Carmel

09 juillet 1892 – St-Brieuc

 

Ma Très Révérende Mère,

Que la grâce du Saint-Esprit soit toujours en l'âme de Votre Révérence ! Amen.

Notre-Seigneur vient de nous demander un douloureux sacrifice en enlevant à notre religieuse affection notre chère Soeur Aurélie-Irène-Marie de la Croix, dans la 71e année de son âge et la 26e de sa vie religieuse.

Notre bien chère Soeur n'avait encore que 17 ans, lorsque, pour répondre à l'appel divin, elle se consacra à Dieu par le voeu de virginité perpétuelle.

Retenue dans le monde, jusqu'à 44 ans, par les devoirs de la piété filiale, elle se dévoua à toutes sortes de bonnes oeuvres, et fut comme le bon ange des jeunes filles de sa paroisse où son nom est resté en bénédiction.

Aussitôt après la mort de son vénéré père qu'elle eût le bonheur de ramener à la pratique religieuse, elle entra dans notre Monastère, où elle s'est fait constamment remar­quer par une parfaite soumission de jugement, un grand esprit de dépendance, une tendre charité pour toutes ses Soeurs, un entier dévouement dans la charge de dépositaire.

Pendant les 6 dernières années de sa vie, affligée d'une longue et pénible maladie qui la priva peu à peu de l'usage de tous ses membres, notre chère Soeur a supporté ses souffrances avec une admirable conformité à la volonté divine. Notre-Seigneur lui laissa cependant une grande consolation : chaque jour, jusqu'au mardi 4, elle pût être conduite au choeur pour y recevoir la sainte Communion.

Le vendredi, 6 juillet, à 9 heures un quart du soir, Notre Bien-Aimée Soeur Marie de la Croix rendait son âme à Dieu, dans une sainte paix, entourée de sa chère Communauté qu'elle aimait tant et dont elle était tendrement aimée.

Nous espérons, ma Très Révérende Mère, que les longues souffrances de notre chère Soeur lui ont déjà ouvert les portes du ciel. Veuillez cependant lui faire rendre, au plus tôt, les suffrages de Notre Saint-Ordre, et ce que votre charité sera inspirée d'y ajouter.

Veuillez agréer, ma Très Révérende Mère, l'expression du religieux respect avec lequel je suis en Notre-Seigneur,

De Votre Révérence,

 

La très humble soeur et servante,

S' Magdeleine-Angeline, C. D. I, Prieure.

De notre Monastère de Notre Père Saint-Joseph des Carmélites Déchaussées de Saint-Brieuc.

Le 9 Juillet 1892.

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