j'étais bien sage tout irait bien; je vais tâcher de lui faire plaisir en ayant le tableau d'honneur car je sais qu'elle serait très contente et toi aussi ma petite maman J'en suis bien sûre. Cependant hier [2r°] je n'ai pas été sage au commencement de la classe d'histoire mais je vais m'y remettre maintenant car je ne veux pas me décourager cela porte malheur. Si tu savais ma petite mère chérie combien Pauline aime ma tante, tous les jours elle me dit: Oh 1 ma pauvre fille si tu savais comme ma tante est bonne, elle reconnaît maintenant je le vois bien que tout ce que ma tante fait est pour notre bien, elle est en effet bien bonne pour nous elle fait tout ce qu'elle [2v°] peut pour nous faire plaisir elle a dit à Pauline que demain elle nous prendrait et qu'elle nous ferait une surprise comme c'était la fête de St François de Sales.
Et toi mon petit père chéri si tu savais combien je pense à toi et à maman, votre souvenir se présente toujours à moi, ce matin encore je me disais c'est aujourd'hui dimanche, si on était avec nos bons parents quel bonheur mais je voudrais que ma tante s'en vienne aussi avec nous c'est alors qu'on aurait jamais de [2v°tv] chagrin. Hier on entendait sonner le bourdon de la cathédrale et Pauline disait : Il me fait de la peine ce gros bourdon-là parce qu'il me rappelle Alençon. Ma petite mère la lettre que tu m'as envoyée m'a consolée mais je suis si contente quand elles sont bien longues, je te prie de dire à Louise et à Léonie que je leur écrirai bientôt une lettre.
Au revoir mes bien chers Parents je vous embrasse tendrement ainsi que mes petites soeurs et Louise.
J'avais oublié de vous dire que j'avais la rosette.
Votre respectueuse et affectionnée petite fille
Marie Martin
 
Ma chère petite mère ma soeur Marie Paula vient de me dire que je communierai demain Je prierai le bon Dieu pour (« pour toi » ou « pour vous ») et demanderai au bon Dieu la grâce de devenir aussi bonne que ma tante. 

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