Carmel

25 février 1896 – Poitiers

 

 

Ma Révérende et Très Honorée Mère,

Paix et très humble salut en Notre-Seigneur, qui vient d'imposer à nos coeurs un bien douloureux sacrifice en appelant à lui notre chère Soeur Marie Joseph-Emilie-Jane-Marie-Ange-de-Jésus, Professe de notre Monastère, âgée de 29 ans et trois mois, et de religion 7 ans et neuf mois.

Notre chère Soeur naquit à Parthenay (département des Deux Sèvres), d'une famille honorable et profondément chrétienne. Son père ne trouvait pas de plus doux délassement, après les fatigues d'une journée de bureau, que de se voir le soir entouré de ses enfants. Plusieurs de ceux-ci ravirent le ciel dès leur enfance ; des quatre qui restaient, Jane était la seconde. Sa mère, à l'exemple de la femme forte, savait faire marcher de front la tenue de sa maison, les devoirs de la société et l'éducation de ses enfants. Leur respect pour elle égalait leur tendresse ; et quand elle avait parlé, aucun n'aurait osé dire un mot. Divers événements, amenèrent cette pieuse famille à Bressuire, dont elle était ori­ginaire. Dieu le permettait ainsi pour faire rencontrer à Jane, dans le prêtre éminent qui dirige cette paroisse, le guide éclairé et sage, chargé de secon­der Faction de Dieu dans son âme et de la conduire sûrement au port de la vie religieuse.

Nous retrouvons, dans des notes intimes, dues à l'obéissance, l'intéressante histoire de ses premières années : « Après ma prière du matin, Notre-Seigneur m'attirait intérieurement, et je faisais un peu d'oraison sans m'en douter. J'aimais ces courts instants passés auprès du bon Maître : aussi croyant que ma prière ne pouvait se laisser sans péché, je me hâtais de la réciter pour jouir de l'inti­mité de Notre-Seigneur. C'est à cette école que j'ai appris à faire de petites mortifications dont personne ne s'apercevait. Comme j'étais très colère et très volontaire, Notre-Seigneur me reprenait avec tant de douceur que, rien que pour lui faire plaisir, je pris la résolution de me corriger, ce dont personne ne serait venu à bout. Il ne faut pas croire cependant que ma persévérance a été de chaque jour... » C'est à cette époque que nous pouvons placer sa première Communion. Rien de saillant ne marqua pour Jane cet acte important ; mais les dispositions que nous venons de voir en elle, disent assez la préparation qu'elle dut y apporter.

A peu près à cette époque Jane perdit Monsieur son père ; la douleur qu'elle en ressentit lit sur elle une impression profonde qui développa les côtés sérieux de son caractère. Adoucir à sa bien-aimée mère l'amertume d'une semblable séparation fut désormais son étude de tous les instants.

A 15 ans elle fut appelée dans le Bordelais par une de ses tantes auprès de laquelle elle avait à remplir une mission toute d'affection et de dévouement. Le bon Dieu permit que ce séjour fût pour Jane l'occasion de bien des sacrifices ; elle supporta tout en silence, et sut, malgré sa jeunesse, se tirer d'une situation difficile et délicate avec une douceur, une prudence que louent encore les amies qu'elle sut s'y créer et qui se/souviennent de son passage. Comme de celui d'un Ange. Elle fit à Monségur la connaissance d'une jeune fille protes­tante qui pendant quelque temps partagea sa chambre. Celle-ci, frappée de la piété de Jane, la faisait prier tout haut, l'interrogeait sur la religion et gagnée par son affection pieuse et persuasive, elle lui dit un jour : « Que je voudrait être catholique comme vous ! » Ce voeu se réalisa quelques années plus tard.

Ce fut à Monségur que Jane entendit l'appel divin. Les Religieuses de Nevers tenaient un pensionnat dont la chapelle se trouvait en face de la mai­son qu'elle habitait ; la permission lui était donnée de traverser la rue pour aller faire sa visite au St Sacrement. Un soir, ne la voyant pas revenir, on alla la chercher, les heures s'y étaient écoulées pour elle si vite, qu'elle croyait n'être restée qu'un instant» Voici ce qu'elle a noté : « Un soir que j'étais à prier dans une chapelle, j'entendis au fond de mon âme l'appel de Notre-Seigneur. Il me témoignait tant d'amour que je n'essaierai pas de le décrire, d'autant que Ce me serait impossible. Voici en quelques mots ce que je compris : la beauté de la virginité, la dignité d'épouse de Notre-Seigneur et l'obligation de me dévouer tout entière à son service. Notre-Seigneur me dit, entré autres choses, qu'il me choisissait pour consoler son Coeur ; que désormais ma vie ne devait plus être qu'un acte perpétuel d'amour pour Lui. Il se fit le vainqueur de mon âme, et je me sentis tellement sous son empire, que pour rien au monde je n'aurais voulu commettre la plus légère offense.

