Carmel

12 février 1890 – Marseille

 

 

Ma Révérende et très honorée Mère,

Paix et très humble salut en Notre-Seigneur qui vient de visiter de nouveau, par la Croix, notre chère solitude embaumée encore du doux parfum des héroïques vertus de notre vénérée et à jamais regrettée Mère Saint-Henri, en enlevant à notre affection notre bien chère Soeur Marie Magdeleine Amable de Jésus Hostie de notre Père saint Joseph et de notre sainte Mère Thérèse, professe de choeur, âgée de 34 ans, 11 mois et 1 jour, et de religion 8 ans, 8 mois et 2 jours.

Nous aurions éprouvé bien de la consolation, ma Révérende Mère, à vous parler de cette bien-aimée défunte, à vous faire connaître son esprit de communauté, son affection si tendre pour son cher Carmel, à qui son bon coeur lui faisait désirer de procurer des secours par son honorable famille, désir auquel il fallait bien souvent mettre les bornes de l'obéissance. Se rendre agréable à ses bien-aimées Soeurs était pour elle un besoin et un bonheur qui épanouissait son coeur aimant, aussi le vide est-il bien grand pour nous, et quoique le coup fût prévu et qu'une maladie de deux mois, durant laquelle elle a montré la plus grande résignation dans les plus vives souffrances, nous y eût préparées, le sacrifice n'en est pas moins douloureux pour nous.

Respectant son désir inspiré par sa profonde humilité, nous nous bornerons donc, ma Révérende Mère, à solliciter pour notre chère défunte les suffrages de notre saint Ordre, sans nous étendre plus longuement. Par grâce, une communion de votre fervente Com­munauté, une journée de bonnes oeuvres, l'indulgence des six Pater, du Via Crucis, quelques invocations à la sainte Vierge, notre l'ère saint Joseph et sainte Magdeleine, objets de sa tendre dévotion, elle vous en sera très reconnaissante, ainsi que nous, qui avons la grâce de nous dire en union de vos saintes prières et au pied de la Croix de Jésus,

Ma Révérende et très honorée Mère,

 

Votre très humble servante et Soeur,

Sr Marie du Sacré-Coeur

rci

De notre Monastère de Sainte Madeleine au pied de la Croix, sous la protection de notre sainte Mère Thérèse, des Carmélites de Marseille, près le Boulevard Guigou,

le 12 février 1890

 

Imprimerie Marseillaise, rue Sainte, 39.

 

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