Carmel

15 décembre 1892 – Bordeaux

 

Ma Révérende et Très Honorée Mère,

Paix et très humble salut en Notre-Seigneur qui vient de retirer des misères de l'exil, pour l'introduire dans les joies de la Patrie, nous en avons la douce confiance, notre chère et vénérée Soeur Marie-Adélaîde-Angèle de la Trinité, Professe de notre Communauté, âgée de 75 ans, 11 mois et demi, ayant de religion 27 ans et trois mois.

Le Divin Maître est venu convier son âme aux noces éternelles, en un jour où la Sainte Église chantait, à plusieurs reprises, dans sa liturgie sacrée : « Réjouissez- vous, car le Seigneur est proche. Il va répandre sa lumière sur les ténèbres les plus épaisses. Encore une fois, réjouissez-vous ! » Ces paroles de joie et d'espérance, à l'heure où nous quittait notre Soeur bien-aimée, nous ont été comme une révélation providentielle de ce que le Seigneur allait opérer, en faisant passer son Épouse fidèle des ombres de la douleur aux clartés de la Béatitude céleste.

L'oeuvre de la grâce a d'autant plus éclaté dans la vie religieuse de ma Soeur Angèle, ma Révérende Mère, que l'appel divin ne s'est fait entendre à son âme qu'a­près un demi-siècle environ passé dans le monde, et qu'il lui a fallu, pour répondre à la voix d'En Haut, rompre avec des habitudes de bien-être et d'indépendance profon­dément enracinées.

Dieu, qui s'était réservé de parler au coeur de la future Carmélite à une heure avancée de sa vie, sembla cependant, à l'aurore de son existence, donner un présage de ses saintes destinées, en plaçant son berceau sous les auspices de l'Enfant de Beth­léem. C'est le 25 décembre 1816, à Saintes, que vint au monde la petite Adèle. Née au sein d'une des premières familles de la Saintonge, elle reçut, dès son enfance, les leçons de foi et d'honneur qui sont l'apanage des coeurs vraiment nobles, et grandit sous l'oeil vigilant de ses parents chrétiens, au milieu d'un joyeux essaim de frères et de soeurs bien-aimés.

A l'âge de six ans, elle eut le malheur de perdre sa vertueuse mère ; mais elle trouva, ainsi que ses quatre frères et ses quatre soeurs, dans le coeur d'un père abso­lument dévoué à ses enfants, un redoublement de tendresse qui lui rendit cette perte moins cruelle et lui fit toujours bénir Dieu d'avoir placé, comme un Ange Gardien, à son foyer, ce patriarche vraiment digne de vénération.

Matin et soir, la prière se faisait en commun par le père de famille qui lisait ensuite, à haute voix, un chapitre de l'Imitation, ou la Vie des Saints, ou la Sainte- Écriture.

La bonne semence jetée dans ces jeunes âmes devait porter des fruits dans l'ave­nir ; et si de vaillants militaires sortirent de cette race foncièrement chrétienne, il en sortit aussi, plus tard, des membres consacrés à Dieu dans le sacerdoce et dans l'état religieux.

C'est au couvent des Dames de Chavagne que notre regrettée Soeur eut le bon­heur de faire sa première Communion et de recevoir le sacrement de Confirmation. Son séjour dans cette pieuse Maison fut très court ; mais elle reçut pendant plusieurs années les soins et les maternelles instructions des Religieuses du Sacré-Coeur, à Niort, et conserva toujours, avec reconnaissance et fidélité, les saintes impressions prises dans ce béni pensionnat.

Bien que pieuse à cette époque, la jeune Adèle, de retour chez son père, ne songea qu'à passer son temps le plus agréablement possible et à jouir innocemment, mais à plein coeur, des plaisirs que lui ménageaient sa condition et les relations choisies de sa famille.

Très affable et très spirituelle, Adèle gagnait vite les coeurs et se faisait recher­cher de tous; Cependant le Seigneur, qui l'avait marquée à son insu du sceau de sa prédilection, se servit de son attrait accentué pour l'indépendance, et ne permit pas qu'elle connût d'autres liens que ceux de sa propre volonté, Lui-même se réservant de briser ces derniers quand l'heure en serait venue.