c A partir de ce jour, les grâces et les lumières que Notre-Seigneur me donna devinrent de plus en : plus nombreuses. Au moment où j'y pensais le moins, je me sentais l'âme envahie par quelque chose de si divin, un si grand désir d'aimer, que même cet ardent désir me causait, une grande souffrance à cause de la violence que je me faisais pour n'en rien laisser paraître. Notre- Seigneur m'invitait à lui dire mes joies et mes peines, de sorte que rien ne me survenait sans que je le Lui dise avec une simplicité d'enfant : par ce moyen, H m'apprit à porter la croix, à supporter sans me plaindre bien des petits ferma les yeux et conserva. pour lui la vénération qu'elle lui avait vouée pen­dant sa vie ! Sa mission remplie, ne se sentant plus indispensable, elle annonça son désir d'entrer au Carmel. La réponse formelle de Madame sa mère fut qu'elle devait attendre sa majorité.

La violence que se fit Jane pour dominer la peine qu'elle en ressentit lui donna la fièvre pendant deux jours. Elle ne dit plus rien, accepta généreusement le sacrifice que lui imposait cette attente et essaya de se dédommager en se rapprochant autant que possible de l'austérité du Carmel. Elle couchait sur sa paillasse, se retirait souvent dans sa chambre, mangeait peu de viande, restait à genoux tout le temps des offices. Il arrivait même par­fois que pendant ses longues heures passées à l'église elle était tellement plongée dans sa méditation que son chapeau tombait sans qu'elle s'en aperçût. Dans les rues elle ne regardait nulle part et passait près des siens sans les voir. Quelques lignes que nous adresse le vénérable curé de Cressuire complètent le tableau de la vie de Jane dans le monde: « Ce que j'avais vu en germe, vous 1'avez admiré en pleine floraison, et votre Carmel a été embaumé de ce par­fum délicat que pressentaient déjà les personnes qui vivaient avec votre regret­tée défunte. Sa piété était éminemment douce, attractive, sa bonne humeur inaltérable, ce qui supposait chez elle un esprit rare d'abnégation, de sacrifice et de dévouement. C'était dans le monde sa note caractéristique, et c'est, je crois, à cause de cela qu'elle a été jugée digne de suivre de plus près Notre-Seigneur Jésus-Christ en embrassant la vie religieuse.

Le jour de ses 21 ans, 29 octobre 1887, Jane renouvela sa demande. Le con­sentement fut donné; mais on obtint qu'à cause du froid elle ne partît qu'après l'hiver. Bien des assauts furent alors livrés à son coeur. Pourquoi choisissait-elle un Ordre inconnu et aussi austère ? Elevée par les Filles de la Sagesse et possédant dans cette fervente Congrégation une tante qui l'affectionnait tendrement et qui veillerait sur elle, que n'allait-elle la rejoindre ? Elle resta ferme et employa les délais accordés à négocier son entrée au Carmel avec la Mère Prieure. Jane s'était révélée dans sa lettre de demande; la simplicité de son ouverture, la générosité que laissait entrevoir son âme possédée du seul désir d'aimer Notre-Seigneur et de faire sa volonté, parlèrent pour elle.  Du reste, le fait seul que cette vocation avait été examinée et encouragée par le digne prêtre dont nous avons parlé était la meilleure recommandation. Interrogé lui-même, il répondit qu'il était heureux de présenter au Carmel cette âme qui joignait à une vocation sérieuse et éprouvée, une rare aptitude pour la vie intérieure et une bonne santé. Jane n'avait jamais été malade. Elle vint donc frapper à la porte de notre Carmel le 5 mai 1888, accompagnée de sa courageuse mère, d'une tante chère à un titre spécial, de ses soeurs et de son jeune frère en larmes. Marie, au commencement de son mois, ouvrait sa maison et ses bras à la généreuse enfant, et saint Ange, dont nous célé­brions la fête, l'assurait de sa protection. Ce grand martyr de notre Ordre ayant déjà béni l'entrée de deux d'entre nous, nous le remerciâmes de ce nouveau don en ajoutant son nom à celui de Marie pour la chère enfant qui devait si justement se nommer Marie-Ange dé Jésus.

Dès le début, notre chère postulante se mit à l'oeuvre de sa perfection avec la ferveur qui a toujours été la note dominante de son âme. Elle ne connais­sait pas le Carmel ; mais elle y trouvait ce qu'elle cherchait. Douce, aimable, en même temps que sérieuse; et très attachée à son devoir, elle embrassa nos saintes observances avec ardeur et joie. L'oraison devint son aliment, le sou­tien de sa vie intérieure. Je secret de ses victoires dans les luttes qu'elle eut à soutenir contre elle-même. La communauté, heureuse de ses dispositions et des preuves, de vertus solides qu'elle donnait déjà, ne lui fit pas attendre la grâce de la Vêture et de la Profession. Elle prit le saint Habit le 11 septembre 1888 et prononça ses voeux le 14 septembre de l'année suivante. En permettant qu'elle fit sa Profession le jour de l'Exaltation de le sainte Croix, Notre-Seigneur ne donnait-il pas à entendre à cette âme ; généreuse qu'il la préparait au sacrifice ?

