Carmel

22 septembre 1894 -Toulon

 

Ma Révérende et très Honorée Mère,

 

Paix et très humble salut en Notre Seigneur, qui vient d'affliger nos coeurs en retirant du milieu de nous notre regrettée Mère Marie Charlotte Claire-Rosine de Saint-Charles, Professe de notre Monastère, à 80 ans d'âge et 56 de Religion.

Notre Mère était née à Lorgues, d une famille foncièrement chrétienne. Sa mère avait mérité, par la fermeté de sa foi, d'être mise en arrestation à Fréjus, pendant la Terreur. Veillant avec le plus grand soin sur l'enfant que la Providence lui avait confiée, comme sur le plus précieux des trésors, elle lui disait souvent : « Dieu t'a donnée à moi toute pure, je veux te rendre à Lui toute pure. Je sais que tu me trouves sévère; j'en suis fâchée, ma fille, mais je ne changerai rien à ma manière de t'élever. »

La petite Rosine trouvait quelquefois sa mère bien rigide. Elle se prenait à envier la liberté laissée par des parents moins scrupuleux à des enfants de sa connaissance et de son âge. Son bon jugement triomphait toutefois bientôt de ses orages intérieurs ; elle finissait toujours par rendre justice à cette mère si dévouée et l'en aimait davantage.

Un pieux Vicaire de la paroisse secondait admirablement cette mère chrétienne dans l'éducation de sa fille. Si Rosine s'oubliait un instant dans l'intérieur de la famille, elle était sûre d'être grondée par le bon Père. Une fois elle s'échappa à dire à sa mère : « Je serai toujours une enfant, parce que vous êtes trop sévère à mon égard. » Ces paroles furent ré­pétées au confesseur de la jeune fille.

Arrive un jour de fête de la Très Sainte Vierge. Rosine, qui avait une grande dévotion pour cette Bonne Mère, ne manquait jamais de célébrer ces solennités. Elle va se confesser, écoute une instruction touchante, mais, au moment de se retirer toute joyeuse, elle entend son directeur lui dire : « Demain, mon enfant, vous laisserez la Sainte Communion par pénitence; quand on parle à sa mère, comme vous l'avez fait, on ne mérite pas d'approcher de la Sainte Table. »

Les larmes de la pénitente furent sa seule réponse. Elle aimait, pour s'humilier, à raconter ce trait de sa jeunesse et ajoutait invariablement : « Quelle bonne leçon ! Ce fut la première et la dernière fois que je répondis ainsi. »       .

Ce même Prêtre, qui avait préparé Rosine à sa première Communion, contribua pour une large part à la formation morale et religieuse de notre bien aimée Soeur. Il recommandait à sa mère de ne jamais la perdre de vue et de ne lui permettre que la lecture des livres qu'elle-même avait préalablement lus, et de lui interdire la société des jeunes personnes légères. Il désignait lui-même les jeunes filles qu'elle devait fréquenter, et répétait souvent : « Elle est si candide ! Il faut veiller sur ce trésor. »

Sous cette sage direction, l'enfance et l'adolescence de notre Mère se passèrent dans l'innocence, la piété et le travail. Elle était l'ange du foyer domestique. Son coeur aimant ne s'occupait que de faire plaisir aux siens. Chérie de tous, elle était la joie de la famille. Dès qu'elle s'absentait, les fronts s'assombrissaient. Son retour ramenait la sérénité au foyer paternel.

Dieu cependant avait déjà déposé dans son coeur le germe de la vocation religieuse. Elle avait à peine quitté le pensionnat où elle avait été élevée, qu'avec la permission de sa mère, elle avait adopté un costume d'une simplicité rare, même à cette époque. Elle parut sous cet habit et cette coiffure avec une de ses compagnes qui pensait comme elle à la vie religieuse, à la dernière distribution des prix à laquelle elle prit part. En les voyant entrer, la maîtresse de pension dit en souriant : « Voyez donc ces deux Capucines ! » La prudence et le bon sens de Mère Saint-Charles lui firent garder le secret de sa vocation jusqu'à dix-huit ans. A cet âge, elle s'en ouvrit à sa mère. En vraie chrétienne, celle-ci répondit : « "Que la volonté de Dieu s'accomplisse. Jamais je ne te retiendrai dans le monde, malgré le besoin que j'aurais de tes soins, atteinte que je suis d'une maladie bien pénible qui m'emportera. Si ton père y consent, tu peux partir, ce me sera une immense consolation de te sentir liée à Dieu et à l'abri des dangers du monde. »