La vie s'écoula donc pendant de longues années, pour notre chère Soeur Angèle. au milieu des réunions joyeuses, dans les voyages surtout ; et en cela on pouvait la reconnaître pour la petite-fille d'un amiral de France, et pour la soeur de brillants officiers qu'elle aimait à suivre de garnison en garnison, préférant au séjour de son château les péripéties du changement et de la nouveauté.

Les oeuvres de charité trouvaient pourtant leur compte dans cette existence un peu exceptionnelle, ma Révérende Mère, car Mademoiselle Adèle avait le coeur sur la main et sa générosité pour les pauvres était trop bien connue pour qu'on ne la mit pas souvent à contribution.

En 1854, lorsque notre regrettée Mère Catherine, de douce et sainte mémoire, fonda le Carmel de Saintes, cette oeuvre au berceau devint l'objet d'une tendre sollici­tude de la part de notre chère Soeur. Introduite auprès de la vénérée Fondatrice par son Directeur, M. l'abbé Dubreuil, qui se trouvait alors Supérieur de la Communauté naissante, Mademoiselle Adèle ne tarda pas à éprouver pour notre Mère Catherine une vive affection, et à la traduire par les témoignages d'une bonté sans mesure.

Cette nature franche, simple et généreuse, fut si bien appréciée de la Mère, en qui reluisaient d'ailleurs les mêmes qualités aimables, qu'une réciprocité de sentiments ne tarda pas à s'établir entre ces deux âmes. L'une ouvrait à l'autre des horizons nou­veaux, lui faisant entrevoir la perfection sous des aspects inconnus jusqu'alors, et celle- ci, docile aux mouvements et aux impulsions de la grâce, faisait peu à peu des progrès dans la piété et dans l'esprit de sacrifice.

Toutefois, repoussant la pensée de la vie religieuse que Dieu lui envoyait souvent, son parti était bien arrêté de conserver sa liberté ; et lorsqu'un jour, au parloir, Mon­sieur l'abbé Dubreuil, qui s'y trouvait avec elle, demanda à notre vénérée Mère ce qu'elle pensait de Mademoiselle Adèle, à la réponse qu'il en reçut que Mademoiselle Adèle serait Carmélite, celle-ci, avec un accent des plus énergiques, s'écria : « Moi, Carmélite?... Jamais ! jamais ! »

la lutte intérieure dura longtemps. L'âme de notre bonne Soeur, pour se tran­quilliser, essayait de se persuader que le soin de l'autel de la Sainte Face dans la chapelle du Carmel et les règlements du Tiers-Ordre de Saint-François dont elle faisait partie, devaient suffire, à son âge, pour remplir pieusement ses jours. Mais le Divin Maître frappait sans cesse à la porte de son coeur ; il fallut bien lui ouvrir.

L'austérité du Carmel acceptée, n'avait point assez de charme pour décider la Pos­tulante : Elle retardait toujours son entrée. Puis notre bien-aimée Mère Catherine avait quitté Saintes et l'aimant mystérieux qui attirait Mademoiselle Adèle vers le Monastère dont elle était la bienfaitrice insigne s'étant éloigné, il lui sembla qu'elle devait suivre à Bordeaux la Mère aimée de son âme et se consacrer à Dieu par ses mains.

C'est ainsi, ma Révérende Mère, que fut amenée vers nous ma Soeur Angèle de la Trinité et que, tout en restant bien tendrement attachée au béni Carmel de Saintes, elle passa dans notre Communauté les vingt-sept dernières années de sa vie.

Le 14 septembre, en la fête de l'Exaltation de la Sainte-Croix, notre vénérée Soeur, accompagnée de M. l'abbé Dubreuil, vint donc frapper à la porte de notre Monastère ; et comme son Directeur lui proposait de bénir son entrée sur-le-champ, puisque rien ne l'en empêchait, elle lui répondit : « Oh ! pour cela, non, mon Père ! J'ai dit que je n'entrerai que ce soir : laissez-moi faire ma volonté encore tout aujourd'hui ...»