Déjà l'année de son Noviciat en avait reçu la divine empreinte. Sa plus jeune soeur, charmante et aimable enfant de 19 ans, était enlevée en quelques jours à l'affection des siens, et ce départ rouvrait dans le coeur de sa mère la blessure à peine fermée que lui avait faite son propre départ, doublée et bien vive souffrance, pour coeur sensible de notre enfant.

A cette peine de famille vint se joindre l'épreuve intérieure. Notre-Seigneur sembla la laisser aux prises avec des difficultés de toutes sortes : « Lorsque je fus entrée dans cette sainte maison. écrit-elle, toutes les grâces sensibles dis­parurent. Notre-Seigneur, qui dans son Eucharistie m'avait donné tant de lu­mières, se cacha ; j'allais à la sainte Table en prononçant des actes de foi et d'amour plus des lèvres que du coeur. Au milieu de mes difficultés j'étais ha­bituée à trouver un appui en Jésus ; maintenant je souffrais en silence sans trouver une parole pour m'aider à porter mes croix qui devinrent alors très nombreuses. Mes passions se réveillèrent et me livrèrent de tels assauts que je me trouvais la plus misérable des créatures ; toutes les grâces que Notre-Seigneur m'avait faites s'effacèrent de ma mémoire qui n'en conservait qu'un vague souvenir. Je crus avoir été le jouet d'une illusion ; personne, pensais-je, ne m'avait connue, et à moi-même j'étais méconnaissable. Je touchais du doigt mes misères : ceci du moins n'était pas une illusion. Dans cet état de souffrances, je suppliais Notre-Seigneur de ne point permettre que je l'of­fensasse, la. crainte de lui être infidèle m'était une terrible croix. Ce n'était-il pas un châtiment à cause de mes péchés ? Une seule chose me consolait : main­tenant j'étais dans une. voie sûre ; et si je m'étais égarée pendant quelque temps, j'espérais bien ne plus retomber dans un pareil aveuglement. Je prenais mille moyens de m'avancer dans la vertu, basant tout sur la volonté, que j'appor­terais à bien faire, et espérant par là arriver à la perfection. . . . cet état dura 5 ans.

Au milieu de ces combats, de ces pénibles labeurs, que faisait notre enfant ? Elle s'efforçait de seconder l'oeuvre de Dieu par une fidélité de tous les ins­tants et une énergique surveillance sur elle-même. A part ceux qui avaient les confidences de son âme, nul n'aurait soupçonné la violence qu'elle avait à se faire parfois et les luttes qu'elle avait à soutenir. Toujours exacte à ses exer­cices de piété, assidue à l'oraison, recueillie, silencieuse, on aurait pu croire que Jésus avait avec elle la même familiarité qu'autrefois. Le goût des choses divines, la recherche d'une intimité plus grande avec Notre-Seigneur fut le grand mobile de sa vie, quel que fût d'ailleurs l'état de son âme. Cet attrait, elle ne le dissimulait pas. A la récréation ses saillies ardentes et naïves nous égayaient pieusement. Un jour où l'on s'entretenait des différentes vocations : "Moi, dit-elle en souriant, la vocation que je préférerais serait celle de con­fesseur pour consoler et encourager les âmes." Ce mot révélait son coeur, si désireux de faire le bien et heureux du bonheur que lui-même pouvait donner. En licence elle aimait à ne s'entretenir que des choses de Dieu et volontiers elle faisait part à nos jeunes soeurs des leçons de sa petite expérience : avec da simplicité et l'affection d'une vraie soeur.

Dans ses luttes contre elle-même, le recours à Dieu bien plus que le raison­nement la rendait promptement victorieuse ; quelques minutes devant le Saint- Sacrement suffisaient habituellement pour que Notre-Seigneur eût avec elle le dernier mot, et il était tel que sans la moindre réserve son coeur s'abîmait dans la reconnaissance. A ce coeur avide de tout donner a Dieu il ne fallait pas de demi-mesure : lui montrer un sacrifice, c'était l'obtenir, quoi qu'il dût lui en coûter. Tous ceux qui ont suivi cette âme ont été frappés dé cette double physionomie de force et de douceur qu'elle apporta au travail de sa perfection, se relevant après une défaillance, ne se décourageant jamais et poursuivant sa course, appuyée sur sa seule confiance en Dieu. Tout était sim­ple et droit dans cette âme innocente et énergique. Notre vénéré Père Supérieur, à la première visite qu'il lui fit en 1894, fut vivement impressionné de la lim­pidité de cette âme qui se révélait sans presque s'en douter. Notre chère petite Soeur elle-même se sentit fortement attirée vers ce nouveau Père que Dieu nous donnait, et, sans raisonnement, sans recherche propre, elle lui ouvrit son âme. Comme elle était sobre de paroles quand il s'agissait d'elle, notre Père lui demanda de lui faire par écrit le récit du travail intérieur de la grâce ; elle n'osa pas dire non ; mais, effrayée du retour qu'il lui fallait faire sur elle-même, elle vint soumettre sa crainte à sa Mère Prieure qui lui dit d'obéir simplement. C'est à cette ouverture que nous devons les lignes précieuses que nous avons citées. Vous nous permettez d'y revenir un peu plus tard.

