Carmel

30 decembre 1890 – Auch

 

Ma Révérende et Très Honorée Mère,

Paix et très humble salut en Notre-Seigneur Jésus-Christ.

La petite annonce, que vous avez dû recevoir les derniers jours de juin, vous a déjà dit que le Divin Maître nous a demandé le sacrifice douloureux de la séparation, en enlevant à notre affection notre vénérée Mère Saint-Louis de Gonzague, professe de notre Communauté; elle était âgée de 64 ans et 10 mois, et avait de religion 43 ans.

La Mère Saint-Louis était née dans notre ville. Ses respectables parents étaient de vrais patriarches, qui élevaient leurs enfants dans l'amour du devoir et des saintes pratiques de la religion. Quatre soeurs et un frère, hélas! trop tôt enlevé à leur affection, faisaient là joie du père et de la mère. La vie exemplaire de cette famille aimée et estimée de tous attira les regards du Divin Maître. Il marqua de son sceau trois des jeunes filles : Françoise, celle que nous pleurons, était la plus jeune. Elle vit sa soeur aînée se donner à Dieu dans l'une des pieuses Congrégations de notre ville. Plus tard, sa soeur cadette quitta aussi le monde pour se consacrer aux oeuvres de charité, dans l'Ordre de Nevers. Françoise nourrissait aussi dans son âme le désir de se donner entièrement au Seigneur dans la vie religieuse; mais elle voulut attendre que ses parents fussent remis du départ de leurs deux filles. Une épreuve plus cruelle encore que l'attente lui était réservée. Sou père, chrétien des anciens temps, fut en quelques jours ravi à la si juste affection de sa famille. La pieuse jeune fille comprit qu'elle ne pouvait accabler sa pauvre mère, déjà sous le poids d'une si cruelle douleur. Toujours généreuse et soumise, elle fit à Dieu le sacrifice de deux années passées encore dans le monde pour la consolation de sa vertueuse mère. Ce temps écoulé, elle fit des démarches auprès du véné­rable M. Chevallier, alors Supérieur de notre Monastère. Ce saint prêtre, au regard pénétrant, comprit bien vite que l'âme de cette jeune fille était déjà toute à Dieu, et, sans chercher à éprouver sa vocation, il lui dit de venir au Carmel voir la Mère Saint-Jean de la Croix, dont nous gardons toujours la sainte et douce mémoire. Cette digne Mère, si largement éclairée des lumières du Saint-Esprit, admit, à la première vue, la chère enfant qui lui demandait l'entrée de l'Arche sainte. Qui pourrait dépeindre la profonde émotion, le bonheur indicible de cette âme si peu faite pour le monde, si bien préparée par Notre-Seigneur Lui-même pour devenir son épouse bien-aimée. En quittant la bonne Mère Saint-Jean de la Croix, sa joie était si grande qu'elle ne pouvait la contenir. Elle revint dans sa famille, radieuse de bonheur. Sans doute, il n'en fut pas de même pour sa pauvre mère, celle de ses chères soeurs qui est restée dans le monde et un frère bien-aimé, encore très jeune. Le sacri­fice était grand pour cette chère famille : Françoise était une jeune fille sincè­rement pieuse, mais de cette piété éclairée qui sait sacrifier au devoir sa satis­faction personnelle. Toujours patiente, douce et soumise, elle était l'édification de tous ceux qui l'entouraient.

D'une nature active et laborieuse, elle ne se permettait d'autres plaisirs que celui d'aller à l'église, et, les jours de fête, elle allait se récréer auprès de sa soeur aînée, religieuse au Couvent de l'Annonciation. La digne Supérieure de cette Communauté disait, la voyant venir : « Voilà la sagesse qui arrive ». Dans sa famille, elle était un lien de paix, ne contrariant jamais personne et se soumettant gracieusement à tout ce qu'on désirait d'elle. Ces quelques détails vous feront facilement comprendre, ma Révérende Mère, combien fut sentie dans la famille la perte d'une jeune fille si accomplie.

