Carmel

4 décembre 1896 – Limoges

 

 

MA RÉVÉRENDE ET TRÈS HONORÉE MÈRE,

Que la sainte volonté de Dieu soit notre force et notre consolation !

Nous étions loin de nous attendre, il y a quelques jours, en saluant avec joie le retour du saint temps de l'Avent, que sa première heure serait marquée pour nous par un bien douloureux sacrifice !...

Hier matin, à huit heures moins un quart, notre chère Soeur Anne de Jésus entendait l'appel divin et quittait l'exil au moment où nous terminions les petites heures, pendant lesquelles, en union avec l'Église, nous avions bien des fois appelé le doux Emmanuel. Mais, comme c'est la Croix qui attira Jésus sur la terre, c'est elle aussi qu'il offre à ses amis. Nous baisons donc avec amour l'adorable main qui nous frappe, redisant cette parole, résumé de toute la vie de notre chère fille : Que votre volonté se fasse, ô mon Dieu, sur la terre comme au Ciel.

Notre chère Soeur Anne de Jésus était âgée de 33 ans, 7 mois, 2 jours et avait passé dans la sainte Religion, 17 ans, 10 mois, 10 jours. Elle naquit dans une petite ville de notre diocèse, célèbre par la sainteté et les miracles de son illustre patron, Saint-Léonard de Noblac, et qui, malgré un ralentissement, hélas ! trop sensible dans la foi, n'a pas laissé s'épuiser en son sein la sève, autrefois si active, d'où sont sortis tant de prêtres et tant de religieuses. Appartenant à une famille honorable et foncièrement chrétienne, elle y eut sous les yeux des exemples dont elle sut si bien profiter que son coeur se tourna vers Dieu dès l'aurore de sa vie et ne s'en détourna jamais. Ses premières années s'écoulèrent paisiblement sous le toit paternel, où elle grandissait, comme le Saint Enfant Jésus, en grâce et en sagesse.

Son père et sa mère trouvèrent en leur chère Marie tout ce que la piété filiale peut avoir de plus tendre et de plus dévoué ; son frère, sa soeur aînée avaient en elle une amie ; sa plus jeune soeur, un guide et un modèle ; plus tard, elle fut pour sa chère petite nièce et filleule, une seconde mère.

Sa douceur aimable, son dévouement sans borne à tout ce que l'on pouvait désirer, lui gagnait les coeurs de toutes ses compagnes, sur lesquelles, du reste, une intelligence élevée, des talents et des dons remarquables lui donnaient un grand ascendant. Elle avait un zèle ardent pour tout ce qui pouvait procurer la gloire de Dieu ; son adresse et son bon goût la rendaient ingénieuse dans la décoration des autels ou la construction des reposoirs ; aussi, à l'église de Saint-Léonard, ne faisait-on sans elle aucun travail de ce genre. Que de chapelles ornées par ses mains, dans le beau mois de Marie ! Ce qu'avaient commencé ses mains habiles, sa belle voix l'achevait en chantant les louanges de sa Mère du Ciel. Sa vie s'écoulait ainsi heureuse, partagée entre le travail de la famille et les exercices de la plus tendre piété, heureuse surtout quand elle pouvait passer de longs moments au pied du Tabernacle, où son âme s'écoulait tout entière dans une union intime avec le divin objet de son amour. Jésus était alors bien prodigue pour elle de ses délicieuses caresses, aussi s'arrachait-elle avec peine à de si doux entretiens.