Jusqu'à présent nous n'avons; vu en quelque sorte que la vie intérieure de notre chère soeur Marie-Ange ; ajoutons qu'elle possédait éminemment l'esprit religieux où prennent leur source les vertus qui en sont comme le rayonne­ment extérieur. Les observances régulières, les exercices de communauté, les ouvres communs avaient sa préférence, elle. s'y dépensait avec ardeur et savait, toujours trouve» le temps de les accomplir. A l'Office divin elle se don­nait sans compter; sa voix agréable et pieuse soutenait le choeur ; l'un des sa­crifices qui-lui fut le plus sensible fut de renoncer à la récitation du bré­viaire dès le début de sa maladie. Nous avons dit que l'oraison était suivie malgré des occupations multiples et souvent imprévues, elle s'ingéniait à ne pas la manquer, la sacrifiant cependant, de bonne grâce quand le devoir le demandait Elle aimait beaucoup les récréations : son coeur avait besoin de la dilatation, de 1'esprit de famille qu'on y respire. Quelques jours avant sa mort, sa Mère Prieure, s excusant de la quitter pour s'y rendre ; « Oh !allez, ma Mère.» Vous savez, ajouta-t-elle, que moi aussi j'aimais bien les récréations ! » D'une obéissance d'enfant, il lui fallait connaître la pensée de sa Mère Prieure pour s'en inspirer. A la fin de sa vie, aux prises avec les répugnances et souffrances de la maladie, elle dira encore en face d'une répugnance à surmon­ter, d'un sacrifice à accepter : " Que notre Mère dise ce que je dois faire ; pour moi je ne pense pas, je ne sais pas, ce sera ce qu'elle dira. » Vraie petite pauvre de Jésus, elle se contentait de peu et choisissait de préférence ce qui avait servi ou avait peu de valeur. Son scapulaire ayant besoin d'être remplacé, elle fut heureuse d en prendre un laissé de côté, Une boîte mise au rebut fut convoitée par elle pour ses petits travaux d'aiguilles, et les jolies images qu'elle offrit à la dernière fête de la Mère prieure qui précéda sa maladie avaient été faites, disait- elle en riant, avec un pinceau « qui n'avait que trois poils » : ce qui prouve que sa patience pouvait marcher de pair avec sa pauvreté. Ingénieuse à, tirer parti de tout, elle savait l'être surtout pour obliger ses soeurs; pour qu'elle refusât un service, il fallait une réelle impossibilité, et elle savait si bien faire que son petit concours était aussi doux à celle qui le recevait qu'il lui paraissait à elle- même simple et naturel.

Mais c'est surtout à l'infirmerie qu'elle sut montrer sa tendre et délicate charité. Notre bonne Soeur Anne des Anges, que nous avons perdue il y a trois ans, aimait tant sa petite infirmière quelle ne pouvait s'en séparer : « Mon petit Ange, disait-elle, ne me quittez pas, venez me chanter quelque chose » et ces deux voix si différentes savaient s'unir pour chanter ensemble le Magnifi­cat. L année dernière encore, à cette époque, déjà très fatiguée, elle suppliait qu'on ne la remplaçât pas auprès de quelques-unes de nos Soeurs, atteintes successivement de l'influenza ; elle préférait tous les sacrifices -à celui de se séparer de ses chères malades et ne rendit les armes que vaincue par la souf­france, et pour s'aliter à son tour.

Nous- ayons parlé de son affection pour ses soeurs en religion ; la chère famille que e avait laissée dans le monde conservait une large place dans son coeur. Elle savait allier la tendresse la plus vive, les témoignages qu'elle était heureuse d en donner à l'occasion, avec ce que demande le détachement religieux. La prière était son grand moyen de prouver aux siens sa constante et toujours si vive affection. Même avec sa tante, Fille de la Sagesse, à laquelle des liens de sympathie religieuse l'unissaient plus étroitement, elle voulut se priver d'une correspondance fréquente dans laquelle elle ne voyait qu'une simple consolation. Mais sa prière devint plus ardente pour cette tante vénérée lors­qu'elle la vit chargée du gouvernement d'une importante maison !