Ces paroles, qui dénotaient si bien son caractère, ne furent point de mauvais augure pour notre Mère Catherine; au contraire, cette Mère expérimentée pressentit ce que pourrait la grâce dans cette âme virile et lui ouvrit sans hésiter les portes du cloître ; mais elle se promit de traiter vigoureusement la forte nature de sa Postulante et de l'éprouver sans ménagements. Sachant la tendresse filiale qu'elle avait pour elle et ne voulant pas que des vues humaines entrassent dans sa vocation, la prudente Mère commença, dès le premier jour, par la sevrer de tout rapport avec elle. » Vous n'êtes venue ici que pour suivre le penchant naturel de votre coeur, lui dit-elle sévèrement, eh bien ! ma Soeur, je vous défends de vous adresser à moi. Voilà la Maîtresse des Novices : c'est à elle que vous irez. Je me réserve de vous parler quand je le jugerai à propos. »

Or, notre Mère vénérée ne jugeait à propos de lui parler que pour la reprendre, l'humilier, la mortifier, afin de s'assurer des réelles dispositions de sa bien-aimée fille. Parfois, des larmes abondantes sillonnaient les joues de celle-ci, mais la Communauté voyait avec édification que ce traitement exceptionnel ne la rebutait jamais.

Le premier soin de ma Soeur Angèle, en entrant au Carmel, ma Révérende .Mère, fut de se mettre à la dernière place, d'ensevelir son nom et son passé sous le voile du silence et de s'effacer en toute rencontre. Jusqu'à la fin, elle marcha, ainsi, ne se mettant en avant que lorsqu'il s'agissait de rendre service ou de faire plaisir ; car elle eut toujours le secret des attentions filiales et fraternelles. Ne pas recourir à

elle quand il était question de dévouement, c'était jeter une ombre sur son bon coeur et lui causer une peine sensible.

Fervente et résolue d'embrasser, dans toute son étendue, la Règle austère du Carmel, notre bonne Soeur se mit à l'oeuvre sans délai, s'assujettissant comme une jeune Postulante aux moindres observances, aux plus petits devoirs et aux plus bas emplois.

Nous étions alors sur le point de transférer notre Monastère de l'intérieur de la ville au quartier plus aéré et plus sain qu'il occupe aujourd'hui. La Communauté, satisfaite des débuts de notre chère Soeur Angèle, se hâta donc de l'admettre à la grâce du Saint Habit ( bien qu'il n'y eût pas même trois mois d'écoulés depuis son entrée) et d'encourager ainsi .sa bonne volonté vraiment admirable.

Ce fut l'avant-veille de la fête de l'Immaculée-Conception qu'eut lieu la cérémonie et que la généreuse Postulante échangea avec bonheur les vêtements du monde pour la bure du Carmel.

Cependant, notre bien-aimée Mère Catherine poursuivait activement son travail d'épreuve à l'égard de cette âme généreuse et redoublait de rigueur apparente, saisis­sant toutes les occasions pour la mortifier. Cette conduite était non seulement acceptée avec soumission par ma Soeur Angèle, mais elle lui faisait dire avec gratitude : « J'avais besoin de cette main ferme pour réduire ma nature... Dieu m'a fait trouver ce qu'il me fallait. » Souvent même, aux jours où la Novice avait été le plus humiliée par sa Mère Prieure, on remarquait sur sa physionomie un certain rayonnement de joie qui édifiait grandement ses Compagnes de Noviciat.

Le nouveau Monastère étant enfin terminé et la chapelle bénite, toutes nos Soeurs furent heureuses de s'attacher par la Sainte Profession cette Soeur bien-aimée, que la grâce avait transformée en moins de deux ans et qui soupirait si ardemment après la consommation de son sacrifice. Elle eut la joie de prononcer les Saints Voeux le 30 juin 1867, et de s'ensevelir sous le voile noir tant désiré, le lendemain, 1er juillet.

En cette occasion, notre regrettée Mère Catherine ne put s'empêcher de lui dire, en présence de toutes : « Ma fille, je croyais que votre grande affection pour moi vous avait attirée ici ; mais je dois reconnaître que, depuis votre entrée au Carmel, vous n'avez pas dévié du droit chemin, et que vous n'avez vraiment cherché que Dieu. »

Ce témoignage, spontanément sorti du coeur maternel, après vingt mois et plus d'épreuves multipliées, fut un puissant encouragement pour ma Soeur Angèle de la Trinité, et lui donna un nouvel élan vers la perfection de son saint état.

