Ma très Révérende Mère, Très humble et respectueux salut en Notre Seigneur qui, au. commencement de la Ste Quarantaine, nous a visitées en rappelant à Lui notre chère Soeur Elisabeth de S1 Joseph, du voile blanc, dans la 31me année de son âge et la 14me de sa vie religieuse. Après avoir pris le St Habit an Carmel de Pau, notre chère Soeur vint compléter la petite Communauté du Carmel de Bethléem, où elle fit profession au beau jour de la fête de notre Père S' Joseph. Le bon Dieu, qui l'avait appelée de bonne heure à son service, lui accorda encore la grâce de ne quitter son office de dévouement à la cuisine qu'au moment où elle fut subitement atteinte du mal qui devait l'emporter. Nous l'avions bien vue un peu fatiguée depuis quelques jours mais il fallut insister pour lui faire accepter du repos et des soins, car elle assurait, après avoir pris quelques soulagements, qu'elle était bien et n'avait plus besoin de rien. Elle demandait au bon Dieu de pouvoir continuer son devoir à la cuisine. Le Vendredi 15 février, dans la soirée, elle se trouva très fatiguée, et le lendemain nous avions la certitude qu'elle était atteinte d'une phtisie galopante, qui s'aggrava bientôt .d'une fièvre maligne. Sa constitution 'robuste, et les remèdes énergiques, qui lui furent appliqués, ne servirent qu'à prolonger sa vie de quelques jours. Dans cet état elle se montra généreuse, ne se plaignant jamais, ne demandant rien, et se montrant reconnaissante des soins qui lui furent prodigués. Lorsque le Sacrement de l' Extrême-Onction lui fut administré, elle récita le confiteor, à haute voix, et nous fûmes profondément touchées de l'accent d'humilité avec lequel elle demanda pardon à la Communauté... Elle reçut plusieurs fois le St Viatique; et les prières du Manuel, pour la recommandation de l'âme lui furent aussi plusieurs fois réitérées. Elle s'y unissait et priait encore lorsque nous récitâmes une dernière fois les prières des mourants. C'était le Jeudi 7 Mars, à 3 heures de l'après midi, qu'elle rendit son âme à son Créateur, la Communauté et nous présentes. Nous avons la douce confiance que le bon Dieu aura reçu cette chère âme dans le sein de sa miséricorde; et nous vous prions, ma Révérende Mère, de lui accorder au plus tôt les suffrages de notre St Ordre, et tout ce que votre charité voudra tien y ajouter. Elle vous en sera très reconnaissante, ainsi que nous, ma Révérende Mère, qui avons l'honneur d'être auprès de la Crèche du Divin Enfant Jésus Votre très humble petite Soeur et servante Sr Euphrasie du St Enfant Jésus Carm. déch. De notre Monastère, du St Enfant Jésus, de la Colline de David. Bethléem, ce 10 Mars 1889 Jérusalem - Imprimerie des PP. Franciscains