Vous comprenez, Ma Révérende Mère,combien nous aurions aimé conserver longtemps cette bien-aimée Soeur ; mais elle était de ces âmes qui semblent plus faites pour le ciel que pour la terre. Jésus, qu'elle avait si tendrement aimé, si généreusement suivi, voulait se donner à elle dans la plénitude de l'éternelle possession.   

A la fin de l'année 1894, Notre-Seigneur sembla vouloir faire cesser l'épreuve purifiante dont nous avons parlé : «A l'époque de Noël, dit-elle, il se fit une petite éclaircie dans mon âme ; comme je poursuivais toujours avec ardeur l'ouvrage de ma perfection sans arriver à grand-chose, Notre-Seigneur me fit comprendre que la réussite de ce travail ne dépendait pas de moi, qu'il pren­drait min de mon avancement, pourvu que je ne fusse occupée que de Lui. Je reconnus, à la touche de grâce que je ressentis, que c'était bien ce même Jésus qui, quelques années auparavant, s'était montré si miséricordieux pour moi ; les ténèbres s'éclaircirent, et ma demande fut : « Seigneur, que voulez-vous que je fasse ? » Il me sembla entendre intérieurement : Laisse-toi faire. Je ne com­prenais pas encore tout ce que renfermaient ces quelques mots.

Sans chercher à comprendre, sans regarder l'avenir, Soeur Marie-Ange se livrait à l'action crucifiante et sanctifiante de Jésus ; et Lui travaillait en Maître, lui faisant entendre qu'elle ne pouvait lui prouver son amour et lui gagner des âmes que par la croix : « O Seigneur, ajoute-t-elle, comment pourrais je recevoir avec mauvaise grâce un joyau d'une si inap­préciable valeur ! » Et je reçus avec joie ces dons de Jésus. Les croix me devinrent plus légères, car quand on aime elles portent plutôt qu'elles ne sont portées. Mais Jésus me demandait davantage encore : pourquoi ne pas vivre de Lui, et rien que de Lui ? Qu'importent les choses d'ici-bas ? Elles passent ; mais Lui; l'Eternel, son amour est sans limite ! Alors je ne pensais plus qu'à Jésus, Oh ! que par moment, et il n'y a pas encore longtemps, j'aurais voulu mourir pour aller jouir de mon Dieu !... O Seigneur, il ne faut pas mourir, mais aimer et souffrir ! Donnez-moi de l'amour, afin que je vous donné des âmes ! Et je le lui demande sans cesse, car je ne veux plus que beaucoup aimer, » L'heure allait venir où ce cri du coeur de notre chère fille allait être exaucé.       

Le mercredi des Cendres, pendant l'action de grâces, Notre-Seigneur lui fit comprendre qu'elle devait se livrer à ses droits divins, se donner à Lui comme hostie de réparation et d'expiation. Elle répondit par le don total d'elle-même ; elle ne demanda rien; niais s'offrit sans réserve. En même temps elle eût l'im­pression profonde que Notre-Seigneur allait la faire longtemps souffrir. Depuis lors elle ne se regarda plus que comme la petite hostie de Jésus, et puisa force, aux heures pénibles, dans cette totale donation.

Soeur Marie Ange avait apporté au Carmel une bonne santé. L'année du Noviciat l'ayant un peu éprouvée, le médecin avait prescrit des ménagements, non sans dire qu'avec des soins et du temps elle pourrait parfaitement suivre la règle: Son énergie aiderait du reste au développement de ses forces. L'ob­servance lui fut adoucie aussi souvent et longtemps que sa santé semblait le demander. Chaque année amenait quelque progrès. Au Carême de 1894, il lui fut même permis de faire une partie du jeûne : « Vous verrez, disait-elle, que dans trois ans je ferai toute ma règle. » Dieu avait d'autres desseins. Un mal de gorge assez 'persistant, auquel se joignit l'influenza, nous donna de sérieuses inquiétudes, dissipées bientôt, en partie du moins, par les assurances du docteur. Le silence lui fut imposé : « Je suis silencieuse en ce moment écrivait-elle : ce n'est pas une croix sinon pour la récitation de l'Office divin, ce m'a été un vrai sacrifice ; mais Jésus se donne beaucoup à mon âme. » Le mal persistant; notre bon docteur fit un nouvel examen et fut douloureusement surpris de constater les premières atteintes d'un mal sérieux mais non encore sans remè­des. La jeunesse du tempérament et surtout le courage de la malade lui firent proposer un traitement énergique qu'elle accepta en souriant. Un mieux réel en fut la conséquence.