Aussitôt après sa Profession, on lui confia l'office de Portière qu'elle remplit pen­dant presque toute sa vie avec un absolu dévouement. Cet emploi, dont sa robuste santé lui rendait l'exercice facile et même nécessaire, ne l'empêcha point de se tenir toujours au dernier rang, avec une simplicité pleine de naturel.

Ce qu'avait été notre chère Soeur Angèle durant son Noviciat, elle le fut encore dans la suite : fervente au service de Dieu, docile aux moindres désirs de sa Mère Prieure, modeste, empressée à pratiquer la charité. Dans les dernières années mêmes, alors qu'elle ne pouvait plus travailler, elle trouvait le moyen de rendre encore de petits services à ses Soeurs ; et quand on lui demandait pourquoi elle se donnait tant de peine, étant si faible, elle répondait avec un sourire où brillaient des larmes de joie : « C'est parce que j'ai promis à Jésus de faire chaque jour trois actes de charité, et que je ne veux pas me laisser surprendre par le soir sans les avoir accomplis.

11 faut le dire aussi, ma Révérende Mère, une grande vivacité de caractère était le champ des combats de notre bien-aimée fille ; mais les retours de son bon coeur étaient si prompts, que les nuages de la tentation étaient aussi vite dissipés qu'amon­celés.

.Ses lectures, toujours sérieuses, se faisaient le plus souvent dans les livres traitant de l'amour des mépris et des croix. Ses oraisons avaient ordinairement pour sujet la Passion de Notre-Seigneur, vers laquelle son culte pour la Sainte-Face de Jésus souffrant la ramenait de préférence. Sainte Magdeleine et sainte Véronique étaient ses patronnes de prédilection et c'était toujours en leur compagnie qu'elle se tenait aux pieds du divin Maître et qu'elle le suivait dans les stations de la voie douloureuse.

11 y a deux ans, ma Révérende Mère, l'Epoux divin qui se plaît souvent à crucifier les parties vives de l'âme, vint toucher une fibre sensible du coeur de notre bonne Soeur Angèle de la Trinité et lui demander l'acceptation d'un calice bien amer : l'inaction, l'impuissance, la dépendance jusqu'au dernier degré.

Voyant avec peine l'affaiblissement notable qui se produisait dans ses organes physiques et dans ses facultés morales, nous dûmes retirer tout office à notre bien- aimée fille, même celui des chausses dont elle s'occupait depuis longtemps, et lui prescrire un séjour habituel à l'infirmerie. Cependant elle venait encore au réfectoire et à la récréation ; mais, depuis quelques mois, ses jambes lui refusant le service, elle fut réduite à demeurer dans son fauteuil d'infirme et à y subir l'action crucifiante du Seigneur, sans autre dédommagement que celui du dévouement fraternel qui lui prodi­guait ses soins avec la tendresse dont la charité religieuse a le secret. Encore, ce que nous appelons dédommagement n'était-il peut-être qu'une souffrance de plus pour notre regrettée Soeur qu'humiliait profondément, aux intervalles de lucidité, cet assujettissement extrême.

Cependant, chaque fois que nous entrions dans son infirmerie pour la visiter et la bénir, toute ombre de souffrance s'évanouissait; son visage s'éclairait d'un sourire gracieux, et sa religieuse et filiale affection pour nous lui faisant oublier les amer­tumes de son état, elle ne se plaignait de rien, se montrait, au contraire, satisfaite de tout et goûtait un vrai plaisir à nous voir près d'elle.

Souvent elle poussait vers Jésus et Marie de véritables clameurs, les suppliant d'avoir pitié d'elle; ou bien elle récitait le Salve Regina d'un ton qui touchait et conso­lait à la fois : car on aimait à penser que la chère malade méritait encore, au sein de cette vie en ruines, à demi consciente d'elle-même, et qu'elle se purifiait dans le creuset d'une suprême épreuve.