Il ne fut pas si facile d'obtenir le consentement du chef de la famille, qui adorait son enfant. En attendant qu'il se résignât au sacrifice que Dieu lui demandait, la mère fit faire à sa fille une sorte de noviciat, dont notre Soeur aimait à nous dire : « Ce noviciat était sévère ! Tout était passé au crible le plus fin. Aussi en religion rien ne m'a semblé difficile. »

C'est le 3 novembre 1836 que la jeune prétendante fut amenée au Carmel de Fréjus par sa mère. M. l'abbé Tournel qui avait remplacé M. Maria, devenu Curé des Arcs, dans la direction de la jeune fille, l'accompagnait. Ce fut lui qui, dévoué comme son prédécesseur, fut le parrain de notre Soeur Saint-Charles à sa prise d'habit.     

Heureux les enfants dont les parents ont la crainte et l'amour de Dieu! Heureuses les âmes sur la route desquelles Dieu a mis de saints prêtres ! De toutes les grâces, ces deux-là ne sont pas les moins précieuses.

Douce, timide, solidement pieuse, la postulante s'habitua facilement à notre genre de vie. Le renoncement lui était si familier que la Mère Saint-Régis, fondatrice de ce Carmel, disait : « On peut faire de cette enfant tout ce qu'on veut. » Douée d'une excellente nature, ma Soeur Marie de Saint-Charles était aimée de toute la Communauté, et elle-même se trou­vait comme dans son élément, dans cette fondation récente où elle trouvait à se dépenser sans mesure.

La pauvreté de ce Carmel entraînait bien des privations. Le jardin était bien insuffi­sant; on y manquait d'espace et d'air. Ma Soeur Saint-Charles, qui avait toujours redouté les chaleurs, tomba malade au bout de trois mois. Son père, tout heureux de reprendre sa fille, vint la chercher.

Quelle épreuve pour cette chère novice ! Les larmes l'étouffaient, mais toujours soumise à la volonté du Père céleste, abandonnée à sa conduite, elle puisa dans ces seuls mots : Dieu le veut ! sa fermeté pour quitter le Cloître, où elle espérait cependant bientôt revenir.

Elle passa deux ans dans sa famille. Elle y ramenait la joie avec elle. Ce fut au point que son frère qui venait de perdre sa première femme, lui dit : " Si tu promets de demeurer avec moi, je ne m'établis plus. » A quoi cette âme qui brûlait du désir d'appartenir à Dieu seul, répondit : « Fais ce que tu voudras. Quant à moi, je suis fixée. Je veux être religieuse et devenir l'Epouse de Jésus »

Quand sa santé fut remise, son frère lui-même la reconduisit au Couvent, après avoir plaidé sa cause et arraché, non sans peine, le consentement du père. Ma soeur Marie de Saint-Charles n'oublia jamais ce service. Elle acquitta la dette de l'amitié et de la recon­naissance, en usant du crédit d'une de nos Mères en faveur de ce frère qui se trouvait, il y a quelques années, dans des circonstances critiques, et, ce qui vaut infiniment mieux, en lui obtenant la grâce d'une conversion exemplaire. Sa sollicitude pour le salut des siens ne s'ar­rêta pas là. Elle s'étendit jusque sur son neveu, qui, frappé de cécité à Moulins, dut aux prières de sa tante son retour à Dieu, opéré dans la chapelle même du Carmel de cette ville, bienheureuse transformation qui ne se démentit pas et fit de celui qui en avait été l'objet, pendant les quelques années qu'il vécut encore, un modèle de douce et touchante résignation. Tant il est vrai que les âmes consacrées à Dieu, bien loin d'être perdues pour leurs familles, en sont le plu» souvent les soutiens et les anges protecteurs !