« Si l'état se maintenait ainsi, nous pourrions avoir bon espoir », disait le docteur. Notre chère Fille reprenait des forces, et la belle saison aidait notre confiance. Mais la victime était prête. Au mois de juin, le mal reprit son cours et la consultation de deux médecins fut que les soins pou­vaient seuls désormais prolonger cette chère existence. A ces soins nous joi­gnîmes • nos prières. Plusieurs neuvaines furent faites. Chacune apportait à la malade soulagement, mais non guérison. Elle-même ne croyait pas guérir, du moins promptement. « Vous savez bien, disait-elle, que Notre-Seigneur m'a fait entendre que je devais longtemps souffrir. » Elle s'unissait avec confiance aux prières faites pour elle, mais ne parvenait pas à se former une autre con­viction. Elle ne pensait pas cependant à nous quitter. Le présent, elle l'accep­tait ; l'avenir, elle le remettait à Dieu. A l'époque de la fête de Notre-Dame du Mont Carmel elle demanda à faire sa retraite ; elle en suivit les exercices avec la régularité que permettait son état et retrempa son âme dans la contempla­tion de la vie et des exemples de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Ses résolutions se résumèrent dans un abandon aveugle et absolu à la volonté de Dieu, quelle qu en fût la forme et quelque sacrifice qu'elle exigeât d'elle.

Depuis lors cet état de simple et confiant abandon devint toute la forme de sa Vie spirituelle. Elle vivait en quelque sorte de cette volonté sainte, accom­plissant à chaque minute l'éternelle pensée de Dieu sur sa petite créature ; plus d hésitation pour le moment présent, plus d'appréhension pour l'avenir ; elle n'avait qu'à se laisser faire. La paix toute céleste que suppose cet état, la sérénité d'âme qu'il révèle, c'est ce dont nous avons été témoins pendant les longs mois qui ont suivi et qui nous laissent un si suave et si consolant souve­nir. On a beaucoup prié pour notre chère malade : de nombreux amis, les pèlerins de Lourdes, etc... Dieu a trouvé bon de transformer en force pour mon âme la grâce de guérison qui était demandée, car il ne faut rien moins qu'une grâce puissante pour soutenir, presque en souriant, les langueurs et les alter­natives d'une longue maladie. Ce n'est pas à dire que la nature n'ait pas par­fois réclamé ses droits ; mais la grâce, parlait plus fort, et elle était toujours entendue. Soeur Marie-Ange recueillait alors le fruit de ses constants efforts sur elle-même. Son union intime avec Dieu l'empêcha de connaître l'ennui ; et bien qu'elle fût très heureuse et reconnaissante des visites de ses Soeurs, le silence qu'elle dut s'imposer le plus souvent ne lui pesa jamais : « Ce n'est pas que je sois consolée, disait-elle ; ah ! non, je ne trouve Jésus que par la foi, je ne le sens pas : mais j'ai la paix. » Elle parlait peu de se§ souffrances. « On croit que j e ne souffre pas, oh ! je souhaite qu'aucune de mes Soeurs ne passe par les mêmes souffrances. » — « Une fois la souffrance passée, disait-elle encore, je n'y pense plus et n'en parle pas. »

Au mois d'août elle put se rendre au parloir pour voir une dernière fois son frère et sa soeur accourus à notre appel. Réunion douce certainement, mais plus douloureuse encore... Sa vénérée mère, retenue par l'infirmité, n'avait pu affronter les fatigues du voyage, et le, sacrifice que lui imposait cette absence était doublement senti par notre chère enfant. Par un affectueux petit mot elle, à la fin, elle voulut par quelques courtes lignes adoucir aux siens une sépara­tion si vivement sentie par tous.

