Carmel

27 avril 1891 – Pontoise

 

Ma Très Révérende Mère,

La grâce du Saint-Esprit soit toujours en l'âme de Votre Révérence.

Au lendemain des solennelles fêtes du Centenaire de notre Bienheureuse Soeur Marie de l'Incarnation, Notre Seigneur nous visite par sa croix en enlevant à notre reli­gieuse affection notre Révérende Mère Gabrielle de Saint-François, professe de notre communauté, âgée de 81 ans et 8 mois, dont 53 ans 1/2 de profession.

 

Les vertus de cette vénérable Mère nous laissent un sou­venir aussi fort que doux : grâce à sa ferveur et à sa bonne constitution, elle a été un modèle achevé d'observance régulière ; elle s'est montrée toujours pour ses Mères Prieures d'une obéissance vraiment filiale. Les âmes qu'elle a formées à la vie religieuse, étant maîtresse des novices, n'oublieront point ses enseignements, rendus suaves par la bonté de son coeur.

Dieu lui demanda, il y a quelques années, le sacrifice de sa chère observance, de la vie de communauté, en la frappant de cécité presque complète. Depuis lors, sa vie n'a été qu'une prière continuelle ; elle pouvait se rendre seule au choeur où elle passait presque toute la journée, recommandant avec une ardeur sans égale toutes les intentions de la Sainte Église, de notre Saint Ordre, de nos bienfaiteurs. Elle se chargeait de toutes les neuvaines qui nous étaient demandées sa prière devait être bien puissante, car presque toujours les grâces sollicitées étaient obtenues.

Une légère attaque de paralysie et une grande faiblesse l'ont retenue vingt jours entre la vie et la mort ; ses sen­timents d'amour de Dieu, de désir du Ciel ont été admi­rables pendant cette dernière maladie. Les souffrances qu'elle a endurées avec une patience qui ne s'est pas démentie, ont été le couronnement de cette belle et sainte vie. Néanmoins, nous vous prions, ma Très Révé­rende Mère, de vouloir bien lui accorder les suffrages de Notre Saint Ordre et tout ce que votre charité vous inspi­rera.

Daignez, ma Très Révérende Mère, agréer l'expression du religieux respect de celle qui se dit.

De Votre Révérence,

 

La très humble soeur et servante

Sr Marie de Gonzague de Sainte Thérèse

C. D. Ind. Prieure.

De notre Monastère de Notre Père Saint-Joseph des Carmélites Déchaussées de Pontoise.

Le 27 Avril 1891.

 

P.-S. — Permettez-nous, ma Très Révérende Mère, de profiter de cette douloureuse circonstance pour exprimer notre vive reconnaissance pour tous les témoignages de religieuse affection qui nous sont venus de nos chers Carmels à l'occasion du Centenaire de Notre Bienheureuse Marie de l'Incarnation, Nous nous sommes fait un devoir bien doux de prier à toutes les intentions qui nous ont été recommandées.

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