Carmel

28 juin 1897 – Rennes

 

Ma Révérende et très honorée Mère,

Paix et très humble salut en Notre-Seigneur qui a affligé nos coeurs en rappelant à Lui pour la faire entrer, nous en avons l'espérance, dans la joie du ciel, notre chère Soeur Justine-Françoise- Marie de 1'Immaculée-Conception, professe de notre Monastère, pour laquelle les suffrages de notre saint Ordre nous ont été immédiatement demandés. Elle était dans sa 61° année, et avait 41 ans de religion.          

Nous voudrions aujourd'hui, ma Révérende Mère, en nous rappelant la vie de notre chère Soeur vous faire avec nous remercier le bon Dieu de toutes les grâces dont Il l'a comblée, et dont elle était si reconnaissante.

Notre chère Soeur naquit à Sens d'une famille très honorable de cette ville. Bien jeune encore elle perdit son père, et toute la tendresse de sa mère, qui devait elle-même lui être si vite enlevée' se reporta sur ses deux chères petites filles, spécialement sur sa petite Justine, si maladive qu'elle semblait ne pas devoir rester longtemps sur la terre. De combien de soins l'entoura la sollicitude maternelle ! La pauvre mère, presque toujours mourante, se demandait si elle n'aurait pas à offrir à Dieu son petit ange ; aussi, lorsque l'enfant disait qu'elle se ferait Carmélite, elle murmurait « Ma pauvre petite, tu seras Carmélite au ciel avec moi. » Notre chère Soeur n'avait que huit ans à la mort de sa bonne mère qui, avant de quitter ses chères enfants, leur avait donné une Mère au ciel en les consacrant à la Très Sainte Vierge. Avec quelle maternelle bonté Marie a reçu les deux chères âmes que lui confiait la jeune mère mourante, en leur réservant à toutes deux la grâce d'être consacrées à son divin Fils, l'une dans la Congrégation de la Providence, dont elle fait encore t édification par ses vertus, et notre chère Soeur dans son Ordre béni du Carmel.

La petite Justine passa alors quelques années à la campagne près de ses grands parents, oui 1 entouraient des plus tendres soins. Elle était, nous disait-elle, le mouvement perpétuel, et voulait entraîner dans ses jeux sa soeur qu'elle trouvait trop tranquille. Cependant, même alors, la pensée d'être Carmélite restait bien gravée dans son coeur. Elle nous racontait qu'ayant vu des maçons faire une construction, elle et plusieurs de ses petites compagnes leur prirent des briques pour construire un monastère, qu elles eurent le chagrin de voir promptement détruit.

A cette époque, l'Ange Gardien de notre chère Soeur eut à la préserver de bien des accidents Un jour, c est un toit sur lequel elle avait imaginé de monter qui commence à s'effondrer sous ses pas Une autre fois, la petite fille est poursuivie par un loup. Dans une autre circonstance, ce sont des saltimbanques qui veulent la saisir, et qu'elle met en fuite par ses cris perçants.

Un autre jour, elle courut encore un véritable danger. Il avait été recommandé aux enfants du catéchisme de bien se tenir en garde contre les livres contraires à la religion. Sur le marché de Sens, la petite Justine vit un colporteur qui en vendait de ce genre. Elle en saisit un et, dans le zèle de sa loi, le déchira en mille pièces, poursuivie par le colporteur furieux, auquel elle échappa grâce a sa course rapide, et tout heureuse de ce qu'elle venait de faire.

Ce fut dans le catéchisme de persévérance de Sens que notre chère Soeur trouva tout un aliment pour sa piété ; elle le suivait assidûment avec sa soeur, et le désir d'une vocation, que la faiblesse de sa santé paraissait rendre impossible, prenait une nouvelle force dans son âme. Du reste, elle avait une telle énergie dans toutes ses souffrances, qu'elle disait que si le bon Dieu la voulait Carmélite, Il la ferait surmonter tous es obstacles, et ce qui eût découragé bien d'autres ne l'étonnait même pas.