Cependant l'esprit profondément chrétien qui animait l'âme de sa vertueuse mère fit triompher la grâce sur la tendresse maternelle, et sa chère enfant fut libre d'entrer dans notre petit Carmel. Quel trésor de vertus cachées en notre chère postulante ! On lui donna le nom de soeur Saint-Louis de Gonzague, en souvenir d'une sainte enfant, morte depuis peu dans notre monastère, n'étant encore que novice blanche. Nul autre nom ne pouvait mieux lui convenir; comme en cet aimable Saint, tout respirait en elle la candeur et la simplicité. Il n'y eut pour cette âme fidèle rien de ces luttes et de ces combats qui rendent si pénibles, pour certaines natures, le temps du postulat.

Dès les premiers jours de son entrée au noviciat, ma soeur Saint-Louis de Gonzague laissa deviner à nos anciennes et vénérées Mères que leur chère postulante serait une Carmélite selon le coeur de notre séraphique Mère sainte Thérèse et une ressource pour la Communauté. Deux de nos chères soeurs, parties de notre Monastère pour le cher Carmel de Montpellier, qui étaient ses compagnes de noviciat, parlent encore aujourd'hui avec émotion de la conduite édifiante de la chère Mère que nous avons perdue.

 

Je voudrais, ma Révérende Mère, savoir vous dépeindre l'âme et le coeur de la Mère qui emporte nos si justes regrets, mais je sens que je resterai bien au- dessous de cette tâche. Il est difficile de faire voir au grand jour une âme qui a constamment fait ses délices de la vie cachée. Son coeur, on le sentait, était un foyer d'amour, mais elle n'en laissait échapper que quelques étincelles, qui laissaient deviner ce qu'elle s'efforçait de cacher aux regards des créatures, voulant tout réserver pour son divin Epoux. Néanmoins, nous en avons assez vu pour pouvoir dire, en toute vérité, que nous avons perdu en cette vénérée Mère un modèle achevé de la parfaite Carmélite.

Dès son noviciat, la chère Mère Saint-Louis se montra désoccupée d'elle-même et absolument attachée au devoir. A la récréation, elle était gracieuse avec ses compagnes; mais toujours humble et modeste, elle parlait peu et aimait à se considérer comme étant la plus petite de toutes. Était-elle reprise, elle se prosternait humblement, et, se relevant, son visage conservait la même sérénité et cette aimable candeur qui la faisait tant aimer. Son égalité d'humeur était admirable; aussi notre digne et vénérée Mère Saint-Jean de la Croix disait, venant de l'humilier : « Voyez, si vous pouvez apercevoir le moindre changement sur le visage de ma soeur Saint-Louis. »

Toutes ces aimables et précieuses qualités lui attirèrent la confiance de nos Mères, qui ne furent jamais déçues dans leur espérance. La Mère Saint-Louis fut toujours leur appui, et son dévouement fut sans bornes. Elle leur consacra ses jours et bien souvent ses nuits, sachant trouver Dieu partout, quand le devoir l'y appelait. Elle faisait agréablement le sacrifice de ses goûts pour se donner tout entière, et nous pouvons bien dire que le renoncement et l'abné­gation d'elle-même ont été sa nourriture quotidienne. Elle avait été successi­vement employée à tous les offices de la Communauté, aussi pouvions-nous avoir recours à sa charité et à ses conseils pour tout: rien ne lui était étranger.

Peu après le départ de notre vénérée Mère Saint-Augustin et de nos Soeurs pour le cher Carmel de Montpellier, cette bien-aimée Mère fut élue sous-prieure et, presque aussitôt, maîtresse des novices. Avec ces deux importantes charges, elle remplissait aussi l'office d'infirmière. C'étaient trois abondantes sources de dévouement pour son Ame, qui, du reste, en était avide. Aucune occasion de le dépenser ne lui échappait et les choses basses et cachées avaient sur toutes sa préférence. Cet attrait ne lui faisait cependant pas négliger les devoirs de ses charges, elle s'y dépensait sans mesure, avec autant d'humilité que de dévouement. Nous pouvons toutes attester cette vérité, car, à l'exception de trois ou quatre de nos vénérées anciennes, nous avons toutes été formées à la vie religieuse par la bien-aimée Mère Saint-Louis.