Une fois rentrée dans l'arche Sainte pour n'en plus sortir, ma Soeur Saint-Charles ne pensa plus qu'à sa perfection. Elle était très régulière et très ouverte avec ses Supérieurs et ses Mères Prieures. Elle se dévouait sans compter. L'amour de la vie cachée, la défiance d'elle-même, une piété soutenue et très éclairée, voilà, ma Révérende Mère, les vertus qu'elle a pratiquées dès le début de son noviciat. On la voyait toujours aux mêmes heures vaquer à telle ou telle occupation, et cet ordre extérieur n'était que le reflet de celui qui ré­gnait dans son intérieur, on comprenait qu'elle progressait de jour en jour. Son point noir, comme elle se plaisait à le dire, était une grande sensibilité. Dès qu'elle croyait avoir fait de la peine à ses Mères ou à ses Soeurs, elle n'avait plus de repos.

Admise à la vêture et à la profession aux époques ordinaires, elle accéléra encore sa marche en avant. Son désir intime était de garder sans tache sa robe nuptiale. La plus légère infidélité l'effrayait. Exacte aux moindres observances, elle ne laissait rien au caprice ou aux arrangements personnels. Dieu le veut! c'est la règle ! c'est l'heure ! elle ne considérait que cela. Comme elle avait pour Notre Seigneur un véritable amour, elle éprouvait le besoin de s'abandonner aveuglément à Lui en toutes choses. Elle a marché dans cette voie de la confiance et du saint abandon jusqu'à son dernier moment.

Que dire de son humilité ? Toutes, nous respirions les doux parfums de cette violette, qui cherchait à se dérober à tous les regards. Elle avait en horreur les louanges. Elle ne par­lait jamais d'elle-même sans une vraie nécessité et craignait toujours de ravir à Dieu quelque chose de sa gloire. « Je suis une petite âme, disait-elle quelquefois. Peu me suffit. Pourvu que je n'offense jamais Dieu et que je l'aime par dessus tout, je ne demande que cela. »

Mise en charge de bonne heure, elle fut seconde portière, dès sa prise d'habit, et plus tard, première, pendant de longues années ; c'est dans cet emploi qu'elle fit connaître com­bien elle avait l'esprit de Dieu. Elle aimait nos bonnes Soeurs Tourières comme une mère. En toute occasion elle leur parlait de la vertu et de la nécessité de ne travailler que pour Dieu.

Honorée de la confiance de toutes nos Prieures, Soeur Saint-Charles avait grand soin de ne jamais la rechercher. Elle avait l'expérience du néant des désirs humains, aussi donnait- elle plus tard ce conseil à nos jeunes Soeurs : « Ne vous préoccupez pas d'avoir la confiance et l'affection de vos Mères : c'est le plus sûr moyen de les obtenir. Si vos vues sont humaines, si vous avez le coeur assez bas pour les mendier, vous ne les aurez pas et vous souffrirez sans glorifier Dieu.

Notre bien aimée Soeur cherchait toujours à faire régner la paix et l'union autour d'elle ; mais la paix ne s'achète que par le sacrifice. Céder, dès que la conscience le permet, aban­donner son sentiment, éviter comme une peste les contestations, lui était chose habituelle. On ne se doutait même pas de la violence qu'elle se faisait.

La confiance qu'inspiraient sa prudence et sa discrétion la fit élire première dépositaire, charge qu'elle a exercée pendant quatorze ou quinze ans, à diverses reprises, et qui lui donna lieu de montrer son amour pour la sainte pauvreté. Elle mit un ordre parfait dans tous les papiers du dépôt, prenant note de tout et disposant tout pour que celle qui succéderait dans la charge n'eût point de peine.

Soeur Saint-Charles était la Carmélite du devoir. Aussi, malgré sa faible santé, elle a rendu de vrais services à la Communauté autant par son assiduité au travail que par ses exemples.

Indulgente pour les autres, elle était sévère pour elle-même, quoique sans scrupule. Elle aimait à dire : « Il faut que dame nature s'habitue à ne jamais regimber. » Et je vous assure, ma Révérende Mère, qu'elle était ferme à la dompter, venant s'accuser des moindres manquements, en peu de mots, mais avec l'humilité la plus sincère.