Elle nous racontait qu a cette époque cependant sa patience n'était pas à la hauteur de ses fervents désirs, et qu'un jour, sa soeur, craignant pour elle la fatigue, et ayant voulu s'opposer à ce qu'elle allât à la messe pour y communier, elle la mordit et courut ensuite à l'église; « mais vous pensez, ajouta-t-elle, que ce fut pour confesser mon grand péché... » Elle aimait par humilité à redire ce fait, mais elle ne parlait jamais de l'édification que sa soeur et elle donnaient aux jeunes filles de Sens et à leur cher catéchisme de persévérance. L'affection mutuelle des deux soeurs était leur grande consolation parmi toutes les peines qu'elles avaient eu a supporter et cette affection devait prendre une nouvelle force dans la vie religieuse, à laquelle elles furent toutes deux appelées. Cependant, ma Révérende Mère, notre chère Soeur vit enfin venir le moment si désiré de son entrée au Carmel, et se séparant généreusement de sa Soeur, qui elle-même suivait 1'appel de Dieu, elle fut admise au Monastère de Brienne, peu de temps avant que nos bonnes Mères dussent le quitter. Elle partagea avec générosité leurs travaux, et lorsqu eut lieu la translation de Brienne a Rennes, ma Soeur Marie de l'Immaculée-Conception, qui n'était que Novice fit bien généreusement le sacrifice complet de sa bien-aimée soeur et de son beau pays de Sens. Etre Carmélite était son dans grand désir, et, pour le réaliser, elle acceptait tous les renoncements. A Rennes comme à Brienne, elle se dévoua joyeusement au-delà de ses forces. Sa santé paraissant toujours un obstacle à sa Profession, on la vit avaler de gros limaçons, surmontant toute répugnance, pendant plusieurs mois, espérant par ce moyen atteindre au but si ardemment désiré. Enfin le beau jour de la Profession arriva; et ce fut en la fête de sainte Cécile que ma Soeur Marie de l'Immaculée-Conception eut la grâce et le bonheur de prononcer ses saints Voeux

Notre chère Soeur fut employée successivement à divers offices de la Communauté, et y montra toujours un grand dévouement, un parfait oubli d'elle-même et une véritable chanté pour ses Soeurs n'épargnant ni peines ni fatigues, lorsqu'il s'agissait de leur procurer quelque soulagement. Son ardeur au travail ne lui laissait pas perdre un seul instant, et jusqu'après Compiles même lorsque ses yeux si affaiblis eussent nécessité le repos, on la voyait encore s'y livrer, car elle était de ces âmes qui se prodiguent au-delà de leurs forces, et ne veulent se reposer qu au ciel

Elle mettait à tout ce qu'elle faisait un fini, une perfection et une patience qui faisaient contraste avec sa vivacité naturelle Aux fêtes de ses Mères Prieures, elle se surpassait en charmants ouvrages. Que de soins, que de peines ne se donnait-elle pas, les heures du jour ne lui semblant pas assez

Ma Soeur Marie de l'Immaculée-Conception avait une grande dévotion au Sacré-Coeur de Jésus et aimait à unir ses prières de réparation à celles des associés de Montmartre. Avec quel religieux intérêt ne suivait-elle pas les progrès de l'érection du sanctuaire, en mettant pou ainsi dire une prière sur chaque pierre.

Elle s'unissait aussi à l'adoration nocturne, et le récit de ses progrès excitait son saint enthousiasme.

 

Le grand Mystère de l'Eucharistie était le sujet de l'amour et de a reconnaissance de son âme. Nous avons vu notre chère Soeur, pour avoir le bonheur de communier, surmonter jusqu'à la fin de sa vie les souffrances de sa maladie de coeur, et descendre au choeur malgré son oppression si forte. Aussi Notre-Seigneur, qui ne se laisse jamais vaincre en générosité, a voulu lui donner la consolation de le recevoir encore la veille de sa mort, et de trouver dans cette suprême visite les forces pour soutenir le dernier combat et pour aller à Lui sans crainte.

Nous avons trouvé copiés de la main de notre bonne Soeur, des passages de psaumes quelle aimait à redire et à méditer, car elle avait un grand zèle pour l'Office divin et ce fut pour elle un bien grand sacrifice d'être privée en ses dernières années de l'assistance au choeur.        

