Carmel
De Marie Martin à Pauline – 22 mai 1873.

DE  
MARTIN Marie, Soeur Marie du Sacré-Coeur
À 
MARTIN Pauline, Mère Agnès de Jésus

22/05/1873

De Marie Martin à Pauline. 22 mai 1873.
 
                                                                                          (Alençon) jeudi 22 Mai 1873
 
Ma chère petite Pauline
Je suis heureuse de pouvoir t'écrire aujourd'hui une petite lettre car je sais que tu vas être bien contente. Je te dirai que je suis guérie je n'en suis pas fâchée je t'assure car je m'ennuyais beaucoup au lit. Ce matin je me suis levée plus tôt que les autres jours car je suis allée à la messe de huit heures. J'aurais bien désiré aller au pavillon (petite propriété acquise par M. Martin dès 1857, rue des Lavoirs, au sud de la ville) mais maman a trouvé que c'était trop loin, et je n'y suis pas allée. J'attends avec grande impatience tes vacances, je me réjouis tant de te revoir si tu savais ! Nous aurons aussi beaucoup de plaisir nous irons en voiture chez la nourrice de Thérèse, nous cueillerons de grandes pâquerettes et des bleuets comme ce sera amusant n'est-ce pas mon petit paulin ! Il y aura dans dix jours de grandes fêtes à Alençon ( à l'occasion d'une Exposition) pendant toute une semaine, nous verrons la retraite aux flambeaux, et le dimanche aura lieu dans le champ de foire un beau feu d'artifice justement tu te trouveras dans ce moment-là à Alençon et tu auras beaucoup de plaisir. Il y aura aussi un ballon sur la place et nous irons le voir.
Je me suis couchée un peu aujourd'hui après le dîner, j'avais mangé de la salade et maman craignait qu'elle ne me fît mal mais elle ne m'en a pas fait du tout. Le jardin est très joli excepté le rond qui n'a encore que quelques boutures de géranium mais au milieu est un beau rosier qui est fleuri il est magnifique. Il y a aussi 2 autres petits rosiers mousses dans les côtés mais il n'y a encore que des boutons qui fleuriront bientôt je l'espère.
Louise (Louise Marais, la domestique, avait une préférence marquée pour Céline)frise la petite Céline tous les dimanches, elle est toute en blanc avec de jolies bottines en cuir jaune que maman lui a achetées dernièrement ; si tu la voyais je suis sûre [1v°] que tu la trouverais gentille à croquer.
Je te prie ma petite Pauline de bien embrasser ma bonne tante pour moi, dis lui que je l'aime de tout mon coeur et que je ne l'oublie pas. Si j'avais pu j'aurais bien désiré lui écrire aujourd'hui, mais vois-tu je suis déjà bien lasse de ta lettre, quand tu viendras à Alençon je lui
en écrirai une ainsi qu'à ma Soeur M. Paula  (née Albertine Cayez (8/2/1833‑5/10/1911), maîtresse de classe puis Directrice du pensionnat de 1865 à 1875). Tu lui diras s'il te plait que je la remercie bien de l'indulgence qu'elle a mise pour mon ruban d'honneur je suis bien heureuse de l'avoir et je tâcherai de le conserver. Remercie bien toutes mes bonnes maîtresses et mes compagnes des prières qu'elles ont faites pour moi et de l'intérêt qu'elles m'ont porté, j'en suis bien reconnaissante je t'assure. Surtout n'oublie pas de dire à ma un tante qu'elle veuille bien remercier Notre Mère de toutes les bontés qu‘elle a eues pour moi. Tu diras à Edith (Edith de la Porte de Ste Gemme, devenue Mme de Mesmay (1860‑1927) compagne de Marie. Pauline eut pour compagne de première communion la soeur d'Edith, Geneviève de la Porte) et à Renée (?) que je les embrasse bien ainsi que Berthe Chauvin  (devenue Mme Fillion), remercie bien pour moi Edith du bel emblème qu'elle m'a envoyé et dis lui qu'il m'a fait grand plaisir, ainsi que sa petite lettre et celle de Renée, moi je leur en écrirai une aussitôt que je le pourrai dans 15 jours tout au plus.
Dis aussi à M. Morel (Marie-Louise Morel-Bignon) que J'ai reçu sa lettre et son image qui est très gentille, je lui écrirai en même temps qu'Edith. Tu dois connaître celles qui m'ont envoyé des souvenirs s'il fallait que je les nomme ce serait trop long tu les remercieras s'il te plaît pour moi.
Adieu mon petit Paulin que j'aime tant, en attendant le jour tant désiré où nous nous reverrons je t'embrasse comme je t'aime ! Et tu sais comment !
Ta petite soeur
M. Martin.
Jeudi 22 Mai 1873.
Je t'écris cette lettre à quatre heures et demie je suis assise au bureau je voudrais bien aller me promener car c'est aujourd'hui l'Ascension mais je sais bien que je ne peux pas parce que cela me fatiguerait. 

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