La pensée de se faire religieuse était venue quelquefois traverser son esprit ; mais elle se disait : Entrer dans une communauté, ce serait augmenter mon bonheur, que je trouve déjà trop grand, car j'ai soif de souffrir pour donner quelque chose à Jésus. Elle s'imaginait naïvement que la vie religieuse est pour l'âme un festin perpétuel et ne voyait que les Ordres austères capables de satisfaire son besoin d'immolation. Mais sa santé si délicate paraissait rendre impossible son admission en quelqu'un de ces Ordres, et elle n'osait s'arrêter à la pensée d'aller frapper à la porte d'une maison de Clarisses, de Carmélites ou de Trappistines. Cependant un jour elle s'en ouvrit à son directeur, et fut bien étonnée de s'entendre dire: Mon enfant, pourquoi ne seriez-vous pas Carmélite? — Moi, Carmélite!... mais je n'en suis pas plus capable que d'être évêque. — Dieu est tout-puissant fut la réponse pleine de foi de ce saint prêtre, qui connaissait bien aussi toute la générosité de sa pénitente. C'en fut assez pour cette âme obéissante : elle vint se présenter à notre bonne mère Thérèse  de Jésus, de douce mémoire. Cette digne prieure hésita, vu la santé et l'âge déjà un peu avancé de la nouvelle postulante (elle avait trente- cinq ans) ; mais ses admirables dispositions la touchèrent et elle fixa son entrée au 19 janvier, fête du Très Saint Nom de Jésus.

En mettant le pied sur le seuil béni où elle venait chercher la Croix, ma Soeur Anne de Jésus sentit qu'elle était exaucée au delà même de ses désirs. Elle avait embrassé courageusement l'austérité de vie d'une Carmélite, mais croyait y trouver comme compen­sation les joies célestes. Ce qui eût peut-être suffi à son amour pour Jésus, ne suffit pas à celui de Jésus pour cette âme dont il voulait faire son épouse, mais une épouse de sang qui devait boire à longs traits à son calice d'amertume. Aussitôt il voila sa face divine et toutes les lumières dont notre chère Soeur avait été favorisée jusqu'alors firent place à une obscurité intérieure et à une sécheresse désolante. Tout au Carmel lui paraissait rude, difficile, impossible même, et si la grâce ne l'eût soutenue d'une manière, il est vrai, insensible, elle aurait reculé. Ces paroles, qui la soutiendront durant toute sa vie : la Volonté de Dieu, la Puissance de Dieu, l'Obéissance, furent, dès les premiers combats, ses armes invincibles. Elle commença son Chemin de Croix avec un grand courage et on la vit toujours fidèle à tous ses devoirs, ne laissant jamais rien paraître au dehors de ses luttes intimes, dont ses supérieurs eurent seuls le secret.

Elle fut admise à la prise d'habit, puis à la sainte Profession, à la grande satisfaction delà Communauté. Pour elle, épanchant son âme dans ses notes spirituelles elle s'expri­mait ainsi:

"Il semble que le divin Maître ait pris plaisir à exciter ma faim déjà si vive pour cette vie de recueillement, de prière, d'oraison, de perfection, d'amour enfin qui fait si belle la part d'une Carmélite. Si on m'avait demandé dans le monde ce qu'était une fille de notre sainte mère Thérèse, j'aurais répondu : C'est un être qui met la nature sous les pieds et qui ne vit plus qu'au Ciel ; et voilà pourquoi je ne me croyais pas capable d être Carmélite. Et cependant Dieu a décrété de toute éternité que je le serais et m attirant à lui par une faim dévorante de son amour, il me fait comprendre que je ne dois plus me bercer de l'espoir de jouir de Lui en ce monde, mais au contraire accepter bien généreusement de passer ma vie dans les tortures de la faim, parce qu'il ne met pas à ma disposition d'autre moyen pour le glorifier et lui donner des âmes. Le fiat m'a coûte ! Pour la première fois j'ai dit : que ce calice s'éloigne de moi sans que je le boive Cependant il ne me vient que la pensée de ne rien refuser à mon adorable Maître Sa grâce et sa miséricorde sont toujours là pour me montrer son bon plaisir comme loi de tout Eh bien ! il faut maintenant regarder la situation en face et aller à la pratique Le dessein de Dieu sur moi, c'est que ma vie reproduise son abandon et sa nudité sur a Croix II me demande de lui sacrifier la plus noble de toutes les jouissances et aussi la plus légitime, qui est lui-même ; mais j'aura! le droit de lui demander la grâce et la force nécessaires pour arriver à me dépouiller entièrement, afin qu'il me possède entière ment et je veux répéter sans cesse à N. S. : Au lieu de consolations, donnez-moi beau coup de grâces et beaucoup d'amour. De plus, j'entrevois, dans cette acceptation le moyen d'arriver à cette pureté pour laquelle le divin Maître me donne tant d'attraits et qui fait que je regarde mes ténèbres à peu près de même oeil que les âmes du Purgatoire envisagent les flammes qui les brûlent, c'est-à-dire comme l'unique moyen d'atteindre le but."

