Carmel

25 août 1896 – Draguignan

 

Ma Révérende et Très Honorée Mère

Très humble et respectueux salut en Notre-Seigneur.

Au moment où la Sainte Église célébrait cette année la Résurrection du Seigneur, notre Communauté entrait dans une longue épreuve. Une épidémie de bronchite et d'influenza nous atteignait presque toutes à la fois. La Mission étant donnée en même temps à la ville de Draguignan, avec un succès des plus consolants, nous comprimes que Notre Divin Maître avait choisi notre cher Carmel pour remplir en ce moment l'apostolat de la souffrance. Cette faveur de Dieu était d'autant plus remarquable que, d'après notre dévoué Docteur, il n'y avait rien de semblable dans la ville. Aussi toutes nos âmes s'unissant aux desseins d'amour de notre doux Sauveur, accueillirent sa visite sous forme douloureuse avec paix et adoration de ses vouloirs divins, et non sans une joie intime et surnaturelle pour cette prédilection, nous souvenant de la divine parole : « Je vous aime comme mon Père m'a aimé. »

Deux victimes furent choisies dans nos rangs. Elles étaient l'une et l'autre bien préparées et attendaient depuis longtemps le Veni de l'Époux Divin.

Notre Vénérée et très chère Soeur Marie-Joseph-Thérèse de Jésus, première professe de notre Communauté, âgée de quatre-vingt-un ans et deux mois, et, de religion, trente-trois ans et neuf mois, fut la première appelée par Notre-Seigneur. Elle appartenait à une chrétienne famille de Grasse et fut toujours dans le monde un modèle de piété et de vertu. Les jours de dimanches et de fêtes, elle se dédommageait de n'avoir pu donner pendant la semaine tout le temps qu'elle aurait voulu aux exercices de piété, en passant la journée entière dans le Saint Lieu. Son frère qui allait la chercher la trouvait perdue en Dieu et revenait à la maison en disant qu'elle était en extase.

L'appel du Seigneur s'était fait entendre de bonne heure au fond du coeur de Marie, mais des devoirs la retinrent dans le monde. Son père perdait la vue, elle devint le soutien de sa mère. Une noble demoiselle de la contrée qui l'aimait beaucoup et qui connaissait son grand mérite, voulut l'emmener avec elle à l'époque de son établissement. Les parents de la future carmélite ne voulaient pas se séparer de leur chère fille qu'ils appréciaient à bon droit. La jeune Comtesse menaçant de refuser ce brillant mariage si elle n'obtenait ce qu'elle souhaitait, non seulement comme gouvernante de sa Maison mais comme sa véritable amie, des instances finirent par décider la Mère de Marie à une séparation. Notre chère Soeur demeura toujours profondément attachée à sa chère comtesse et à tous les siens. Depuis son entrée au Carmel, que de prières, que de pénitences n'a-t-elle pas faites pour lui obtenir toutes les consolations, et, à M. le comte de B... son fils, toutes les bénédictions du Seigneur.

Cependant les années s'écoulaient, notre Soeur, exilée dans le monde, entendait toujours l'appel divin. La pensée du Carmel envahissait son âme nuit et jour, et, sa souffrance était grande lorsqu'il plut à Dieu de la soutenir par une grâce particulière. Étant à l'église en prière, et répandant son chagrin devant Dieu elle entendit une voix qui lui disait : « Dans quatre ans, ma fille... » Depuis cet instant, notre aspirante fut plus calme et elle attendit en paix le moment providentiel qui la conduirait au Carmel.

En effet, les quatre ans écoulés, M»» la Comtesse de B... lui dit un jour: « Vous avez assez souffert, Marie vous appelle au Carmel. Cette nuit j'ai vu mon mari (M. le comte de B.. était mort depuis six mois) il m'a dit, qu'il fallait que je fasse un grand sacrifice, que Dieu et Marie le voulaient ainsi, et que je n'abandonne pas votre Mère. » Notre chère Soeur tomba à genoux en s'écriant : « O mon Dieu ! c'est vous qui m'avez dit dans quatre ans ! » La Châtelaine voulut présenter elle-même sa protégée au Carmel. Elle vint avec M. l'Abbé Liotard, son directeur, au seuil de la clôture, où la postulante fut reçue par notre Vénérée Mère St François de Sales, de douce mémoire.

