Carmel

4 août 1897 – Mangalore

 

Ma Révérende et Très Honorée Mère,

Paix et très humble salut en Notre-Seigneur, qui vient de rappeler à Lui l'âme de notre bien-aimée et regrettée Soeur MARIE-AGNÈS de saint-JEAN-DE-LA-CROIX, Professe du Carmel de Pau et l'une des plus anciennes Religieuses appelées à la fondation de notre Carmel Indien. Elle s'est éteinte le 2 août, à neuf heures moins dix minutes du soir, après une longue et douloureuse maladie. Toutes les consolations de notre Sainte Religion lut ont été prodiguées par Monseigneur notre Vénéré Prélat et par nos Révérends Pères Confes­seurs ordinaire et extraordinaire, tous si dévoués à notre humble Carmel.

Notre bien-aimée Soeur était âgée de 61 ans, dont 37 ans 7 mois de vie religieuse.

Son désir, constamment manifesté, de n'avoir de circulaire que pour réclamer les suffrages de l'Ordre, nous réduit au silence sur cette existence toute dévouée à Dieu.

Vite après sa Profession et jusqu'à la fin de sa vie, ma Soeur Agnès a eu à moissonner dans le champ fertile de la souffrance, ayant toujours été plus ou moins éprouvée par la maladie. Dieu seul a pu compter les luttes et les victoires de sa vie laborieuse ! Quels efforts ne lui a-t-il pas faire pour réaliser le besoin qu'elle éprouvait de se dévouer pour sa Communauté tant aimée !

A la mort de notre regrettée Mère Marie du Sauveur, notre chère

Soeur fut appelée, par élection, à lui succéder dans la charge de Dépositaire, dont elle s'acquitta avec le plus entier dévouement.

Sa dernière maladie a été des plus cruelles; mais sa patience, son abandon à Dieu, son humilité, ont été admirables. Elle appelait de tous ses voeux le moment qui devait l'unir à son Jésus, qu'elle avait uniquement aimé ! Et, nous en avons la confiance, elle s'est endormie dans une aspiration d'amour !

Ce nouveau vide fait monter, plus ardentes, nos supplications vers Celui qu'on n'invoque jamais en vain, alors que tout appui humain semble disparaître...

Veuillez, Ma Révérende Mère, faire rendre au plus tôt, à notre chère soeur Agnès, les suffrages de notre saint Ordre. Par grâce, une Communion de votre fervente communauté, une journée de bonnes oeuvres, l'Indulgence des six. Pater, celles du Chemin de la Croix et quelques Invocations aux Coeurs sacrés de Jésus et de Marie, à notre Père Saint Joseph et à ses Saints Patrons. Elle vous en sera très reconnaissante, ainsi que nous qui avons la grâce de nous dire,

Ma Révérende et Très Honorée Mère,

Votre humble soeur et servante,

Soeur MARIE DE L'ENFANT JÉSUS,

r. c. i. »

De notre Monastère du Coeur de Jésus Réparateur, sous la protec­tion de Notre Père Saint Joseph, de Notre Mère Sainte Thérèse et de Sainte Anne, des Carmélites de Mangalore (Indes Orientales), ce 4 août 1897.

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