Elle fit, avec la Permission de ses supérieurs, un don total d'elle-même en qualité d esclave, pour se livrer de nouveau à tous les droits de Dieu sur elle, et l'honorer par son entier anéantissement. C'est ainsi que les jours et les mois s'écoulaient pour notre chère fille : son âme était broyée, au dehors la règle était sa vie et, malgré la faiblesse de son tempérament, elle l'observait en tout sans s'arrêter jamais. Elle était exacte, régulière et fidèle, bonne et charitable pour ses Soeurs, vaillante au travail où son adresse extra­ordinaire la rendait une grande ressource pour notre Communauté.

En 1888, nos chères Soeurs de Tulle, très éprouvées par la perte douloureuse de leur Mère Prieure, et la maladie de plusieurs d'entre elles, nous demandèrent un sujet Trop heureuse de pouvoir rendre un service à cette bien-aimée Communauté, avec laquelle nous ne faisons qu un coeur et qu'une âme, nous leur offrîmes notre chère Soeur Anne de Jésus Elles l'élurent Sous-Prieure. Ce fut un grand sacrifice pour elle de quitter son berceau religieux ; mais, comme toujours, la Volonté de Dieu lui fit tout vouloir, tout accepter Elle nous quitta le 26 juillet, fête de sa sainte patronne, et reçut le plus aimable accueil dans cette nouvelle famille où elle venait se dépenser de tout son coeur.

Peu de temps après son arrivée, la Révérende Mère Prieure la jugea digne de diriger le noviciat et lui en confia le soin. Permettez-nous, ma Révérende Mère, de citer ici quelques passages des excellentes lettres que nous recevons de nos chères Mères et Soeurs de Tulle ; elles vous diront, mieux que nous ne saurions le faire, les regrets et la bonne édification que notre chère fille a laissés dans ce fervent monastère.

Dans la belle et touchante lettre que notre chère Soeur écrivit à notre petite Communauté, dont elle venait d'être élue Sous-Prieure, elle disait : J'espère que vous ne m'entendrez jamais exprimer un regret au sujet de ce que je vais quitter. Elle réalisa pleinement sa promesse. Malgré son profond et tendre attachement pour son berceau religieux, elle sembla en quelque sorte l'oublier pour s'identifier entièrement à sa nouvelle Communauté. On peut dire qu'elle lui fit un don complet d'elle-même et qu'elle se dévoua jusqu'à la fin pour ses intérêts, comme elle l'eût fait pour son bien- aimé monastère de Limoges. On la vit pleine de déférence et de respect pour l'autorité, toujours douce et bonne à l'égard de ses soeurs, empressée à rendre service. L'amour pour nos saintes Observances se fit remarquer en elle et elle se montra toujours d'une grande régularité. Cette exacte fidélité à suivre la règle était le fruit de son courage et de son austère mortification ; vous savez, ma bonne Mère, ce qu'était sa délicate santé ; bien souvent on voyait que l'énergie seule la soutenait et, néanmoins, elle se refusait toujours même aux petits soulagements qu'il est d'usage de prendre. En maladie, toujours calme, même dans les moments des plus grandes souffrances, ne se plaignant de rien, ne demandant rien, sa patience était admirable.

Ses novices la trouvaient toujours bonne, patiente, zélée pour leur plus grande sanctification. Toutes aussi conservent précieusement le souvenir de ses saints enseignements et de sa bonté ; cette bonté était grande ! Dans les moments d'épreuves, son bon regard, plein de douce et affectueuse compassion, était à lui seul un baume pour un coeur affligé.

Pour résumer en quelques mots son séjour au milieu de nous, nous pouvons dire en vérité que nous lui avons vu pratiquer constamment, et dans un degré peu ordinaire, toutes les vertus religieuses. Son souvenir nous est toujours présent et nous la sentons près de nous, veillant sur nous, sur ce petit Carmel auquel elle s'était tant attachée, tant dévouée. Pauvre chère Soeur, nous ne l'oublierons jamais !