Rien ne faisait présager pourtant sa fin prochaine, lorsque le 6 de ce mois, jour anniversaire de sa prise d'Habit, elle fut atteinte d'un rhume insignifiant d'abord, qui tourna bientôt eu congestion pulmonaire et se compliqua d'une paralysie du cerveau très accentuée. La nuit se passa dans une prostration inaccoutumée qui ne cessa plus qu'à de rares intervalles et qui nous inquiéta tellement que le 7, à cinq heures du soir, nous fîmes entrer notre bon Père Confesseur pour lui administrer le Sacrement de l'Extrême-Onction.

Tous les moyens employés par notre excellent Docteur pour essayer de mettre notre chère Soeur Angèle en état de se confesser et de recevoir le Viatique des mourants n'ayant pas produit l'effet désiré, nous dûmes adorer les secrets desseins de Dieu et passer cinq jours auprès de cette couche de douleur dans une supplication non interrompue, renouvelant fréquemment les prières de l'agonie, suggérant à la malade de pieuses invocations, des actes d'amour, de contrition et d'abandon à la divine Miséri­corde. Plusieurs fois, notre dévoué Père Aumônier revint la bénir; notre vénéré Père Confesseur extraordinaire entra aussi pour lui faire une dernière visite; mais ce fut notre digne et bon Père Supérieur qui se trouva près d'elle en un moment qui lui parut lucide et qui lui permit de lui donner la Sainte Absolution, avec quelque espoir que la grâce du Sacrement avait été reçue.

Ces lueurs d'intelligence, bien que fugitives, nous étaient une consolation, vous le comprenez, ma Révérende Mère, et nous aimions à les saisir pour faire baiser le crucifix à la mourante et l'encourager à souffrir amoureusement. Il est à remarquer qu'elle nous reconnaissait toujours et nous répondait avec un sourire où son coeur filial et son esprit de foi en sa Mère Prieure transpiraient encore.

Son agonie dura deux jours et fut très douloureuse. Bien que notre chère fille eût perdu complètement la parole, il nous semblait, à voir l'expression de son visage, qu'elle était peut-être plus consciente que jamais de son état et que Dieu se communi­quait à son âme dans le secret d'une intime et suprême union, préludant à l'union éternelle.

C'est dimanche soir, 11 du courant, vers six heures, que notre Soeur vénérée s'est paisiblement endormie dans le Seigneur, la Mère Sous-Prieure, la plupart de nos Soeurs et nous présentes : le reste de la Communauté se trouvant au choeur où venait de se donner la bénédiction du Très Saint-Sacrement.

L'impression de douce sérénité où nous a toutes laissées la mort de ma Soeur Angèle de la Trinité, sa fin si calme après tant de cruelles souffrances et son départ de ce monde effectué sous les auspices de Marie-Immaculée dont nous célébrions encore l'Octave bénie, nous font espérer qu'elle recevra bientôt sa récompense. Mais comme la profondeur des Jugements divins est insondable, nous vous prions, ma Révérende Mère, de vouloir bien lui faire rendre au plus tôt les suffrages de notre Saint Ordre ; par grâce, une communion de votre fervente Communauté, une journée de bonnes oeuvres, les Indulgences du Via crucis, celles des six Pater, une invocation à la Sainte-Face, à Marie-Immaculée, à notre Mère sainte Thérèse, à notre Père saint Jean de la Croix, à sainte Magdeleine, à sainte Véronique et à saint François, objets de sa tendre dévotion. Elle vous en sera très reconnaissante, ainsi que nous qui avons la grâce de nous dire, avec un religieux et affectueux respect, aux pied de Notre- Seigneur,

Ma Très Révérende Mère,

Votre bien humble Soeur et servante,

Soeur MARIE de la TRINITÉ, R. C. ind.

De notre .Monastère de l'Assomption et de Saint. Joseph, des Carmélites de Bordeaux. Ce 15 Décembre 1892.

 

P. S. — Au moment où nous terminons cette lettre, un Carmel nous prie de réclamer les suffrages de l'Ordre en faveur d'une Soeur décédée il y a quelques semaines et pour laquelle on ne fera pas de circulaire.

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