Carmel

15 septembre 1888 – La Rochelle

MA RÉVÉRENDE ET TRÈS HONOREE MÈRE

Paix et très humble salut en Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui vient d'appeler aux joies éternelles, nous en avons la douce confiance, notre chère Soeur Marie-Eustelle de Jésus, tourière agrégée. Elle était dans la 29e année de son âge, et depuis près de six ans elle édifiait notre communauté et les personnes du monde par sa douce piété!
Née au sein de l'hérésiz, de parents très honorables, notre chère Soeur, formée de Bonne Heure à la vertu, obtint d'arriver promptement à la lumière de la vérité, qu'elle reçut dans des circonstances fort touchantes. Dès lors, tout son coeur se tourna vers Dieu.
Douée d'une nature délicate et aimante, elle comprit immédiatement qu'elle devait consacrer sa vie à Celui qui l'avait comblée de bienfaits. Elle se résolut donc à suivre de près le Divin Maître : lui rendre amour pour amour fut l'unique but de sa courte existence.
Admise en qualité de Tourière, notre chère Soeur Eustelle de Jésus ne se démentit jamais. Son esprit de foi lui montrait son Jésus toujours présent ; elle Le voyait surtout en ses supérieurs, auxquels elle avait voué la plus complète et la plus filiale obéissance.
L'adorable Mystère de nos autels devint l'objet de sa tendre dévotion. Elle entourait le divin Prisonnier du Tabernacle de délicates attentions, fruits de sa vive foi et de son ardent amour.
Si le faible état de santé de notre chère enfant ne lui permit pas de rendre à sa communauté et à ses compagnes tous les services qu'elle eût désiré, du moins pouvons-nous lui donner le témoignage que son dévouement fut complet.
Il   avait  été   facile   de comprendre dès son admission  que les jours de notre chère  Soeur ici-bas seraient peu nombreux; elle le savait et elle s'estimait heureuse d'être appelée jeune aux noces éternelles.
Durant sa longue maladie, elle édifia tous ceux qui l'ap prochèrent. Sa douceur et sa patience furent toujours égales ; elle se tint paisible sur la croix de Notre-Seigneur, cherchant à Lui plaire toujours, et employant ses longues, heures de souffrance à Lui confier les intérêts de la Sainte-Église, ceux de la France, de sa communauté, de sa chère famille et des personnes qui lui faisaient quelque bien. Elle ne refusait rien afin de tout obtenir.    

Malgré les soins dévoués qui lui furent prodigués, la maladie de poitrine ne put être vaincue ; et le mardi 11 septembre, à 3 heures du matin, après six mois de vives souffrances, notre chère Soeur rendit paisiblement son âme à Celui qui l'avait comblée de biens. Elle était entourée de ses pieuses et dévouées compagnes, et avait reçu tous les secours et toutes les consolations de notre Sainte Religion des mains de notre vénéré Père supérieur et de Monsieur le Vicaire général, notre aumônier.

Veuillez, ma révérende Mère, accorder, au plus tôt, à notre chère Soeur Eustelle de Jésus, l'offrande du Saint-Sacrifice de la Messe et toutes les indulgences que votre charité voudra bien lui appliquer. Elle vous en sera très reconnaissante, ainsi que nous, qui avons la grâce d'être dans l'union de vos saintes prières,

Ma Révérende Mère,
Votre très-humble Soeur et Servante.
Sr MARIE DE JÉSUS-HOSTIE, R. C. Ind.
De notre Monastère de la Sainte-Trinité, de l'Immaculée-Conception et de notre Père Saint-Joseph des Carmélites de La Rochelle, le 15 Septembre 1888.

La Rochelle, Imprimerie Nouvelle Noël Texier.

Retour à la liste