La lumière ne devait pas rester sous le boisseau. Malgré son désir de vivre ignorée de tout le monde, notre Soeur Saint-Charles était appréciée de sa Communauté, qui le lui prouva en l'élisant Prieure, à la joie de toutes. Il n'y eut de mécontent que la pauvre Mère, qui fut si effrayée de sa responsabilité qu'elle resta un temps considérable sans pouvoir retrouver le sommeil.

Noblesse oblige. La nouvelle Prieure fut un modèle de ponctualité, la première à tout et partout, cachant avec soin sa fatigue. « Je ne m'appartiens plus, répétait-elle. C'est à Dieu de soutenir la petite Mère. » C'est le nom qu'elle affectionnait. « Il me convient, di­sait-elle, je suis petite en tout, petite de taille, petite en talents, encore plus en vertus. » L'innocence rayonnait sur son front. Aussi, malgré un abord un peu sec, on se sentait attiré vers elle. Elle avait le charme de la vertu.

Après son premier triennat, elle fut envoyée par nos Supérieurs au cher Carmel de Draguignan, pour procurer un peu de repos à la Mère Saint-François de Sales, atteinte déjà de la maladie qui l'a enlevée à sa chère fondation.

Ce déplacement fut pour la Mère Saint-Charles l'occasion d'un grand et pénible sacrifice. Elle se croyait si incapable et si peu digne d'une telle mission, qu'il fallut l'encourager beau­coup. Une fois rendue à son nouveau poste, elle trouva bénédiction et force dans son obéis­sance et se donna tout entière à sa seconde famille. Elle aimait de tout son coeur cette maison. Revenue dans son berceau, elle disait : « A présent, j'ai deux Carmels à aimer, » et jusque dans ses derniers moments, elle a prié pour que Dieu comble de ses bénédictions le cher Couvent de Draguignan.

Son retour nous remplit de joie. Quant à elle, déchargée du gouvernement, elle travailla de plus en plus à sa sanctification. Son zèle, sa ferveur et son esprit de pénitence s'accrurent encore. Très faible de santé, elle puisait dans son esprit de foi et son amour pour Dieu une énergie peu commune. Elle nous disait dans les entretiens intimes : « Je ne suis pas une grande pénitente, mais je cherche à ne perdre aucune occasion d'offrir à Dieu un sacrifice. J'ai peur des grandes choses et elles me sont suspectes, dès qu'on laisse les petites passer inaperçues. »

Depuis plusieurs années, notre chère Mère ne pensait plus qu'à se préparer à l'arrivée de l'Epoux divin; mais, sa faiblesse s'accentuant chaque jour davantage, elle ne s'occupa plus que de Dieu. Jamais un mot d'elle. Ce catarrhe persistant, ce n'était rien. On faisait du bruit pour pas grand'chose. Il était son compagnon de pèlerinage depuis longtemps. Sans lui, elle serait jeune comme à trente ans.

Et quelle générosité pour pouvoir faire la Sainte Communion malgré l'oppression ! Toux opiniâtre, vomissements, petite fièvre, rien ne l'arrêtait. « Je vais à mon Jésus quand même, disait-elle. Si je ne peux rien lui dire, je tousserai, j'étoufferai pour son amour. Il est si bon qu'il accepte tout. »

Une des dernières fois qu'elle descendit au choeur pour communier, elle remonta en di­sant : « J'ai cru qu'en recevant mon Jésus, j'allais expirer dans un étouffement. Quel bonheur de mourir dans l'acte même de la Sainte Communion ! » Et comme elle vit la douleur peinte sur notre visage :« C'est pour rire, ajouta-t-elle, rassurez-vous, et permettez-moi de com­munier encore demain. Partir quand Dieu voudra, qu'importe le jour et l'heure ? Je quitte ce monde si volontiers."