Consacrée tout enfant par sa mère mourante à la Très Sainte Vierge comment ma Soeur Marie de l'Immaculée-Conception n'eût-elle pas eu une tendre dévotion à notre Berne du ciel ! Aussi l'aimait- elle toute l'ardeur de son coeur, privé si tôt de toute affection ici-bas ; et ce fut pour elle une joie de recevoir son beau Nom. Les Anges seuls ont pu compter tous les Ave qu'elle offrait à sa divine Mère ainsi que ses autres pratiques de dévotion, et Marie protégeait son enfant et la soutenait. Saint Joseph avait aussi une bien grande place dans son coeur et dans sa reconnaissance.

A notre Mère Sainte Thérèse, elle aimait, en vraie Carmélite, à dire sa reconnaissance avec un

coeur tout apostolique. Dieu lui avait fait la grâce d'avoir un oncle, zélé missionnaire dans les Indes. pendant 41 ans, i s'y était dévoué dans toutes les fatigues de l'Apostolat, et avait fondé à Pondichéry la Communauté des Soeurs du Saint Coeur de Marie, qui l'ont pleuré comme un père, et le vénèrent toujours comme un saint. Il a composé un grand nombre Ouvrages en Tamoul pour sa chère Mission, où sa mémoire est toujours vénérée.

Parler de ce cher oncle faisait le bonheur de la petite Justine, qui lui avait voué tout un culte. Plus tard elle eut la grâce de sa direction, et les lettres qu'elle en reçut à Sens, puis ensuite au formel, furent conservées comme des reliques. Elle se servait aussi avec grande conso t on d un chapelet lui ayant appartenu, et croyait devoir bien des secours à l'intercession de ce saint oncle.

Mais son zèle ne se bornait pas à la chère Mission de Pondichéry ; toutes les Missions et tous les Missionnaires avaient part à ses prières, et excitaient son religieux intérêt.

Ma Soeur Marie de l'Immaculée-Conception, dans l'ardeur de son amour pour le bon Dieu, et le désir de le lui prouver par de nouvelles immolations, avait sollicité et obtenu de faire partie de la fondation du Carmel du Pater à Jérusalem. Que de fois ses désirs ne l'avaient-ils pas transportée par avance vers cette Terre Sainte, objet de ses voeux ! Mais Dieu lui donna tout le mérite et toute la douleur du sacrifice de la séparation, sans qu'elle eût la joie de voir réaliser ses aspirations. La maladie l'empêcha de quitter la France : Notre-Seigneur, dans son éternel amour, se réservait d'immoler lui-même cette âme, et la souffrance fut son grand moyen. Dès l'enfance elle avait été le partage de notre chère Soeur qui l'avait toujours accueillie avec une générosité qui ne se démentit jamais, et qui fit à sa dernière heure sa plus douce espérance.

Une maladie de coeur, compliquée d'un asthme, faisait de sa vie un martyre continuel, et lui imposait de grands sacrifices. Dans ses dernières années, sa vue s'affaiblit considérablement, et la cataracte se forma sur ses yeux. Pour notre chère Soeur, si active, une cécité complète eût été de son calice de douleur la goutte la plus amère. Elle l'acceptait cependant bien généreusement, tout en demandant au bon Dieu de l'éloigner si telle était sa sainte volonté. La Très Sainte Vierge, à laquelle elle avait fait bien des neuvaines voulut, dans sa maternelle bonté, lui laisser assez de vue pour se conduire, et même pour pouvoir encore travailler, grâce à son adresse...

Ainsi, dans la solitude, le travail, la souffrance continuelle, s'écoulait la vie de notre chère Soeur, et tout en voyant son affaiblissement et les progrès de sa maladie, nous étions loin de nous attendre à la voir nous quitter si promptement. Elle-même ne se croyait pas si près de l'éternité, car elle avait, nous disait-elle, arrangé son Carême : chaque dimanche elle devait offrir à la Sainte Vierge ses souffrances, puis les mille Ave, pour les pécheurs, les infidèles, et toutes les intentions qui lui étaient recommandées. Depuis qu'elle n'y voyait plus à lire, elle avait cette pieuse dévotion, et les dimanches et les jours de fête elle disait mille fois la Salutation Angélique, plaçant parmi ses intentions celles de ses mères et de ses soeurs, prenant un intérêt charitable à ce qui concernait nos familles.

