Carmel

Historique de la Béatification et de la Canonisation

Genèse de l'introduction de la Cause

En 1907, Mgr Lemonnier, évêque de Bayeux et Lisieux, invite les carmélites de Lisieux à consigner par écrit leurs souvenirs sur Sœur Thérèse, puis donne son imprimatur à une prière pour obtenir sa béatification. En janvier 1909, le Père Rodrigue de Saint-François de Paule, ocd, et Mgr de Teil sont nommés respectivement postulateur et vice-postulateur de la Cause.

Dans un premier temps a lieu le procès de l'ordinaire (procès des écrits, procès informatif et procès de non-culte), et dans un second temps le procès apostolique.

Le procès des écrits

Le 10 février 1910, la Sacrée Congrégation des rites émet un rescrit pour l'ouverture d'un petit procès préparatoire pour la recherche des écrits de Sœur Thérèse. Au mois d'avril, un mandement de Mgr Lemonnier pour la recherche des écrits est proclamé en chaire dans toutes les églises du diocèse et diffusé dans les quotidiens nationaux catholiques. Le procès a lieu du 22 mai au 12 juin. Dix témoins ayant été en possession de documents écrits par Thérèse sont entendus. Les documents collectés sont ensuite remis à la Sacrée Congrégation des rites par le chanoine Deslandes, notaire du tribunal.

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Le procès informatif

Le 3 août 1910, le tribunal diocésain chargé d'instruire la Cause de Sœur Thérèse de l'Enfant-Jésus est constitué. Le 12 août, le procès ordinaire est ouvert : Thérèse devient officiellement « Servante de Dieu ». Le tribunal procède au total à 93 sessions d'interrogatoire durant lesquelles 48 témoins sont entendus, tous répondant à trente questions portant sur les vertus héroïques, la réputation de sainteté et les miracles de Thérèse. Onze des témoins sont interrogés plus particulièrement sur les miracles attribués à la Servante de Dieu.

Le procès de non-culte

Le procès de non-culte se tient sur une semaine, du 30 août au 7 septembre 1911. Ce procès a pour but de vérifier qu'aucun culte officiel ne soit rendu la Servante de Dieu, mais aussi de constater la dévotion manifeste qui se développe. Pour cela, les membres du tribunal interrogent seize témoins au cours de dix sessions, puis visitent les différents lieux de dévotion thérésiens de Lisieux : le carmel, le cimetière et les Buissonnets.

Étude des pièces du procès diocésain à Rome

Le procès diocésain est clos le 12 décembre 1911 dans la chapelle du grand séminaire de Bayeux. Dès lors, toutes les pièces sont envoyées à Rome pour y être étudiées. Un an plus tard, les écrits de la Servante de Dieu sont approuvés. Fin 1913, le Père Rodrigue obtient que les débats sur les procès informatif et de non-culte s'ouvrent sans attendre le délai canonique de dix ans après la remise du dossier. Le 10 juin 1914, le Pape Pie X signe l'introduction de la Cause : le Saint-Siège se saisit officiellement de la cause de canonisation de Sœur Thérèse.

Le procès apostolique

Le 17 mars 1915, le procès apostolique est ouvert dans la sacristie de la cathédrale de Bayeux. Il se fera en deux temps : tout d'abord le procès « inchoatif », pendant lequel les témoins de plus de cinquante ans sont entendus « afin que les preuves ne se perdent pas », et ensuite, à partir du 1er avril 1916, le procès « continuatif » portant sur l'héroïcité des vertus et la réalité des miracles, mais pas sur la réputation de sainteté, le tribunal ayant été dispensé de cette enquête suite à l'envoi de nombreuses suppliques de Poilus. Le procès est clos dans la cathédrale de Bayeux le 30 octobre 1917. La validité de la procédure est ensuite étudiée puis reconnue à Rome.

Exhumations

La procédure de béatification nécessite la reconnaissance des restes de la Servante de Dieu. Pour cela, deux exhumations du corps de Thérèse ont eu lieu : la première le 6 septembre 1910 et la seconde les 9 et 10 août 1917.

Thérèse devient « Vénérable »

Le 14 août 1921, Benoît XV promulgue le décret sur l'héroïcité des vertus de Sœur Thérèse de l'Enfant-Jésus. Elle devient ainsi officiellement « Vénérable ». Le Pape prononce ensuite un discours sur la « Petite voie de l'enfance spirituelle » qui réjouit grandement les sœurs de Thérèse.

Les miracles de la Béatification

La dernière étape avant la Béatification est l'approbation de deux miracles. Trois sont proposés à la Sacrée Congrégation des rites et étudiés par six médecins experts désignés d'office (deux pour chaque miracle). Les deux miracles retenus sont les suivants : la guérison de Sœur Louise Saint-Germain, des Filles de la Croix d'Ustaritz, atteinte d'un ulcère de l'estomac à forme hémorragique mortelle, et celle de l'abbé Charles Anne, de Lisieux, d'une tuberculose pulmonaire à forme galopante.

La translation des reliques au Carmel

Le 26 mars 1923, les reliques de Thérèse sont exhumées une troisième fois pour être transférées au Carmel, où a été construite la chapelle de la châsse en prévision de la Béatification. À cette occasion se sont produits de nombreux miracles.

La Béatification

Thérèse est béatifiée par le Pape Pie XI le 29 avril 1923 en la Basilique Saint-Pierre de Rome. Le Saint Père considère la nouvelle Bienheureuse comme « l'étoile de son pontificat ».

Les miracles de la Canonisation

Pour pouvoir être canonisée, il fallait que deux nouveaux miracles soient reconnus. Ce fut chose faite le 19 mars 1925 : Pie XI signe le décret d'approbation de deux miracles survenus en 1923 : la guérison de Soeur Gabrielle Trimusi, des Petites Filles des Sacrés-Coeurs de Jésus et Marie de Parme, atteinte d'une double maladie tuberculeuse, et celle de Mlle Maria Pellemans, originaire de Schaerbeek (Bruxelles), atteinte d'une tuberculose pulmonaire et guérie sur la tombe de Thérèse.

La Canonisation

La Canonisation solennelle de Thérèse a lieu le 17 mai 1925 à Saint-Pierre de Rome. Le Pape Pie XI prononce son homélie en présence de 23 cardinaux, 250 évêques, et 50000 fidèles. La Bienheureuse est désormais « Sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus ».