Carmel

02 juillet 1891 – St-Denis

 

Ma Révérende et Très Honorée Mère,

Paix et très humble salut en Notre-Seigneur Jésus-Christ qui, dans sa Volonté toujours adorable, vient d'enlever à notre religieuse affection, au lendemain de la fête de la Très Sainte Trinité; notre bien chère Soeur Jeanne-Françoise-Marie-Madeleine de Jésus, du voile blanc, âgée de 55 ans et 3 jours, et de profession religieuse 25 ans 7 mois et 15 jours.

 

Notre bonne Soeur appartenait à une famille vraiment patriarcale de notre catholique Bretagne. Elle était l'aînée de dix enfants et puisa, dès son bas âge, dans les leçons et les exemples d'une mère vertueuse et solidement chrétienne, cette foi vive qui fut comme le caractère distinctif de son âme. Bien jeune encore, elle vit l'épreuve changer tout à coup sa douce vie de famille. La bonté excessive de ses chers parents fut trompée, et bientôt, obligés de quitter leurs propres terres, ils durent se mettre au service de leurs voisins. Puis, Dieu leur demanda successivement le sacrifice de leurs enfants, de ceux qui semblaient répondre à leurs plus douces espérances par leur intelligence et leur piété. Mais comment retenir ces chers anges que Dieu appelait, auxquels II se révélait déjà avec ses charmes infinis? a Maman, disait l'un d'eux en embrassant sa pauvre mère toute en larmes, je veux aller voir le bon Dieu... Je veux aller au Jésus. » Et peu après les désirs de ce petit élu étaient comblés, il voyait Dieu tandis que les parents désolés pleuraient le départ de ce sixième enfant. Le père succomba à tant d'épreuves, et la petite Jeanne comprit à cette heure même qu'elle devait devenir le soutien de sa pauvre mère et des trois enfants qui lui restaient encore. Elle fut acceptée dans une ferme, près de sa mère, et là, malgré ses 14 ans, elle montra une prudence et une sagesse bien au-dessus de son âge. Recherchant les personnes âgées, fuyant les moindres dangers, elle venait, dès qu'elle était libre, se réfugier sous l'aile maternelle, heureuse de lui offrir les premiers fruits de son travail. Elle entourait aussi ses deux frères et sa petite soeur des soins les plus assidus, cédant à tous leurs désirs et se dévouant tout entière. Mais la pauvreté restait grande au modeste foyer et la petite Jeanne, voulant se sacrifier sans mesure pour venir en aide à sa mère, se décida à la quitter. Elle fut placée par un pieux ecclésiastique dans une excellente famille et les jeunes filles qu'elle servait lui donnaient en retour l'exemple de toutes les vertus. Elles avaient entendu l'appel du Maître et l'une d'elles se consacra à

Dieu au Carmel, tandis que l'autre se dévoua à toutes les oeuvres de zèle chez les Religieuses Auxiliatrices du Purgatoire. Quelques années plus tard elle fut conduite par la Providence dans une autre famille aussi honorable et aussi chrétienne que la première, où l'on conserve le meilleur souvenir des huit années qu'elle y passa. Là encore, les jeunes filles auxquelles elle prodiguait ses soins et son dévouement étaient de futures Épouses de Notre-Seigneur, et l'une de ses jeunes maîtresses la précéda au Carmel où elle la pleure aujourd'hui comme une soeur. C'est qu'elle avait pu apprécier,, mieux que personne, les vertus de notre chère Fille. Elle nous écrivait, il y a peu de jours : « Jeanne était entourée d'estime et d'affection, nous la regardions presque comme faisant partie de la famille. Pour protéger sa jeunesse, nos parents lui procuraient d'innocentes joies et laissaient libre cours à son expansion naïve, à ses réflexions spirituelles. Son humeur égale, son aimable caractère rendaient la vie agréable. Avec tact et déférence elle savait consoler nos petites peines quand elle nous voyait tristes, elle allait au-devant des caractères un peu difficiles et se conciliait tous les coeurs. Dans nos maladies elle se dévouait dans un complet oubli d'elle-même et ne retrouvait sa joie habituelle que lorsque nous étions tout à fait remises. » A côté de cette voix bienveillante qui voudrait louer sans mesure les services de cette pieuse enfant, nous voudrions, Ma Révérende Mère, être à notre tour l'écho des sentiments de notre chère Fille. Jusqu'à son dernier jour elle aimait à nous raconter, avec une émotion qui ne vieillissait pas, ce qu'avait été pour elle cette famille bénie, les soins dont on l'entourait, la bonté et les attentions de ses maîtresses qui partageaient également ses joies et ses douleurs de famille, la liberté qu'on lui laissait pour ses devoirs religieux, les exemples enfin qui l'encourageaient sans cesse à mieux servir Dieu et à l'aimer davantage.