A la dernière fête de Notre-Dame du Mont Carmel, elle multiplia tellement ses visites, que le soir, elle était sans mouvement : « Je m'en suis donné, disait-elle ; mais aussi c'est peut-être pour la dernière fois. Quand Dieu voudra. Mes préparatifs sont faits. »

Ses pressentiments ne la trompaient pas. Ce même jour elle se coucha sans rien prendre et pour ne plus se relever. Elle comprit tout de suite la gravité de son état ; car la fièvre était forte; l'expectoration était arrêtée; la faiblesse devenait extrême ; aucune nourriture ne pou­vait être supportée et l'eau était son seul aliment. Elle ne cessait pas cependant de faire à nos Soeurs ses recommandations, les avertissant de tendre au plus parfait et leur rappelant que la vie ne nous a été donnée que pour aimer et servir Dieu. « Quant à moi, disait-elle, j'attends tout de sa miséricorde. »

Elle reçut les derniers Sacrements avec un bonheur senti. « C'est le plus beau jour de ma vie, » s'écriait-elle. « Ma mère, lui disions-nous, on croirait que vous allez à des noces, tant vous êtes joyeuse. » « Oui, répondait-elle, le jour de ma mort est fête de première classe avec octave éternelle. Ne plus jamais offenser Dieu, l'aimer uniquement sans pouvoir plus le perdre, quelle grâce ! » Nous lui portions toutes saintement envie.

La Mère Saint-Charles avait demandé au ciel quatre grâces :

1° De mourir en produisant un acte d'amour parfait;

2° De quitter la terre le jour anniversaire de son baptême, jour de la mort de la Sainte Vierge, d'après beaucoup de pieux auteurs ;

3° De ne pas donner trop de peine à la Communauté ;

4° Enfin, d'avoir peu de monde à son enterrement : « Je suis une si petite créature, que je dois disparaître sans qu'on s'en aperçoive, » disait-elle.

Nous avons tout lieu de croire que ces quatre grâces lui ont été accordées.

Notre Père Supérieur est venu la bénir deux fois pendant sa maladie. Touché de son calme et de sa joie, il fit cette réflexion : qu'il faut être bien saint pour voir venir la mort avec tant de sérénité.

Notre bon Père aumônier l'a aidée par ses visites journalières, à soutenir le dernier combat. Elle en était on ne peut plus reconnaissante et priait Dieu d'acquitter sa dette.

Les prières des agonisants lui ont été réitérées plusieurs fois. Comme elle avait sa pleine connaissance, elle s'y unissait de bouche et de coeur. On lui a aussi apporté le Saint Viatique aussi souvent que son mal lui a permis de le recevoir. Ce qui la consolait beaucoup, c'était une relique bien précieuse, une épine de la Sainte Couronne de Notre Seigneur, que notre Père aumônier lui avait prêtée : « Quand vous verrez que je vais expirer, nous re­commandait-elle, mettez-la sur moi, afin qu'elle fasse pencher la balance du côté de la mi­séricorde. Moi, je n'ai rien à y mettre que les mérites et la Passion de mon Jésus. »

La journée du 13 fut très pénible. Un feu intérieur consumait la malade. L'eau la plus fraîche lui paraissait brûlante : « Tout est bon pour le ciel, » répétait elle en baissant tou­jours. Enfin, à 7 heures du soir, le jour de la mort de la Sainte Vierge, anniversaire de son baptême, elle rendit le dernier soupir, en présence de nos Mères et Soeurs. Plusieurs de nos anciens confesseurs croient qu'elle avait toujours conservé l'innocence baptismale.

La cérémonie des obsèques fut des plus simples. Comme elle avait lieu le 15 août, à 9 heures du matin, une grande partie du clergé de la ville fut retenue dans les paroisses par les offices de la fête de l'Assomption. Ainsi s'accomplit le désir de Mère Saint-Charles. Dieu fait la volonté de ceux qui le craignent.

Et maintenant, ma Révérende Mère, veuillez faire rendre à notre chère Mère les suffra­ges de Notre Saint Ordre, déjà demandés, avec une journée de bonnes oeuvres, l'indul­gence des six Pater et du Via Crucis, elle vous en sera très reconnaissante, ainsi que nous, qui avons la grâce de nous dire, ma Révérende et très Honorée Mère,

Votre très humble Soeur et servante,

Soeur Marie Thérèse de l'Immaculée Conception,

R. C. Ind. Prieure.

De notre Monastère du Sacré Coeur de Jésus, des Carmélites de Toulon, le 22 Septembre 1894.

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