Carmel

12 Février 1893 – Tulle

J. M. J.

Ma Révérende et très honorée Mère,

Paix et très humble salut en Notre-Seigneur Jésus-Christ.

Ce Divin Sauveur exposé à nos adorations sur l'autel de son amour en ces heures de grâces et d'expiations, vient de se choisir au milieu de nous et d'une façon tout à fait imprévue, une humble et très aimante victime ; il impose ainsi à tous nos coeurs une crucifiante épreuve.

Notre regrettée soeur : Juliette-Euphrasie-Pélagie des Sept-Douleurs, professe de notre monastère, âgée de cinquante-sept ans, trois mois, dix-neuf jours, dont quarante ans, deux mois passés dans la sainte religion, nous a quittées aujourd'hui 12 février, vers quatre heures du soir. Cette chère Soeur s'est paisiblement endormie du sommeil des Justes, nous pourrions dire presque sans douleur, si depuis longtemps une vie maladive ne l'avait, il semble, un peu habituée à la souffrance. Son passage du temps à l'éternité a été si prompt, si rapide que tout en connaissant les bonnes et saintes dispositions de cette âme, un départ aussi inattendu nous laisse doublement affligée; mais cependant pleine d'espérance. Pour notre bien-aimée Fille, en effet, la vie était une incessante préparation à ce redoutable passage. L'Epoux divin aura certainement trouvé son épouse veillant pour l'attendre dans une prière continuelle et fervente : ses journées la trouvaient solitaire et recueillie, tout entière à son modeste travail qu'elle offrait au bon Dieu, vivant joyeusement sous son divin regard et n'étant en tout et partout occupée que de Lui.

Malgré les assurances que nous donne la vie sainte et pieuse de notre si regrettée soeur, nous avons hâte de vous demander pour elle, ma révérende Mère, les suffrages de notre Saint Ordre. Que votre charité veuille bien y joindre par grâce, une communion de votre fervente Communauté, une journée de bonnes oeuvres, le Via Crucis, l'indulgence des 6 Pater, notre bien chère soeur vous en sera profondément reconnaissante ainsi que nous qui avons la grâce de nous dire, au pied de la croix de notre divin Maître, Ma Révérende et très honorée Mère,

 

votre très humble soeur et servante en Notre-Seigneur,

Soeur MARIE-ARCHANGÈLE de l'Enfant Jésus.

R. C. I.

De notre monastère de Jésus, Marie, Joseph, Thérèse,

des Carmélites de Tulle, le 12 février 1893

Retour à la liste