Vous savez. Ma Révérende Mère, ce qu'est la Providence pour les petits oiseaux du ciel, et de quel amour elle entoure ses plus humbles créatures. Ainsi conduisit-elle, par une suite de mystérieuses attentions, notre chère Fille vers un prêtre vénéré dont la mémoire est restée en bénédiction à Rennes. Il s'intéressa à cette enfant et la fit entrer dans la Congrégation des domestiques et des ouvrières. Chaque année elle en suivait la retraite, son âme y puisait de plus vives lumières ; sa ferveur s'y embrasait d'ardeurs nouvelles. Il lui permit la Communion fréquente et Dieu, en se donnant à cette âme généreuse, lui demanda aussi le don complet d'elle-même. Elle aurait bien voulu suivre sans retard la voix qui l'appelait, mais sa pauvre mère ne vivait que du fruit de son travail, et sa soeur, plus jeune qu'elle, était si malade qu'on ne pouvait songer à la placer nulle part.

Jeanne était une âme de foi, elle crut à la parole divine et elle fit un grand nombre de neuvaines à saint Joseph. Contre toutes, prévisions la santé de sa jeune soeur changea subitement, les inquiétudes disparurent et bientôt elle vint rejoindre celle à laquelle, après Dieu, elle devait la vie sans le savoir.

C'était le signe que Jeanne avait demandé au Bon Maître comme marque de sa volonté.

Libre du côté de sa mère à laquelle elle s'était dévouée si complètement, elle se donna à Dieu tout entière. Après quelques démarches infructueuses auprès de plusieurs Carmels de Bretagne, on lui offrit une place de Soeur du voile blanc dans notre monastère. Elle n'hésita pas un moment à quitter cette terre de Bretagne si chère à ceux que Dieu y a fait naître ; puis, recueillant jusqu'à la dernière obole de ses petites économies, elle vint tout remettre à sa bonne mère en lui disant adieu. Bien des larmes furent versées dans cette séparation, mais la mère trouvait dans sa foi le courage de répondre à ceux qui la plaignaient : « Que voulez-vous? puisque c'est le bon Dieu qui le veut ».

La jeune Postulante arriva à Saint-Denis au moment où Dieu venait de rappeler à Lui notre vénérée

 

Mère, Stanislas du Coeur de Jésus. La Communauté restait orpheline. Sa douleur était inconsolable ; aussi l'arrivée de la pauvre enfant fut-elle bien triste. Elle entra dans la clôture à la suite du cercueil qui devait recevoir les reste? de notre bien-aimée Mère.

La Maîtresse des Novices la conduisit auprès de cette chère dépouille et, prenant la main glacée de la vénérée défunte, traça un petit signe de croix sur le front de la nouvelle Postulante.

Celle-ci accepta tout de suite très généreusement les sacrifices de la vie qu'elle embrassait: rien ne lui coûtait quand il s'agissait de se dévouer, d'agir, de travailler, elle ne s'épargnait pas; mais le côté contemplatif de notre vie lui causa, au premier moment, une pénible surprise.

Il y a quelques mois à peine, notre chère Soeur Madeleine se trouvant en licences chez une de nos •Soeurs avec plusieurs Novices et Postulantes rappelait ainsi ses premières impressions avec un charme que nous ne saurions rendre : « Quand je me vis placée, pendant l'oraison, devant la grille, je me sentis accablée de tristesse et je ne pouvais m'empêcher de dire : « Que je m'ennuie donc à l'oraison ! Ah ! mon Dieu que je m'ennuie ! Dire que j'ai tant d'ouvrage et qu'il faudra chaque jour rester deux heures entières à ne rien faire 1 Encore, si je pouvais réciter mon chapelet! Dire que je vais passer ma vie devant ce rideau I » .