Après sept ans passés dans ce béni Carmel, sa mission étant finie, nous la rappelâmes. Ce second sacrifice fut pour elle aussi grand que le premier; il fut cependant adouci par son amour habituel de la volonté du Père céleste et par la joie de revoir sa Mère et ses Soeurs. Elle fut accueillie parmi nous avec les plus vifs témoignages de religieuse affection, et nous pûmes constater avec bonheur les progrès de son âme toujours vaillante sur la Croix. Il nous semblait que la séparation nous l'avait rendue encore plus chère. Sa santé, éprouvée pendant quelque temps, se remit assez pour lui permettre de reprendre la règle; et c'était une joie de lui voir suivre assidûment nos saints exercices.

En octobre dernier, elle se sentit prise d'une fatigue qui ne lui était pas ordinaire. Notre bon docteur soupçonna l'existence d'une maladie intérieure qui pouvait la mettre dans un état complet d'infirmité et la forcerait à s'immobiliser. Cette perspective, venant s'ajouter à ses souffrances morales, était pour notre chère fille un terrible coup; mais, comme toujours, la grâce l'emporta sur la nature et le sacrifice fut accepté aussi parfaitement que possible.

Ma Mère, nous dit-elle, au matin de ce jour où lui fut faite la révélation de cette nouvelle croix, en priant, après la sainte communion, pour notre chère Soeur qui va faire sa cinquantaine, j'ai dit à Notre Seigneur que pour moi mes noces d'or étaient dans sa volonté, et je les ai célébrées intérieurement dans l'anéantissement, dans l'abjection la plus complète. J'ai tout donné à Jésus, tout accepté.

Nous l'avions mise à l'infirmerie afin de prévenir par le repos le mal redouté. L'estomac commençait à refuser la nourriture et la faiblesse se faisait sentir; mais nous n'avions pas d'inquiétude, nous rapportant au dire du bon docteur. Elle renouvela le 21 novembre ses saints voeux, à la suite d'une excellente retraite prêchée par notre si dévoué aumônier; elle avait pu la suivre avec une grande fidélité malgré son état de souffrance. Le 24, fête de notre Père saint Jean de la Croix, elle descendit au choeur pour faire la sainte communion. Ce devait être la dernière ; mais elle était, ainsi que nous, bien loin de s'en douter.

Dans la soirée, le médecin revint et lui ordonna, comme précaution, de garder le lit pendant quelques jours; cependant, il était rassuré sur son état. Mais, le jeudi et le vendredi, de graves symptômes se déclarèrent, et notre chère malade désira se confesser. Notre bon aumônier entra, reçut la confession qu'elle fit avec toute sa présence d'esprit et sa ferveur habituelle. Le médecin revint le soir même et prescrivit un nouveau remède, nous assurant cependant qu'il n'y avait pas encore de danger ; cependant, la nuit lut mauvaise : la fièvre, venant s'ajouter au mal, occasionna un peu de délire, ce qui commença à nous alarmer ; aussi, le lendemain matin, nous fîmes appeler en même temps l'aumônier et le médecin, craignant que cette chère fille ne fût privée de la grâce des derniers sacrements. Cette fois, le docteur déclara qu'on pouvait l'administrer. Elle reçut aussitôt l'Extrême-Onction ; mais, à son grand regret et au nôtre, elle fut privée du saint Viatique à cause de ses fréquents vomissements. Après la cérémonie, elle baisait ses mains qui avaient reçu les saintes onctions et prononçait de ferventes oraisons jaculatoires : Tout ce que vous voulez, mon Dieu, comme vous le voulez, tant que vous le voudrez! Que votre volonté soit faite sur la terre comme au ciel! Ainsi soit-il! Mon Dieu, éclairez mon esprit, embrasez mon coeur, sanctifiez mon âme, purifiez mon corps! Elle parlait difficilement, car le mal faisait de rapides progrès, mais elle comprenait tout ce qu'on lui disait; et, quand M. l'Aumônier, après lui avoir fait produire des actes d'abandon entre les mains de Dieu, ajouta : "Vous voudriez bien, n'est-ce pas, qu'il vous appelât au ciel ?" Elle eut un de ces sourires qui ne s'oublient pas, un sourire qui semblait s'adresser déjà à la possession entrevue de la béatitude céleste.

Notre saint Évêque, qui veut bien dans sa grande bonté être aussi notre supérieur immédiat, était absent, Rentré le vendredi soir à l'Evêché, ce vénéré Père accourut le samedi au chevet de. sa chère fille. Sa Grandeur lui adressa une exhortation toute paternelle et s'assura des dispositions de parfait abandon de la mourante qui le reconnut très bien et répondit à tout d'une voix distincte avec toute sa lucidité d'esprit, quoiqu'elle fût absorbée par le mal. Puis notre évêque nous bénit toutes, nous laissant réconfortées et consolées par sa précieuse visite.

La nuit du samedi au dimanche, nous comprîmes que le moment suprême approchait; nous passâmes la nuit auprès d'elle avec plusieurs de nos Soeurs, et les prières ne cessaient pas auprès de ce lit de douleur. Nous fîmes faire à notre chère fille le sacrifice de sa vie pour notre Saint Père le Pape et la sainte Église, pour Monseigneur et le diocèse, pour sa communauté, pour sa chère famille, pour d'autres intentions qui lui étaient particulièrement chères. Elle répétait tout et promettait de n'oublier personne au ciel. La mort était depuis longtemps l'objet de ses désirs; elle l'envisageait avec calme, avec bonheur : c'était la fin du travail et elle allait recevoir la récompense promise au serviteur fidèle.

Nous étions tellement surprises de la rapidité du mal, que nous ne pouvions y croire. Dimanche matin, la voyant à toute extrémité, nous fîmes appeler de nouveau notre bon aumônier. Il vint avant la messe et récita jusqu'au bout les prières de la recommandation de l'âme. Nous étions toutes réunies. Les prières à peine terminées, notre chère Soeur rendit le dernier soupir. M. l'Aumônier récita encore le Subvenite et se retira pour dire aussitôt la sainte messe ; sa présence, en ce moment si douloureux, fut une grande consolation pour nos âmes. C'était le 29, vigile de saint André, cet amant de la Croix, jour bien choisi par le divin Maître pour rappeler à lui celle qui fut aussi éprise des beautés de la Croix. Sa figure, altérée par les dernières souffrances, reprit un air de paix, de douceur qui nous paraissait un sourire. Monseigneur, aussitôt averti, nous adressa ses condoléances en termes si paternels, qu'ils nous touchèrent profondément.

Les funérailles de notre regrettée Soeur Anne de Jésus ont été célébrées lundi au milieu d'une foule sympathique et recueillie. MM. les Grands Vicaires nous ont fait l'honneur d'y assister, ainsi que plusieurs religieux et religieuses de la ville. Son vieux père était là, pleurant sur le cercueil de sa fille bien-aimée ; il l'a suivie jusqu'à sa dernière demeure avec toute sa famille, M. notre Aumônier et nos chères Soeurs tourières.

Maintenant, elle repose dans notre humble petit enclos du cimetière de Louyat, attendant le grand jour de la résurrection. Nous avons la confiance que la vie de notre chère fille, qui s'est toute passée dans la souffrance, reçoit déjà la récompense promise à l'épouse fidèle; mais, comme il faut être si pur pour paraître devant le Dieu trois fois saint, nous vous prions, ma Révérende Mère, de lui faire appliquer au plus tôt les suffrages de notre saint Ordre. Par grâce, une communion de votre sainte communauté,

le Fia Crac, les six Pater de l'Immaculée-Conception et un acte d'adoration à sa sainte volonté de Dieu qu'elle a tant aimée. Elle vous en sera très reconnaissante ainsi que nous que avons la grâce de nous dire avec un très humble respect,

Votre humble Soeur et servante,

Soeur MARIE-BAPTISTE, Rel. Carm. ind.

De notre monastère de la Sainte Mère de Dieu et de notre saint Joseph des carmélites de Limoges, ce 4 décembre 1896.

 

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