Le mois de septembre vit s'augmenter nos inquiétudes au point que l'on crut prudent de donner l'Extrême-Onction à la chère malade. Elle avait de­mandé qu'on ne lui cachât pas la gravité de son état ; à l'annonce qui lui en fut faite, elle sourit et remercia. Elle espérait un peu que Jésus viendrait con­sommer son union avec Lui le 14, anniversaire de sa sainte Profession. Ce fut le contraire qui arriva. Les saintes onctions donnèrent à l'âme une grâce de force qui rejaillit sur le corps, et il se produisit un mieux inespéré qui dura plusieurs mois. A Noël Soeur Marie-Ange put assister à la Messe de minuit sans en être fatiguée ; elle vint même, tout heureuse, nous surprendre à la récréation. Mais quelques jours après, la maladie s'aggrava avec des symp­tômes qui ne nous laissèrent plus d'espoir ; elle dut se mettre au lit pour ne plus se relever. Dès lors, voyant clairement que l'heure de l'appel allait sonner, notre bien-aimée Soeur ne pensa plus qu'au ciel; sans enthousiasme comme sans frayeur, elle parlait de son départ avec la simplicité calme et douce d'une en­fant qui va dans la maison de son Père. Un jour qu'un rayon de soleil illumi­nait son infirmerie : « Oh ! s'écria-t-elle, quel plus beau soleil je verrai bien­tôt ... le Soleil de justice ! Notre-Seigneur cependant continuait à ne se donner à elle que par la foi. J'espère, dit-elle un jour, qu'avant ma mort II me fera goûter encore un peu la douceur de sa présence. » Elle devait être exaucée. On lui rappela la promesse faite par Notre-Seigneur à notre Mère sainte Thérèse d'assister ses filles à la mort : « Oh ! j'y compte ! ajouta-t-elle. Par moments elle eut l'impression très vive que Dieu avait un dessein secret en la tenant aussi longtemps sur la croix ; elle se rappelait son action de grâces du mercredi des Cendres et dit à plusieurs reprises, simplement : « Je ne suis pas là pour moi seule. Interrogée sur le motif de sa confiance si calme jet absolue, elle répondit : « Toute ma confiance est dans la bonté de Dieu : ma misère à moi est si grande ! » Exempte de fatigues de tête, l'esprit toujours très libre, elle pensait à tout, son coeur reconnaissant et délicat était touché de tout : " Que je donne de la peine ! s'écriait-elle parfois ; que l'on est bon pour moi ! Gomment reconnaître tant d'attentions et de soins !... Ma Mère, quand je serai auprès du bon Dieu, comme je lui demanderai de vous le rendre !... Vous pourrez compter sur moi toujours !... » Elle accueillait volontiers les commissions qu'on lui donnait pour le ciel. Une fois qu'une intention lui était recommandée, elle ne l'oubliait plus. L'avant-veille de sa mort, voyant une Soeur entrer dans "son in­firmerie : « Vous croyez, lui dit-elle, que j'ai oublié vos intentions ? Oh ! non, je pense à toutes » ; et elle les énuméra.

Les alternatives qu'amenèrent les derniers jours furent pour notre chère Fille l'occasion de nombreuses grâces. Lorsqu'elle s'était vue sérieusement mieux à la fin de septembre, elle s'était réjouie à la pensée de recevoir une seconde fois l'Extrême-Onction. Elle lui fut en effet conférée de nouveau le 17 janvier. Notre-Seigneur venait presque chaque jour se donner à elle, les prières de la recommandation de l'âme furent plusieurs fois renouvelées et, ce qui est très remarquable, chaque grâce spirituelle apportait un apaisement aux souf­frances physiques. Une tunique envoyée de Lourdes tout imprégnée d'eau, l'huile de la Sainte Face, avaient été successivement l'occasion d'un soula­gement assez prolongé ; la croix de sainte Radegonde désirée par la malade lui fit aussi sentir sa bienfaisante action. La possession de cette insigne relique lui causa une grande joie ; elle la contemplait aux heures de souffrances plus vives, la baisait tendrement et demeura bien reconnaissante aux Révérendes Mères de Sainte-Croix (parmi lesquelles elle comptait une sainte amie) de la gé­nérosité avec laquelle elle la lui ont prêtée, ainsi que des prières faites pour elle en union avec nous. Peu de temps après l'avoir reçue, elle dit en la pressant sur son coeur : « Notre-Seigneur pourrait encore me guérir... mais je lui demande que ce ne soit que pour travailler et souffrir. Souffrir, telle était la volonté de Dieu sur notre édifiante malade, et les étreintes de la souffrance allaient consom­mer son oeuvre en elle.

Le 25 janvier elle avait espéré que le saint Enfant Jésus viendrait la cher­cher : elle s'était constituée la chambrière du Petit-Grand, dont elle était la sacristine et elle comptait un peu sur Lui. Il vint seulement lui sourire et la bénir, « II tarde bien à venir, dit-elle, mais quand II voudra. » Le jeudi suivant, elle dit encore : C'est aujourd'hui le jour consacré à l'amour, quel beau jour pour mourir ! » Nous crûmes en effet toucher à la dernière heure : Vers les quatre heures, elle eut une crise de suffocation qui nous réunit toutes au­tour d'elle. Notre vénéré Père Supérieur, arrivé aussitôt à sa demande, lui fit renouveler le sacrifice de sa vie, l'acceptation d'une agonie douloureuse que tout faisait présager, puis lui fit faire sa Profession de foi et d autres élévations vers Dieu aussi touchantes et pieuses qu'émotionnantes pour nos coeurs. Toute haletante, elle savait encore sourire, articuler quelques mots et adhérer de coeur, on le voyait, à ce que lui suggérait notre Père. Le soir, notre bon doc­teur étant venu demander de ses nouvelles, elle désira le voir : « Je voudrais, lui dit-elle, savoir pour combien de temps j'en ai encore. — Pour quelques heures, sans doute. — Merci, cela me suffit. » Puis elle lui exprima sa recon­naissance pour ses bons soins, et lui promit de prier à toutes, ses intentions. Comme il l'en remerciait, elle reprit : « Je m'en fais un devoir. » Interrogée si elle souffrait : « Qu'est-ce que cela auprès de l'éternité ?... Puis elle ajouta : « A Dieu ! à revoir au ciel ! » Notre bon docteur était visiblement ému. Le soir elle témoigna le désir qu'on s'éloignât : « Nos pauvres Soeurs sont fatiguées, dit-elle ; permettez, ma Mère, qu'elles aillent se reposer ! » La journée du ven­dredi fut plus calme. Malgré les fatigues de la nuit suivante, la chère malade sut encore puiser dans son énergie; la force de s'aider avec l'infirmière qui ne la quittait pas et refusa qu'on appelât la seconde veilleuse qui reposait : "Que ma Soeur doit être fatiguée ! » Sa fatigue à elle, la pauvre enfant n'y pensait pas. Vous souffrez bien ? » lui dit-on. « C'est vrai ; mais j'ai la grâce... » Nous lui dîmes qu'on allait lui apporter le saint Viatique après la Messe conventuelle : « Oh ! merci, ma Mère ! » répondit-elle. Sa physionomie prenait de plus en plus une expression céleste. Tout à coup elle s'écria rayonnante : « Que je suis heureuse, oh ! que je suis heureuse !... » Un peu après : « Ma Soeur, quel parfum fait on brûler dans l'infirmerie ? ne sentez-vous pas cette délicieuse odeur ? » Que se passait-il ? Nous ne voulons pas attacher plus d'importance qu'il ne con­vient à ce petit incident mais, ce parfum céleste notre Soeur fut seule à en per­cevoir la présence et la suavité.

