Carmel

07 avril 1894 – Montauban

 

Ma Révérende et Très-Honorée Mère,

 

Paix et humble salut en Notre-Seigneur, qui vient d'enlever à notre reli­gieuse affection notre bien chère Soeur Antoinette-Madeleine de Saint-Joseph, professe de cette maison, dans la 67me année de son âge et la 33e de la vie reli­gieuse.

Notre chère Soeur avait en grande estime sa vocation de Carmélite et c'était toujours avec une effusion de reconnaissance envers Dieu qu'elle parlait de la grâce de son appel à ce saint état. Elle sut apprécier les avantages de la solitude et de la retraite qui en sont pour ainsi dire l'élément. Elle y pouvait aussi satisfaire son attrait pour les lectures spirituelles, desquelles elle se plaisait à transcrire des passages choisis, dont elle faisait de vrais recueils.

Nous avons pu voir en ceci, comme en bien d'autres points, se manifester cet esprit de pauvreté, qui la rendait ingénieuse à utiliser des débris de papiers, ou autres petits riens et à se contenter des moindres choses pour son usage.

Notre chère Soeur Madeleine de Saint-Joseph tenait à suivre la règle sans soulagements, ce qu'elle prouva par les efforts courageux qu'elle s'imposa pour s'y conformer le plus longtemps possible. Notre-Seigneur a dû bénir cette dis­position ; notre regrettée Soeur a été rarement et à de courts intervalles obligée de rompre l'observance. Cinq jours avant sa mort elle suivait, comme de cou­tume, nos exercices réguliers, malgré nos invitations à prendre un peu de repos, une certaine altération, empreinte sur ses traits, nous révélant quelque fatigue. Le Dimanche, Ier Avril, une congestion pulmonaire des plus graves se déclarait, le lendemain notre chère Soeur recevait les derniers sacrements dans les meil­leurs sentiments de foi et d'abandon à la sainte volonté de Dieu.

C'est Mercredi, 4 Avril, jour où nous célébrions la fête transférée de notre Père Saint-Joseph, qu'elle a quitté l'exil. Nous aimons à voir dans cette circonstance une marque de la protection de son glorieux et bien-aimé Patron. A 10 heures du soir elle a rendu son âme à Dieu, assistée de Monsieur notre dévoué Père Confesseur, quelques soeurs et nous présentes, le reste de la commu­nauté étant au choeur pour l'office des matines.

Veuillez, ma Révérende Mère, faire rendre au plus tôt à notre chère défunte les suffrages de notre Saint-Ordre et y ajouter une communion de votre Sainte Communauté, ainsi que l'indulgence du chemin de la Croix.

C'est en union de vos saintes prières que nous avons la grâce de nous dire, ma Révérende et très-honorèe Mère.

Votre humble soeur et servante en Notre-Seigneur,

Soeur MARGUERITE-MARIE DU CŒUR DE JESUS.

R. C. I.

De notre monastère du Saint-Enfant Jésus et de notre Sainte Mère Thérèse des Carmélites de Mon- tauban, le 7 avril 1894.

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