Ma Soeur Marie de l'Immaculée-Conception avait passé l'hiver sans être plus souffrante, lorsqu'à la fin de février elle se trouva très fatiguée, mais dit que c'était une crise de sa maladie de coeur et continua sa vie de travail avec son énergie habituelle. Cependant l'oppression augmentait ainsi que les douleurs. Le 11 mars, elle eut une peine infinie à se rendre jusqu'à la tribune, où depuis deux jours elle recevait la sainte Communion avec une de nos Soeurs infirme, ne pouvant plus descendre au choeur. Après avoir reçu la sainte Hostie, elle eut une telle crise de suffocation que nos Soeurs présentes en furent tout effrayées. Mais lorsqu'elle fut rentrée à l'infirmerie, elle ne parut pas se croire si mal, et dit aimablement à sa chère compagne : « Pour nous, ma Soeur, il n'y a plus qu'à souffrir pour le bon Dieu. » La nuit ayant été mauvaise, nous fîmes venir le lendemain le bon Docteur qui depuis des années nous donne ses soins avec tant de désintéressement.

Notre chère Soeur voulait lui demander s'il n'était pas temps de faire ses préparatifs pour le grand voyage, de ne pas craindre de le lui dire, car elle en serait très heureuse.

Il la trouva, en effet, gravement atteinte, une affection pulmonaire compliquant sa maladie, et nous dit que puisque c'était son désir, elle pouvait recevoir l'Extrême-Onction, que, cependant, l'on pouvait différer encore. Dès ce moment, ma Soeur Marie de l'Immaculée-Conception ne songea plus qu'à se préparer à partir de ce monde, et à ne perdre aucune des précieuses grâces ni des grands secours que la Sainte Eglise notre Mère réserve à ses enfants pour les purifier. Ce fut pour elle un grand sacrifice d'avoir à quitter sa petite cellule pour l'infirmerie. Tout en se voyant très malade, elle pensait que son état pourrait se prolonger, et disait qu'avec ses pauvres yeux elle y verrait là bien moins pour travailler, et espérait le faire jusqu'à la fin. Cependant elle souffrait de terribles crises d'étouffements, et avec un courage qui ne se démentit pas un seul instant. Elle demanda d'écrire son état à sa bien-aimée soeur, lui donnant rendez-vous au Ciel, et disant que, dès qu'elle y serait rendue, elle demanderait au bon Dieu de les y réunir. Elle reçut l'Extrême-Onction le samedi soir, en ce jour consacré à la Sainte Vierge dont elle était si heureuse d'être l'enfant. Notre chère Soeur était assise sur une pauvre chaise de bois, sans aucun appui, et s'unissait à toutes les prières. Elle nous disait après la cérémonie qu'elle était si heureuse, que maintenant elle était toute prête... qu'elle espérait que le bon Dieu lui avait tout pardonné. Le lendemain, elle reçut le Saint Viatique. Se voyant comblée de grâces, elle ne cessait d'en exprimer toute sa reconnaissance et était heureuse d'avoir à offrir ses souffrances pour la Sainte Eglise, pour les pécheurs, pour les âmes des infidèles, pour le salut desquels elle avait toujours eu tant de zèle. Elle était si reconnaissante de ce que l'on faisait pour elle, et recommandait toujours de ne pas se fatiguer, s'oubliant elle-même. Il fallut même, pour ne pas lui faire de peine, lui laisser croire qu'on allait se reposer, lorsqu'on la veillait, les dernières nuits. Dans l'infirmerie, les prières n'étaient interrompues que par la parole de notre chère mourante, exprimant sa joie d'aller au Ciel, promettant à nos Soeurs d'y porter toutes leurs intentions. Si près de l'éternité, elle n'éprouvait pas l'ombre d'une crainte. Sans doute, le Sacré- Coeur de Jésus qu'elle avait tant aimé, lui accordait cette paix et cette confiance.

Le mercredi 17, vers onze heures et demie, elle eut une si forte crise que l'on crut que ce serait la dernière. Notre Père Aumônier vint lui donner le Saint Viatique, notre vénéré Père Supérieur, qui était venu lui apporter sa bénédiction paternelle, lui ayant accordé cette grâce, et permis de la réitérer pour la fête de notre Père Saint Joseph, si elle surmontait encore cette crise.

Cependant notre chère Soeur parut se remettre un peu, mais les suffocations l'affaiblissaient de plus en plus. Vers 7 heures du soir nous crûmes de nouveau sa dernière heure arrivée, et toute la Communauté se réunit autour d'elle pour réciter les prières de la recommandation de l'âme. Au bout de quelque temps, elle rouvrit les yeux et parut reprendre vie. Elle éprouvait une grande fatigue, n'ayant pu reposer depuis quatre nuits durant lesquelles il fallait sans cesse la lever, l'habiller, puis essayer encore sa paillasse, ou le fauteuil d'infirmerie, ou la pauvre chaise de bois, sur laquelle, disait-elle, elle était encore mieux.

Celte nuit, qui devait être la dernière, fut très calme. Notre-Dame de Lourdes, que nous invoquions pour elle, accorda à notre chère mourante un repos de plusieurs heures, et elle put demeurer couchée, ce qu'elle n'avait pas fait depuis longtemps. C'était le mieux du Ciel.

Au matin, elle parlait à toutes nos Mères et nos Soeurs avec une amabilité que nous essayâmes de modérer, craignant pour elle la fatigue. Mais elle répondit : « Bientôt je ne pourrai plus leur parler; t> puisque je dois mourir, peu importe que ce soit un peu plus tôt ou un peu plus tard. » Elle nous avait dit les jours précédents, et répétait encore : « Je suis bien heureuse de mourir. Le bon Dieu » m'a fait tant de grâces dans ma vie religieuse, que je devrais aller tout de suite au Ciel sans » Purgatoire. J'espère bien le faire maintenant. Mourir asphyxiée c'est bien douloureux, eh bien ! » j'offre cette mort au bon Dieu, et je lui demande de prolonger mes souffrances tout le temps qui » sera nécessaire pour expier mes péchés. J'ai confiance dans la divine Miséricorde. J'ai beaucoup » souffert dès mon enfance, et jamais je n'ai refusé de souffrir. Chaque fois que je péchais, le bon » Dieu m'envoyait une souffrance, et je la recevais en expiation. » Elle disait encore : « Il ne faut » pas pleurer mon bonheur; j'aime beaucoup mes Mères et mes Soeurs, mais nous ne nous quittons » pas, je vais toutes vous attendre en Paradis. Je n'y oublierai aucune intention; » et elle aimait à se les faire redire. Parfois aussi elle murmurait : « Mon Dieu ! votre sainte volonté... »

Vers 9 heures et demie survint une dernière crise, à laquelle succéda un assoupissement. Les traits de notre chère Soeur s'altérant beaucoup, nous réunîmes la Communauté, et tandis que nous priions toutes près d'elle, elle rendit son âme à Dieu doucement, dans la paix qui ne l'avait pas quittée un seul instant. C'était Je 18 mars, jour de saint Gabriel Archange, et à l'heure des premières Vêpres de notre glorieux Père Saint Joseph, dont la puissante intercession a dû aider son enfant en ce moment suprême.

Les souffrances continuelles de notre chère Soeur Marie de l'Immaculée-Conception qu'elle a supportées si énergiquement en esprit de pénitence, les sentiments de paix et de confiance qui ont accompagné sa mort, nous font espérer qu'elle aura été favorablement accueillie par Notre-Seigneur, mais comme il faut être si pure pour être unie à la sainteté infinie de Dieu, nous vous prions, ma Révérende Mère, de vouloir bien ajouter aux suffrages déjà demandés, par grâce une Communion de votre fervente Communauté, une journée de Sonnes oeuvres, les indulgences du Via Crucis, celle des six Pater, et quelques invocations à notre Père Saint Joseph, à notre Mère Sainte Thérèse, à notre Père Saint Jean de la Croix. Notre chère Soeur qui avait tout donné aux âmes du Purgatoire par les mains de la Très Sainte Vierge, vous en sera très reconnaissante, ma Révérende Mère, ainsi que nous, qui avons la grâce de nous dire dans le divin Coeur de Jésus,

Ma Révérende et très Honorée Mère,

Votre bien humble Soeur et servante,

Soeur MARIE-THÉRÈSE DES ANGES.

R. C. Ind.

De notre Monastère de la Sainte Famille des Carmélites de Rennes, le 28 juin 1897.

 

 

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