 

Il serait bien long, ma Révérende Mère, de vous dire en détails tous les actes d'amour vraiment maternel qu'elle a prodigués à chacune de nous; elle était née pour être mère. Son regard, ses paroles, ses actes, tout révélait son coeur et son amour pour les âmes. Cet amour ne demeurait pas incomplet devant les besoins du corps, car ici encore nous trouvions en elle toute la charité attentive et délicate que notre séraphique Mère sainte Thérèse demande pour ses filles. Tant de qualités nous faisaient désirer de l'avoir à la tête de la Communauté; aussi, aux élections de 1881, la Mère Saint-Louis fut élue prieure à la grande joie de toutes ses filles. C'est alors surtout que nous avons pu davantage apprécier son coeur et les vertus religieuses dont la pratique remplissait sa vie; les principales qui la caractérisaient étaient l'humilité, la bonté, la douceur, la patience. Ces quatre précieuses perles de sainteté, nous les trouvions toujours en elle.

Cette Mère si aimée nous faisait marcher dans la pratique et les devoirs de notre sainte vocation avec une paix et une douceur que nous ne pourrons jamais oublier. A la voir, on pouvait croire que se donner et faire entière abnégation d'elle-même ne lui coûtait aucune peine. Une seule chose aurait troublé sa paix : voir le visage de quelqu'une de ses filles sombre ou inquiet. Elle nous disait qu'elle était heureuse et qu'elle dormait tranquille, quand elle nous laissait toutes contentes en nous bénissant au moment de prendre le repos de la nuit. Son esprit de pénitence et de mortification se nourrissait de toutes les occasions qui se présentaient pour la faire se renoncer ou souffrir, mais toujours avec tant de calme et d'un air si naturel qu'il fallait être dans son intimité et avoir l'oeil bien attentif pour le comprendre.

Les six années de charge passèrent trop vite au gré de nos coeurs et nous en vîmes venir la fin avec regret. Cependant, en quittant sa charge de prieure, elle ne perdit rien de notre confiance, de notre vénération et de notre amour; elle restait notre Mère et par son coeur et par les nôtres qui lui restaient profondément attachés. Mais ici encore, ma Révérende Mère, nous attendait une douleur, qui nous a été à toutes bien amère. A la fin de la charge de la vénérée Mère Saint-Louis, et pendant le carême, la grippe vint assaillir la Communauté. Nous l'eûmes, toutes, plus ou moins forte, et notre bonne Mère en fut atteinte à son tour. Forcée de s'aliter quelques jours, elle reprit trop vite la vie ordinaire, et à la suite d'une imprudence survint une bronchite qui nous donna des inquiétudes. Cependant sa santé se remit assez pour nous laisser espérer un complet rétablissement.

Notre espoir fut bientôt déçu : une seconde bronchite se déclara, qui, cette fois, la réduisit à une extrême faiblesse. Cette chère Mère passa ainsi bien des jours pendant lesquels la crainte de la perdre nous affligeait profondément. Mais le Divin Maître la réservait encore pour la souffrance et pour nous montrer par elle comment nous devons accepter et porter la Croix. Quand la bien-aimée Mère Saint-Louis put de nouveau quitter son lit, elle se trouva très gênée pour marcher et son embonpoint assez considérable allait se déve­loppant tous les jours. Elle fut réduite à ne pas sortir de l'infirmerie, ne pouvant guère qu'en parcourir l'espace. Ainsi se sont passées trois années de crucifiement pour son âme, pour son coeur et pour les nôtres, qui sentaient très vivement la privation de sa présence aux actes de Communauté. Elle aimait tant la récitation du saint Office ! Elle était si heureuse de se retrouver tous les jours au milieu de nous toutes, à nos heures de récréation! Et quel n'était pas aussi son sacrifice de ne pouvoir se dévouer aux travaux communs où elle avait toujours pris une si large part? Cependant, si ces immolations quotidiennes attristaient son coeur, elles n'altéraient pas la sérénité de son visage, qui laissait deviner les dispositions de son âme. Cette si dévouée Mère a constamment trouvé la force de se dévouer à nos chères novices, qui pour­raient dire, mieux que tout autre, son oubli d'elle-même. Pour les écouter et les instruire elle oubliait tous les soins que réclamait son état, et sans la vigilance de ses charitables infirmières elle s'y serait complètement sacrifiée. Toujours gracieuse et souriante dans son pauvre fauteuil, elle attirait invinciblement vers elle et on ne la quittait jamais qu'à regret. En entrant dans son infirmerie on sentait comme l'atmosphère d'un sanctuaire, et en vérité elle l'avait transformée en un lieu béni. Les tableaux religieux suspendus aux murs de son infirmerie servaient d'aliment à sa piété. Elle s'adressait à l'un comme à son Jésus de l'amour, à l'autre comme à son Jésus du refuge, à un troisième comme à son Jésus du pardon. Son regard et son coeur les visitaient souvent et parfois, quand ses forces le lui permettaient, elle faisait de petits pèlerinages autour de son infirmerie, et avec une naïveté d'enfant elle demandait l'aumône, tendant la main à chaque tableau où se trouvait l'image de Notre-Seigneur ou de la Très Sainte Vierge.