La Comtesse pourvut à la dot, au trousseau, comme une véritable mère, et une pension fut assurée à la Mère de notre chère Soeur. C'est ainsi que ce grand et noble coeur voulut reconnaître le dévouement de celle qui lui fut si attachée.

La chère postulante avait quarante-sept ans. Sa vertu solide, ses qualités supérieures en faisaient un sujet précieux dans une fondation récente. La Digne Mère Fondatrice le comprit et l'apprécia toujours. La Maîtresse des Novices, qui était aussi Sous-Prieure, se mit à l'oeuvre pour cultiver vigoureusement sa novice. Les épreuves ne lui furent pas ménagées. Les leçons d'humilité, d'obéissance, firent sauvent ressortir la vertu de notre Soeur. Pendant une année, la Maîtresse lui fit presque chaque jour arroser un arbre mort.

Après cinq mois de postulat, ma Soeur Thérèse de Jésus reçut le Saint Habit et sa profession ne se fit pas attendre au temps ordinaire. L'âge mûr de notre Soeur permettait de l'employer sans retard dans les offices. Elle méritait la confiance de notre Vénérée Mère St François de Sales et cette bonne Soeur fut, croyons-nous, un véritable secours providentiel alors que le personnel de la Communauté était restreint et que tant d'épreuves et de difficultés entravaient la fondation faite par obéissance pour la seule gloire de Dieu. Notre Vénérée Fondatrice avait à sa charge une partie du monastère en construction et successivement, les ressources qui semblaient certaines pour en couvrir les frais lui manquaient les unes après les autres. Notre-Seigneur voulut retirer tout secours humain et lès épreuves furent au comble pour la Digne et vaillante Prieure.

Aujourd'hui nous comprenons combien cet état de choses dût être méritoire et que de grâces il en est résulté pour cette oeuvre bénie et consacrée par les souffrances de sa première Prieure. Nous attribuons à notre Vénérée Mère St François de Sales, à sa fidélité sous l'étreinte de la Croix en ce monde, à sa protection maternelle au Ciel, les bénédictions déversées sur son cher troupeau. C'est cette phalange de jeunes religieuses qui l'appellent leur Mère et qui avec nous, restent embaumées des souvenirs que nous aimons à recueillir des lèvres de celles qui ont vécu sous sa houlette. La pauvreté est encore l'héritage du Monastère ; la divine Providence est sa ressource, mais qu'il y a de bonheur à mettre sa confiance en Dieu !... et qu'il est doux de reconnaître en Lui un Père Tout-Puissant, attentif aux besoins de ses enfants !....

Ma Très Révérende Mère, il n'était pas possible de vous parler de notre bonne Soeur Thérèse de Jésus sans toucher quelque peu aux temps primitifs de là Maison. Cette âme énergique arrivait tout à point pour apporter sa part de coopération à la fondation de ce Monastère. Bientôt portière, provisoire, infirmière et chargée de divers travaux dans lesquels elle excellait, sa vie devint un exercice perpétuel de dévouement et de sacrifices. Elle suivait docilement cette voie de renoncement qui a ses âpretés pour la nature. Par moment, cette âme avide de vie intérieure, de recueillement, jetait un soupir du côté du Ciel : « O mon Dieu ! est-ce là la solitude, la tranquillité vers laquelle j'aspirais ! »

Un jour que ces pensées la poursuivaient, une voix intérieure lui dit, dans un passage témoin de ses nombreuses allées et venues: "Oui, c'est ta voie ! » Depuis cet instant, notre chère Soeur porta sa Croix avec joie et elle goûta la paix puisque les desseins de Dieu s'accomplissaient, cela suffisait à sa foi, avide avant tout de la volonté de Dieu. Après avoir passé ses journées dans l'activité des emplois, l'officière devait encore travailler la nuit. C'était le linge qu'il fallait entretenir, c'était un travail pour le dehors dont le produit était un secours pour aider sa Prieure. 11 n'y a que les Anges du Ciel qui puissent compter les nuits dérobées au sommeil par l'exercice de son dévoue­ment, soit auprès des malades, soit pour travailler. Ajoutons que ce travail de la nuit ne lui était pas demandé, elle le faisait par dévouement pour sa Communauté qu'elle aimait tant.

