Carmel
De Marie Martin à ses parents – 21 janvier 1872.

DE  
MARTIN Marie, Soeur Marie du Sacré-Coeur
À 
MARTIN Louis
GUÉRIN Zélie, Madame Louis Martin

21/01/1872

De Marie Martin à ses parents. 21 janvier 1872.
                                                                          Le 21 janvier 72.
 
Mes chers Parents,
J'ai reçu votre lettre hier, elle m'a fait bien plaisir, et je vous dirai que je ne suis plus triste maintenant parce que je tâche de ne pas penser beaucoup à Alençon, car il n'y a que la pensée d'être éloignée de vous qui m'attriste, cependant cela me fait de la peine de quitter [I v°] la Visitation parce que je ne verrais plus ma tante, mais si, elle n'était pas religieuse et qu'elle pourrait s'en venir avec nous je serais bien heureuse d'aller vous retrouver moi qui vous aime tant. Il est vrai qu'il faut que je fasse mon éducation et je sais bien que la visitation est une des meilleures pensions mais c'est bien dur d'être si éloignée de ses parents.
Ma chère petite Mère ma tante a si bien intercédé pour nous [2 r°] auprès de la supérieure que nous n'avons pas perdu nos décorations. J'espère que vous vous portez tous bien et que tu n'as plus mal à la gorge car j'aurais bien du chagrin si tu mourais.Mon petit père je vais bien me dépêcher d'apprendre pour aller bientôt vous rejoindre, car il me semble que je serai si heureuse quand je ne serai plus éloignée de mes bons parents mais j'aurai tout de même du chagrin parce que je verrai ma tante que rarement et cela me fera de la peine. [2v°]J'espère que les deux petits bouvreuils sont toujours en bonne santé car je ne les oublie pas non plus.
Mes chers Parents il y a une petite nouvelle qui est arrivée du premier de l'an elle a onze ans et elle sait déjà l'italien et l'anglais l'autre jour elle nous a récité des fables en anglais.
Mes bons parents je vais terminer ma lettre en vous embrassant bien tendrement ainsi que mes petites soeurs et Louise  
Votre respectueuse et affectionnée petite fille
Marie Martin.
 
[2v°tv] Ma chère petite Mère je viens d'aller au parloir à madame Leconte (une cousine de M. Martin, Mme Hila­rion Leconte née Claire Bohard, ou plus probablement, une amie que Mme Martin aimait beaucoup et qui mourra le 3 mai 1874) elle est bien bonne pour nous car elle nous a apporté une demie douzaine de grosses oranges et deux sacs de bonbons dont l'un renfermait des pralines et l'autre des dragées. 

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