Sa nature ardente se révoltait en face de cette perspective. Elle avoua naïvement sa peine à sa Mère Prieure et apprit d'elle à si bien employer le temps de l'oraison qu'elle disait à nos jeunes Soeurs, en terminant son petit récit : « Ah ! mais c'est qu'après cela je ne parlais plus ainsi, et maintenant je ne trouve jamais le temps assez long. » En effet, deux jours avant sa mort, nous parlant de l'oraison du matin, elle nous disait : « C'est une heure de délices ; je fais pendant ce temps toutes mes petites conventions avec le Bon Dieu pour la journée. » Elle eut la grâce de la faire encore le matin même où «lie nous quitta.

La vie d'une Soeur du voile blanc est plus que toute autre une vie cachée. Nous ne pouvons donc pas trouver de grands événements dans celle de notre bonne Soeur Madeleine de Jésus.

La Mère qui lui a fait faire profession nous dit que pendant son noviciat elle se montra ferme et résolue dans le bien, ne refusant jamais un sacrifice que Dieu lui demandait. Loyale et sincère à l'excès, il fallait souvent l'arrêter quand elle disait ses coulpes, et si l'on témoignait du mécontentement de ce dont elle s'accusait, c'était une raison pour elle de chercher une circonstance aggravante. Âme de prière, très occupée des besoins de l'Église, elle recevait en retour de grandes lumières dans l'oraison.

Nous pouvons dire, Ma Révérende Mère, que sa vie tout entière est résumée dans ces quelques lignes. Elle vivait de la foi et sa prière accompagnait toutes ses oeuvres. On la rencontrait partout avec son chapelet, elle disait le Rosaire tous les jours, faisait le Chemin de la Croix et grand nombre d'autres dévotions. Elle avait un amour tout spécial pour le Sacré-Coeur et pour la Sainte Vierge. Elle priait aussi beaucoup saint Joseph et avait en notre Vénérable Mère Thérèse de Saint-Augustin une confiance toute filiale.            '

Elle demandait avec une ferveur admirable la conversion des pauvres pécheurs et accélérait quelquefois sa prière selon l'impétuosité de ses désirs.

Un jour, les Soeurs occupées ensemble à la lessive se mirent à réciter le chapelet, mais sa voix devançait toujours celle des autres. Une de nos Soeurs alors s'approche d'elle et lui dit doucement : «Ma Soeur vous finissez vraiment trop tôt, ce n'est pas assez dévot. » Notre bien-aimée Fille alors s'enflamma de zèle, et avec une sainte émotion elle s'écrie : « Mais ma pauvre Soeur pendant ce temps les âmes se perdent, moi j'aime à prier lestement ! »

Le coeur délicat et reconnaissant de cette bonne Soeur lui imposait comme un doux devoir de prier beaucoup pour nos chers Bienfaiteurs. Elle savait tout le bien que la Providence nous fait par leur entremise, et leur donnait en échange ses pieuses et ferventes prières. Leurs joies et leurs peines devenaient les siennes et nous ne pouvons dire combien de fois elle a récité à leur intention « les mille Ave ».

L'exercice de la charité était chez elle de tous les moments, et elle savait trouver dans son dévouement la force et le courage de tout entreprendre. Attentive, prévenante, toujours prête à rendre service à toutes les Soeurs, elle avait particulièrement pour ses chères compagnes du voile blanc, les tendres attentions d'une vraie mère. Elle était très fière et très heureuse de l'union qui régnait entre elles à la cuisine.

Douée d'une robuste santé, elle prenait pour elle les plus rudes labeurs; une nature moins éner­gique aurait cependant quelquefois cédé à la fatigue qu'elle éprouvait, mais notre chère Soeur était si heureuse de soulager les autres, que la peine lui devenait une joie.