Nous avons vu accomplir à cette bien-aimée Mère bien des actes et bien des sacrifices. Cependant Dieu seul a pu en mesurer l'étendue et le nombre, parce que son coeur, si plein d'amour et de dévouement pour sa chère Communauté, était constamment broyé sous la pression de l'impuissance. Quand son état le lui permettait nous nous donnions la consolation de passer toutes ensembles la récréation auprès d'elle, et habituellement ses chères novices lui tenaient compagnie pendant cette heure de délassement.

Ainsi se sont écoulées trois années, emportant avec elles l'espérance de revoir cette chère Mère reprendre la vie de Communauté ; mais du moins il nous semblait que nous pouvions encore l'avoir ainsi. Toutes nous l'entourions d'une profonde vénération et tandis que nous la regardions comme une vivante relique, elle, dans sa profonde humilité, ne voyait que sa misère et son impuis­sance, n'étant, disait-elle, bonne à rien et seulement une charge. Oh ! la pré­cieuse charge! et combien longtemps nous aurions voulu la porter! Telles n'étaient pas les vues du Divin Maître. C'est au moment où il nous semblait trouver du mieux dans son état que l'heure de la séparation allait sonner. Ici, ma Révérende Mère, le sacrifice devient doublement douloureux pour nous. Alitée la première, je ne pouvais plus me rendre près de la chère Mère Saint- Louis, mais comme nos infirmeries communiquaient, cette si bonne Mère nous faisait bien des visites, s'oubliant peut-être trop elle-même. Le jeudi matin, elle vint me dire adieu, bien fatiguée ; le soir, ses forces ne lui permirent pas de franchir les quelques pas qui nous séparaient et nous ne devions plus nous revoir qu'au Ciel ! . . . . Nos deux âmes n'en faisaient qu'une, fondues qu'elles étaient l'une dans l'autre. Dieu seul, qui les avaient liées, sait quel a été le sacrifice de part et d'autre. La chère Mère Saint-Louis l'a porté sans faiblir jusqu'à la fin. Ses quatre derniers jours de souffrance ont été comme le couronnement de sa vie religieuse, toujours si édifiante. C'était elle qui encou­rageait les soeurs qui la visitaient, surtout ses chères novices qu'elle voulait grandes dans le sacrifice. L'ardeur de la fièvre donnait à sa voix un ton de douce autorité qui impressionnait profondément la Communauté. Cette bien- aimée Mère a conservé toute sa lucidité d'esprit jusqu'à la fin. Rien ne lui échappait, surtout ce qui touchait la charité ! Pendant ces quatre jours de douloureuse agonie pour nos coeurs, sa bouche ne s'est ouverte que pour affermir ses novices dans le chemin de la perfection religieuse. Elle leur répé­tait le bonheur que nous avons de vivre et de mourir au Carmel, et, les voyant si affligées, elle leur disait : « Courage, mes enfants, soyez généreuses dans le sacrifice ; si le bon Dieu veut que nous nous séparions, que sa sainte volonté soit faite. Nous nous retrouverons au Ciel pour ne plus nous quitter. Aimez bien notre Mère et toutes les prieures que vous aurez. Ne leur faites jamais de peine, soyez toujours bien obéissantes... Faites-vous toujours bien petites et soyez fidèles à tous vos devoirs. »

Dès le début de la grosse fièvre qui nous a enlevé cette bien-aimée Mère, notre dévoué et excellent docteur M. Serres, employa tous les moyens pour conserver cette existence qui nous était si chère. Cette perte n'a pas été moins douloureuse pour son coeur, si sympathique à toutes les souffrances, car la vénérée Mère Saint-Louis lui était unie par les liens de la parenté et plus encore par la plus sincère affection.