Lorsque l'obéissance exigeait qu'elle prit du repos, elle devenait malade, et l'immobilité réduisait la chère Soeur à marcher avec l'appui d'un bâton, ses Mères prieures furent donc doublement obligées de la laisser dans la vie active.

Ma Révérende Mère, c'est surtout dans l'office d'infirmière que notre Bonne Soeur a rempli pendant de longues années et pour lequel elle avait des aptitudes exceptionnelles qu'elle a déployé sa grande charité. Elle était une vraie Mère pour ses malades. Son air, le ton de sa voix, tout en elle respirait la bonté, la compassion. Elle possédait à un rare degré l'art d'égayer ses malades, de relever leur moral, elle avait beaucoup d'à-propos, le mot de Dieu, la parole qui fait du bien, qui relève et console arrivait si juste qu'elle soignait souvent les âmes et les corps.

A la fin du jour, très fatiguée en regagnant sa cellule après Matines, elle sentait vivement le besoin de repos, mais l'état de ses chères malades et infirmes réclamait ses soins, elle disait alors en elle-même : « Je n'en puis plus, comment vais-je faire ? » Le Seigneur venait à son secours, et, è'oubliant, elle passait de longues heures dans l'exercice de la charité avec autant de calme que si son pauvre corps débile eût été de fer.

Aussi de quelle édification était cette âme généreuse et fidèle! La Communauté la voyait souvent chancelante, ne tenant pas sur les pieds et cependant ne reculant jamais devant tout ce qui mettait son dévouement à contribution.

Nous ne saurions dire tout ce que notre bonne Soeur Thérèse de Jésus fut pour nos Soeurs Tourières. Longtemps leur portière, et, là aussi une véritable Mère, attentive, compatissante, elle lés aimait comme ses chères Enfants. De leur côté, nos Soeurs venaient à elle comme à une mère, aussi profitait-elle de son ascendant pour les exhorter à marcher généreusement vers la perfection. Elle put jusqu'à ses derniers jours conserver cet office qu'elle remplissait avec zèle malgré son état d'infirmité.   

Tant qu'elle pût, elle allait elle-même avant la nuit, fermer les portes extérieures et celles des greniers, avec une vigilance et une exactitude que rien ne pouvait arrêter, ni sa difficulté à marcher ni sa cécité presque complète. Pendant ces deux dernières années, elle fut obligée de se reposer de ce soin sur nos jeunes soeurs, mais toutes les clés assez nombreuses étaient placées par elles dans la boîte à cet usage avec un ordre parfait A défaut d'yeux, elle les connaissait au toucher, et il fallait voir l'importance qu'elle y mettait. Ses chères petites commissionnaires avaient-elles oublié une clé, elle ne consentait à prendre son repos que lorsqu'on l'assurait que toutes les clefs étaient chez sa Prieure.

Lorsqu'il y avait des ouvriers dans les cours et les jardins, même vigilance. De plus, pendant les heures de Communauté, elle veillait à ce que les portes du jardin fussent fermées, la pauvreté du Monastère n'ayant pu permettre d'élever les murs de clôture, du côté de la campagne, à la hauteur prescrite par le Cérémonial. Notre bonne Soeur Thérèse de Jésus était un véritable trésor, aussi nous demandons au Seigneur une postulante qui, en portant son nom, hérite aussi de ses vertus et de son dévouement héroïque qui avait sa source dans son amour pour Dieu et pour sa chère Communauté.

Ma Révérende Mère, nous dépasserions les bornes d'une circulaire si nous nous étendions davantage. Cette vie édifiante se résume en deux mots : dévouement sans bornes, oubli de soi jusqu'à l'héroïsme. Notre bonne Soeur avait toujours souffert de rhumatismes douloureux. Us atteignirent un degré tel que sa vie ne fut qu'un véritable martyre. Mais elle ne voulait pas entendre parler de remède : « Je ne suis qu'une vieille machine, un peu plus, un peu moins, peu importe. »

Elle nous inspirait à toutes une réelle vénération. Son infirmerie ressemblait, disait-on, à la porte du Paradis où l'on frappait à chaque instant. Son état d'infirmité obligeait chacune à entrer pour tout ce qui concernait le tour, et comme il lui était impossible de venir aux récréations dont elle ne pouvait soutenir le bruit, elle était autorisée à parler en qualité d'infirme.