A la fin de la Messe, elle demanda qu'on vînt nous prévenir : « Ma vue se trouble, dit-elle ; que mes deux Mères (la Mère qui sortait de charge et nous) ne me quittent plus, » Nous accourûmes ; elle voulut articuler quelques mots et ne le put ; elle sourit doucement, et sa tête s'affaissa. En un instant la Commu­nauté s'était réunie. M. l'aumônier, entré aussitôt, put encore lui donner l'ab­solution. Puis, sans secousse, sans agonie, elle rendit le dernier soupir comme l'enfant qui s'endort dans les bras de sa mère, C était un samedi en effet, et la veille de la Purification, Marie ne venait-elle pas chercher son enfant pour l'offrir sans retard, nous osons l'espérer, à Celui dont elle avait voulu devenir par ses mains maternelles l'humble épouse et la petite hostie ?

Beaucoup de personnes ont voulu lavoir exposée et lui faire toucher des objets de piété. Toutes ont emporté une impression aussi douce qu'édifiante de son angélique physionomie.

Le vénéré prêtre qui pendant de longues années a été notre Supérieur et qui est resté le meilleur ami de notre Carmel, nous assure qu'en peu de temps notre chère petite Soeur a rempli une grande carrière. M. le curé de Bressuire, à l'éloge cité plus haut, ajoute ces lignes : « La mort si sainte de Soeur Marie-Ange est aussi un profit pour ma paroisse, et je compte beaucoup sur ses prières pour le bien spirituel des habitants de Bressuire et surtout pour le succès de notre Mission. » Et un saint Religieux de la Compagnie de Jésus qui l'a dirigée pendant plusieurs années nous écrit : « J'ai été bien consolé d'apprendre que Soeur Marie-Ange est morte en prédestinée, laissant dans la communauté un profond souvenir d'édification. Je n'en ai pas été surpris. Je l'avais connue si généreuse, si intimement unie à Notre-Seigneur, si désireuse de faire en tout la sainte volonté de Dieu ! Je comprends que son départ laisse un vide bien sensible dans le cher Carmel de Poitiers ; mais du haut du ciel elle attirera sur lui, j'en ai la confiance, les divines bénédictions. » 

Nous avons laissé parler notre coeur dans ces pages, Ma Révérende Mère, et nous avons dépassé les bornes que nous nous étions proposées ; vous nous excuserez, j'en suis sûre, quand vous penserez qu'outre la consolation qu'y trouve notre religieuse affection, nous avons voulu recueillir des souvenirs pour la mère affligée de notre enfant, pour sa famille et ses nombreux amis.

Nous vous prions de vouloir bien faire rendre au plus tôt à notre chère Soeur Marie-Ange de Jésus les suffrages de notre saint Ordre ; par grâce, une communion de votre fervente Communauté, une journée de bonnes oeuvres, l'Indulgence du Chemin de la Croix, une invocation au Sacré Coeur de Jésus, au Coeur immaculé de Marie, à notre Père saint Joseph, à notre Mère sainte Thérèse, à notre Père saint Jean de la Croix et à saint Ange son patron. Elle avait fait le voeu héroïque en faveur des âmes du Purgatoire.

En union de vos saintes prières, nous aimons à nous dire, avec un affec­tueux respect, Ma Révérende Mère,

Votre humble soeur et servante,

Soeur Marie-Emmanuel,

Rel. Carmel. ind.

De notre Monastère de l'Incarnation des Carmélites de Poitiers, le 25 février 1896.

 

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