Nous vous prions, ma Révérende Mère, de nous aider auprès du bon Dieu à payer notre dette de reconnaissance envers ce bon docteur, toujours si empressé à nous prodiguer ses soins. Nous pouvons dire qu'il est pour notre Communauté plutôt un père qu'un ami.

 

Je reviens à notre chère malade. L'intensité de la fièvre ne laissait plus l'espoir de la conserver; il fallut songer aux derniers Sacrements. La Commu­nauté était navrée, mais la chère Mère a été d'une résignation parfaite à la sainte volonté de Dieu. Notre vénéré Père Supérieur vint la confesser, et lui donner le saint Viatique et l'Extrême-Onction, qu'elle reçut avec sa pleine connaissance. Sa piété édifia profondément la Communauté. Après la triste cérémonie, les Soeurs allaient la visiter; elle les recevait avec son aimable sourire et de son coeur de Mère les encourageait au sacrifice. « Oh ! quelle grâce, disait-elle, de mourir au Carmel!... de mourir fille de l'Église!... Oh! quelle grâce!... Bientôt, j'irai posséder Dieu pour toujours, pour toujours ! »

Ainsi se passèrent, ma Révérende Mère, les dernières heures ici-bas de notre vénérée Mère Saint-Louis. Plusieurs fois notre vénéré Père Supérieur vint la bénir et, quelques heures avant sa mort, il fit lui-même les prières de la recommandation de l'âme. Notre chère mourante fut aussi visitée par nos dévoués Pères confesseurs. Aussi, ma Révérende Mère, avons-nous eu la consolation de voir cette bonne et si aimée Mère avoir tous les secours spirituels que nous puissions souhaiter. C'est un dédommagement à l'immense douleur que nous cause sa perte. C'était le Dimanche qu'elle recevait les derniers Sacrements, et ce fut le mercredi, à une heure du matin, qu'elle rendit sa belle âme à Dieu, tenant son Crucifix d'une main et le cierge béni de l'autre. Son visage était radieux et son dernier souffle a été un sourire.

La Communauté s'était rendue à l'infirmerie en sortant de matines, et toutes nos chères Soeurs ont été témoins de cette mort si calme, si douce. Cette expression de douceur, et nous pourrions dire de bonheur, est restée sur son visage. Pendant sa vie, cette chère Mère craignait beaucoup le jugement de Dieu, et cette crainte lui a été souvent une lourde croix. Mais durant les jours de sa maladie, et jusqu'à son dernier soupir, son âme est restée dans une grande paix et les terreurs de la mort ne l'ont pas atteinte. Sa perte laisse autour de nous un immense vide et sa fin nous fait envier de l'avoir semblable à la sienne.

Nous vous prions, ma Révérende Mère, de nous aider par vos ferventes prières, à témoigner notre vive reconnaissance au pieux et dévoué Clergé de notre ville qui, en cette douloureuse circonstance, nous a été si sympathique. Cette reconnaissance, nous la devons en particulier aux Messieurs du Petit et du Grand Séminaire, qui ne cessent de nous donner des preuves de leur dévouement pour notre Carmel.

Nous avons la douce confiance, ma Révérende Mère, que notre bien-aimée Mère Saint-Louis jouit déjà de la récompense promise aux âmes fidèles, car elle le fut toute sa vie. Néanmoins, comme il faut être si pur pour jouir de la possession de Dieu, nous vous prions d'ajouter aux suffrages déjà demandés ce que votre charité vous inspirera. Cette chère Mère vous en sera très reconnaissante, ainsi que nous, qui avons la grâce de nous dire,

Ma très Révérende Mère,

Au pied de la crèche du Saint Enfant Jésus,

 

Votre humble soeur et servante,

Soeur BÉATRIX DE JÉSUS,

R. C. Ind.

De notre Monastère de la sainte Trinité, de X.-D. des Victoires et de Saint-Joseph des carmélites d'Auch, le 30 décembre 1890.

 

P. S. Un de nos chers Carmels demande les suffrages de l'Œuvre pour l'un de leurs fondateurs qui vient de mourir.

Nos Mères de Reims prient nos chers Carmels de vouloir bien désormais adresser directe­ment leurs circulaires au Carmel de Montréal, sous cette adresse : Hochelaga Montréal, Via Derry BAS-CANADA.

 

Auch – imprimeurs de l'Archevêché, rue de la Rampe.

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