Elle avait une grande expérience, un extérieur vénérable, c'était une Mère, ses paroles si pleines de Dieu et de son esprit édifiaient et consolaient,

Notre chère Soeur puisait cette expérience des choses de Dieu dans son union avec Lui. Elle avait su se bâtir en son âme cette cellule intérieure où elle vivait avec Notre-Seigneur, malgré ses occupations distrayantes. Le Sacré-Coeur était le refuge où elle s'était établie. Dans un moment d'épreuves intérieures, elle avait compris que toute assurance était de se jeter dans cet océan d'amour avec toutes nos faiblesses.

La piété de notre chère Soeur s'étendait à toutes les grandes dévotions de la Sainte Église dont elle était la vraie Fille en s'immolant pour son triomphe et la délivrance de son Auguste Pontife. Le Saint-Esprit était le guide divin qui aidait puissamment son âme par un recours intime. Jésus, Marie, Joseph, objets de ses méditations, de son étude et de son tendre amour la consolèrent jus­qu'à la fin.

Quinze jours avant sa mort, elle nous dit un soir : « Ma Mère, j'ai fait, à Noël, une chose qui me donne de grandes consolations. J'ai été inspirée d'offrir une journée de la Sainte Famille, jusqu'aux environs de Pâques pour réparer les manquements d'une de mes années. Oh ! que cela me fait du bien et me donne de confiance ! Je n'y manque pas chaque jour. J'ai besoin de m'appuyer sur la confiance.... Je compte sur la miséricorde de mon Dieu, car je mérite d'être plongée au fond de l'abîme. S'il r a quelque chose en moi qui n'est pas pardonné, j'espère que mon Dieu me le fera connaître pour que je le répare. »

Notre bonne Soeur devenait de plus en plus souffrante. Depuis deux ou trois ans, elle ne se couchait plus et elle passait ses jours et ses nuits assise sur le bord de son lit où celle de nos chères soeurs du voile blanc qui avait le don de manier son corps plein de douleurs sans la faire souffrir,, l'entourait d'oreillers et de coussins de paille, car il fallait que tout fut bien pauvre près d'elle. Son petit aménagement se composait de caisses d'emballage, lesquelles servaient de table, de placard, Lorsqu'elle était complimentée sur l'organisation de son pauvre petit mobilier, elle disait gaiement qu'il n'y avait point de reine si heureuse et si parfaitement installée. La note de la gaieté était tou­jours avec elle, et ses jours malgré sa cécité, passaient rapidement. Son état l'exigeant, notre bonne «t aimable doyenne, professe du cher Carmel de Toulon, devint, en ces dernières années, sa com­pagne d'infirmerie. Leurs exercices étaient communs. Les lectures spirituelles, suivies de pieuses réflexions autorisées par l'obéissance, faisaient un heureux petit séjour de cette cellule sanctifiée par tant de douleurs physiques généreusement acceptées par notre vénérable Infirme. Lorsque nous voulions la plaindre, elle nous disait : « Il y a encore de la place, » et elle était prête à accepter

"bien davantage. Nous aurions voulu conserver cette bonne ancienne qui fut toujours une amie, un conseil même pour ses Prieures qu'elle entourait de tant d'affection et de respect. Mais, vers le milieu du mois de Mars, son état devint si souffrant qu'elle fut obligée d'avouer que toute la place était maintenant remplie par les douleurs de plus en plus aiguës. La nourriture ne pouvait plus passer. Notre chère Soeur, avec sa grande expérience d'Infirmière, nous dit : « Ma Mère si cela dure, je n'irai pas loin. » Un ou deux jours après, elle nous dit que c'était fini, qu'elle ne vivrait plus longtemps et qu'elle ne pourrait plus aller au tour.

Notre bonne Soeur vécut encore trois semaines, trois semaines d'attente et de souffrances qui furent bien méritoires. Elle nous disait alors : « Oh ! le temps me paraît long, bien long. Je ne puis plus faire mes prières. Tout était réglé et mon temps si occupé ! Maintenant je reste là, mais à la disposition de mon Dieu     Je ne sais rien, je ne peux rien, je ne désire rien. Je ne pense plus à vivre ni à mourir, je m'unis à Dieu.. ., je m'abandonne... »

Lorsque M. notre Médecin entrait la visiter, elle avait toujours le mot de Dieu sur les lèvres selon sa coutume ; elle lui répétait qu'elle attendait le Seigneur. Notre pieux Docteur édifié, remar­quait l'élévation de son âme.