Chacune de nous garde le pieux souvenir de sa charité et Dieu a permis qu'elle en ait multiplié les actes à l'approche de sa dernière heure, ce fut comme son adieu suprême.

 

La bonté, du reste, était le trait distinctif de son caractère. Sa nature vive et prompte ne connais­sait pas l'amertume, mais son intelligence remarquable lui donnait une certaine inclination à gouverner les Soeurs du voile blanc, dont elle n'était pourtant pas la doyenne. Elle s'oubliait parfois à commander un peu; nous aimions à l'en humilier en lui disant qu'elle était le « Petit Général » de la cuisine. Elle convenait vite de ses torts et nous sommes heureuse d'ajouter que, dans ces derniers mois, elle avait tout à fait triomphé de cette disposition. Au contraire elle disait avec humilité, en parlant d'une de ses Soeurs qui avait été souffrante cet hiver, que le Bon Dieu ferait bien mieux de nous laisser cette chère Soeur qui pourrait nous rendre tant de services, et de la prendre, elle qui n'était pas bonne à grand'chose ! Elle trouvait cependant qu'il fallait avoir des aptitudes particulières pour être Soeur du voile blanc. Nous venions un jour, à la récréation, de demander à nos Soeurs leurs prières, parce que nous avions à décider l'admission d'une postulante du voile blanc. Notre chère Soeur Madeleine s'adressant à une Soeur de choeur qui était près d'elle, lui répète l'invitation que nous venions de faire, puis, avec une certaine inquiétude, elle ajoute : « Ma bonne Soeur, vous allez beaucoup prier, n'est-ce pas? Parce que, vous savez, pour une Soeur du voile blanc, ce n'est pas comme pour une Soeur de choeur, il ne faut pas qu'elle sache seulement aimer le Bon Dieu et faire oraison, il lui faut de l'intelligence, il faut qu'elle en ait!... Dame! sans cela!... »

 

Elle avait pour sa part plus que de l'intelligence, et nous n'oublierons jamais les petites fêtes de la Sainte-Marthe dans lesquelles, chaque année, elle déployait une grande finesse d'esprit et toute la gaieté de son aimable caractère.

Elle redoutait par-dessus tout la lecture qu'elle devait faire à son tour au réfectoire, et nous disait qu'elle en était plus fatiguée que d'une journée de cuisine. Avec les années, elle avait obtenu la per­mission de modifier un peu cette lecture laborieuse. Elle y ajoutait quelques réflexions personnelles qui excitaient l'hilarité générale. Quelquefois même, oubliant le livre quelle tenait à la main, elle improvisait un petit sermon très pratique, très bien senti, et qui dans sa naïveté faisait notre édifica­tion, car il trahissait les saintes pensées de l'oraison qu'elle venait de faire... Mais, il se terminait toujours par quelque joyeux bouquet spirituel, et elle était ravie quand elle entendait rire de sa prédication.

 

Elle joignait pourtant à cette gaieté de nombreuses mortifications dont Dieu seul a eu le secret. Elle fit longtemps bien plus que la Règle, jeûnant au pain et à l'eau, prenant de rudes disciplines, portant le cilice, etc.

A part quelques semaines, elle a gardé toute sa vie l'observance dans sa plus grande rigueur. L'avant-veille de sa mort, elle jeûnait encore pour les Quatre-temps, offrant ainsi à Dieu le sacrifice continuel d'elle-même.

Mais nous nous reprocherions. Ma Révérende Mère, de finir sans vous parler de son grand amour pour le travail. Elle cuisait avec une dévotion remarquable une grande quantité de pains d'autel, puis quand ce travail diminuait, elle filait. Avec l'aide d'une de nos chères Soeurs tourières elle fila assez pour fournir à toutes nos Soeurs des robes, des cottes et des couvertures de lit. Nous avons partout sous les yeux le souvenir de son incessant travail qui réalisait tous les avantages de la pauvreté et delà solidité.

A mesure que la fin du pèlerinage de notre bien-aimée Fille approchait, sa ferveur semblait augmenter, sa lampe était vraiment prête pour aller au-devant de l'Époux. Tout était pacifié en elle. Jésus avait achevé son oeuvre en cette belle âme.

