Carmel

14 avril 1888 – Carcassone

QUE LA SAINTE ET ADORABLE VOLONTÉ DE DIEU SOIT FAITE!

Ma Très Révérende Mère,
II a plu à Dieu, dans ses incompréhensibles desseins, de rappeler à lui notre bien aimée Mère MARIE JOSEPH de JÉSUS-CRUCIFIÉ , Prieure de notre Monastère, décédée à l'âge de 59 ans, après 28 ans de profession religieuse.
Nous perdons une Mère aimante et dévouée, en même temps qu'un modèle achevé des vertus religieuses. On ne savait qu'admirer le plus en elle, ou de cette distinction que l'éducation et la naissance lui avaient donnée, ou de cette affabilité de coeur qui rendait son commerce si facile et si agréable, ou de cette intelligence qui sut se montrer à la hauteur de toutes les difficultés, ou de cette piété tendre qui l'entraînait vers Dieu avec un charme irrésistible.
Tour à tour Maîtresse des Novices et Prieure du Monastère, elle a rempli les importantes charges qui lui étaient confiées avec une rare perfection.
Toujours désireuse d'étendre autour d'elle le  règne de Notre Seigneur Jésus-Christ, elle avait rêvé d'établir dans le Monastère le siège d'une Confrérie de la Sainte Face. L'Autorité Diocésaine, agréant ses voeux, érigeait le 11 mars dernier, cette pieuse Confrérie dans notre Chapelle ; et, comme si notre Mère n'eut vécu que pourvoir se réaliser ce cher désir de son coeur, elle nous a été brusquement enlevée, le 11 de ce mois d'Avril , à 2 heures de l'après-midi , par un mal terrible contre lequel nos prières et nos soins sont demeurés impuissants.
Sa vie si conforma à celle du divin Modèle dont elle portait le nom nous laisse la douce confiance que cette bonne Mère aura trouvé grâce devant le Souverain Juge. Mais il ne nous reste pas moins le devoir de prier pour elle et d'offrir à Dieu des oeuvres satisfactoires pour le repos de son âme.
Nous osons vous demander, ma Révérende Mère, d'unir vos prières aux nôtres et de lui accorder au plus tôt les suffrages de notre Saint Ordre. Elle vous sera reconnaissante de ce que votre charité fera pour elle, et nous-même nous vous en conserverons devant Dieu le perpétuel souvenir.
Avec nous, vous voudrez bien prier aussi pour la famille de notre Mère, pour les prêtres, les religieux et religieuses, ainsi que les pieux fidèles qui ont bien voulu nous donner, en cette triste circonstance, des témoignages précieux de leur vive sympathie.
Nous avons l'honneur de nous dire,
Ma Très Révérende Mère,
Votre humble Soeur et Servante, SŒUR THÉRÈSE de JÉSUS, sous-prieure
De notre Monastère de la Très Sainte Trinité, de notre Père Saint-Joseph, de notre Sainte Mère Thérèse, des Carmélites de Carcassonne, ce 14 avril 1888.

Carcassonne, F. Pomiès, Imprimeur de Monseigneur l'Évêque.

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