Le mardi de Pâques, à six heures du soir, notre bonne Soeur parut si mal qu'il fut jugé prudent de lui faire recevoir le Saint-Viatique et l'Extrême-Onction. Elle était allée communier au choeur le matin. Retenue à la cellule par ordre du Médecin, nous ne pûmes être auprès de notre vénérée Soeur en ce grand moment. Le lendemain, elle voulut continuer à se rendre au choeur pour commu­nier, ce qu'elle fit encore le jeudi, autorisée par notre Bon Docteur.

Notre chère Soeur regardait comme une grande grâce de pouvoir faire ses communions quoti­diennes jusqu'à la fin, mais il fallait son grand courage pour y parvenir. Le samedi suivant et le lundi 13, jour de sa mort, elle reçut de nouveau le Saint Viatique dans son infirmerie.

Nous la trouvâmes si fatiguée vers 10 heures, que nous fîmes entrer Monsieur notre Confesseur pour lui renouveler la sainte absolution et nous récitâmes avec lui les prières de la recommandation de l'âme. A onze heures, l'étouffement augmentait beaucoup, c'était l'agonie qui semblait devoir être longue et pénible. Elle dit à M. le Docteur qui la visitait une dernière fois : « C'est fini... »

Nous avions à peine eu le temps de reconduire M. le Docteur à la porte, qu'un coup de timbre nous rappelait à l'Infirmerie. Notre vénérée Soeur n'avait plus que quelques instants de vie, con­trairement, à nos prévisions. Elle rendit paisiblement son âme à Dieu, quelques-unes de nos soeurs, la Mère Sous-Prieure, qui s'alitait quelques instants après, et nous, présentes.

Monsieur l'Archiprêtre de Draguignan, notre Vénéré Supérieur, très occupé de la Mission de sa Paroisse, sachant que nous avions trois soeurs administrées, se présenta au Monastère au moment où notre soeur Tourière lui portait la nouvelle de la mort de notre vénérée Soeur Thérèse de Jésus. Il entra bénir notre bonne Doyenne et notre chère Soeur St Augustin, l'une et l'autre très gravement atteintes, et il bénit la dépouille de notre si regrettée Défunte.

L'épreuve allait grandissant : nos chères Mères Sous-Prieure et Dépositaire étaient arrêtées, et avant la fin de la journée, nous faisions une rechute qui nous imposa le douloureux sacrifice de ne pouvoir conduire les restes de notre si chère Soeur à leur dernière demeure.

Monsieur notre digne et Vénéré Supérieur, accompagné du clergé de la Ville, présida les obsè­ques selon sa coutume. Qu'il reçoive ici de nouveau l'expression de notre reconnaissance pour son paternel dévouement.

Ma Révérende Mère, veuillez prier le Seigneur de conserver les fruits consolants de la Mission dans sa chère et belle paroisse où les Processions du Saint-Sacrement, de l'Assomption, de Notre-Dame-du-Peuple etc. se font toujours si solennellement.

La vie de notre chère et Vénérée Soeur si complètement remplie de sacrifices, de renoncement, nous fait pressentir qu'elle a été bien accueillie par notre Divin Maître ; cependant, les secrets jugements de Dieu nous étant inconnus, nous vous prions, ma Révérende Mère, de vouloir bien ajouter aux suffrages déjà demandés, par grâce, une Communion de votre sainte Communauté, le chemin de la Croix, l'Indulgence des six Pater, la journée de bonnes oeuvres. Elle en sera très reconnaissante ainsi que nous qui avons la grâce de nous dire, avec un religieux respect, dans le • Sacré-Coeur de Jésus,

Ma Très Révérende Mère,

Votre humble Soeur et Servante,

Sr M. T. Marguerite du Saint-Sacrement r. c. ind.

De notre Monastère de l'Immaculée-Conception et de notre Père Saint Joseph des Carmélite» de Draguignan, le 25 août 1896.

 

Abbaye de Lérins. — Imp. M. Bernard

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