Deux jours avant sa mort, elle nous disait dans un épanchement intime : « Ma Mère, je suis si, si heureuse! Je n'ai même plus de tentations sur rien. Je trouve tout parfaitement bien. »

Elle était prête, et sans le savoir, elle touchait à l'Éternité !

Le lundi 25 mai, jour de la fête de sainte Madeleine de Pazzi, elle assistait à la Messe chantée et faisait la Sainte Communion sans se douter que ce fût pour la dernière fois. Elle avait eu il y a deux ans un accident qui avait fait craindre une petite congestion cérébrale. Depuis nous lui répétions souvent qu'il fallait se préparer sans cesse à la mort, dont elle n'avait aucune frayeur. Tous les soirs en se couchant, elle récitait les prières de l'Extrême-Onction dans le Banquet sacré ; la mort ne l'a donc pas surprise. Elle fut cependant bien rapide ! En arrivant au réfectoire à dix heures, elle se trouva très souffrante et demanda à le quitter. Suivie d'une Soeur du voile blanc, elle gagna avec -peine sa cellule. Les douleurs de tête devenaient intolérables. Notre chère Fille nous réclamait. Retenue par un impérieux devoir, nous nous fîmes un peu attendre.

Pendant ce temps la congestion cérébrale faisait en quelques minutes des progrès effrayants, et quand nous pûmes en constater les ravages, notre bonne Soeur parlait déjà difficilement. On avertit en toute bâte notre bon Père Confesseur et notre dévoué Docteur.

En attendant le premier qui ne put arriver que vers onze heures et demie, nous profitions de ce qui lui restait de connaissance pour lui faire renouveler ses Saints Voeux, offrir à Dieu le sacrifice de sa vie, et nous sommes convaincue qu'elle s'est unie à tous les actes d'amour et d'abandon que nous lui avons suggérés. Elle put répondre de même par quelques signes à notre vénéré Confesseur, et reçut de ses mains l'Extrême-Onction.

Nous avions eu à peine le temps de faire assembler la Communauté, tant les choses se préci­pitaient, chacune de nos Soeurs arrivait consternée, les plus ferventes prières soutenaient notre chère mourante dans ce dernier passage. Elle ne nous reconnaissait plus, et cependant son dernier mot avait encore trahi la charité de son coeur qui se préoccupait de celles de nos Soeurs qui n'avaient pas dîné...

Accompagnée de toutes les grâces de la Sainte Église, parée de toutes les vertus, notre Fille bien-aimée alla ainsi au-devant de l'Époux sans témoigner aucune crainte, sans paraître beaucoup souffrir, et

tandis que nous redoublions nos prières, elle s'endormit sur le coeur du Bon Maître, pour se réveiller, nous n'en pouvons douter, dans ses éternels embrassements. Il était trois heures un quart.

Les prières et les pleurs se confondaient, mais au-dessus de cette douleur profonde planait une séré­nité qui venait d'En-Haut. L'âme de notre si regrettée Soeur était là veillant sur nous, sa présence se faisait sentir. Quelle consolation pour nous ! C'en était une aussi de contempler cette dépouille si chère que la mort avait parée de calme et de majesté.

Nous avons toute confiance que notre chère Soeur a déjà reçu la récompense de sa vie si laborieuse et si édifiante, et que du Haut du Ciel elle prie plus que jamais pour le Carmel qu'elle a tant aimé. Nous vous demandons cependant. Ma Révérende Mère, de vouloir bien ajouter aux suffrages déjà demandés quelques prières et communions, elle vous en sera très reconnaissante, ainsi que nous qui avons la grâce de nous dire, avec un profond respect, dans l'amour de Jésus,

 

Votre humble Soeur et servante,

Sr LOUISE-MARIE DE L'ENFANT JÉSUS.

R. C. I.

De notre Monastère de Jésus-Maria sous la protection de saint Louis des Carmélites de Saint-Denis.

Le 2 Juillet 1891.

 

Imprimerie de Saint-Denis, — Bouillant, 20, rue de Paris.

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