Carmel

Le procès des écrits

Un "petit" procès

C'est même le nom latin donné au procès des écrits, processiculus. Il est court : sept sessions sur moins d'un mois pour les écrits. Dix témoins sont entendus, dont le Dr La Néele et surtout celles qui sont en possession d'écrits de Thérèse ; tous se retrouveront dans le grand procès. Ce procès préliminaire sert aussi à roder la procédure, pour les juges, les copistes, les témoins. Petit procès, mais important au regard du but assigné et de l'information produite. L'intérêt principal repose dans le rassemblement de la quasi-totalité des écrits de Thérèse, regroupés en quatre grande catégories : les grands manuscrits, la correspondance, le théâtre, les poésies, sans compter d'autres textes de moindre importance. La documentation rassemblée reflète aussi les bénéficiaires principaux, ainsi on a laissé ensemble les écrits reçus par Sr Geneviève, poésie, fiction, lettres.

Comme dans tout le procès, on produit des copies, mais celles-ci sont soigneusement vérifiées sur les originaux, avec une extrême minutie. Le procès des écrits est essentiel sur deux points, ultérieurement controversés. Il existe bien trois manuscrits différents de tonalité autobiographique, là où les onze premiers chapitres de l'Histoire d'une âme faisaient croire à l'existence d'un document unique.

Les écrits n'incluent aucune parole de Thérèse. Au grand procès, Mère Agnès pourra certes apporter une sélection de paroles ultimes comme preuve, mais le tribunal, de son côté, voudra aussi que, pour la procédure romaine, une autre copie des grands manuscrits soit jointe au procès.

L'équipe Dubosq, Quirié et Deslandes dans le jardin du Carmel.

Petit Procès relatif à la Recherche des Écrits de la Servante de Dieu

Thérèse de l'Enfant‑Jésus de la Sainte‑Face (1910)

Authentification des textes de Thérèse après copie.

Au début de 1909 fut nommé Postulateur de la Cause de béatification le P. carme Rodrigue de S. François de Paule, qui, avec le souci d'agir rapidement, au début de 1910, recourut au Saint Siège pour que l'on recueillit tout de suite dans le diocèse de Bayeux‑Lisieux et ailleurs les écrits de Thérèse. Il s'agit d'un acte extraordinaire, parce que c'est aux Ordinaires du lieu qu'il appartenait de droit de faire recueillir les écrits des Serviteurs de Dieu. Sur la démarche du Postulateur, le S. Siège intervient directement. C'est pourquoi on remarque, d'après les documents, que le « Processiculus » est fait « Apostolica auctoritate ». On le dit explicitement au frontispice et au commencement de la documentation, ainsi que dans les actes; Mgr T. Lemonnier, évêque de Bayeux‑Lisieux, est appelé « Delegatus Apostolicus » et sa signature est accompagnée de ce titre ; le vicaire général Auguste Quirié, juge du Tribunal à la place de l'évêque, est appelé « Subdelagatus Apostolicus » et il signe de cette façon. Le « Processiculus » sur les écrits est donc lui aussi « Apostolique.» 

Le Postulateur, en demandant un indult spécial, avait déjà dû entrevoir que les écrits de Thérèse, en un certain sens, posaient déjà un problème ; ce qui explique aussi la sollicitude qui le poussa à cette démarche exceptionnelle, dans le but également qu'un long retard ne portât préjudice à la Cause. La S. Congrégation des Rites donnait la réponse attendue par le rescrit 194/X  du 10 février 1910 ouvrant ainsi, de Rome même, et avec autorisation pontificale, la voie à la glorification de celle dont, à peine 15 ans plus tard, Pie XI devait dire dans l'homélie de la canonisation: « Il a plu à la divine bonté de la douer et enrichir d'un don de sagesse tout à fait exceptionnel... Elle acquit en effet... une telle science des choses surnaturelles, qu'elle a pu tracer aux autres une voie certaine de salut ». Et cela résultait surtout des humbles écrits qui devaient être recueillis en 1910 lors de ce Petit Procès des Écrits. 

La Sacrée Congrégation prépara immédiatement l'instruction avec les normes et les questions à poser aux témoins (1er mars 1910), et remit le document à Mgr Lemonnier ainsi qu'une lettre du 5 mars suivant (cfr. ff. 3v‑6v). Cela facilitait évidemment le  processus du travail, en donnant déjà l'indication des différentes démarches à faire.  Vers la mi‑mars les documents étaient déjà entre les mains de l'évêque de Bayeux‑Lisieux, qui écrivit aussitôt à Mère Agnès de Jésus, en lui disant qu'il voulait se mettre immédiatement au travail. La Mère Agnès elle‑même communiqua aussitôt la nouvelle au P. Rodrigue: « Votre Révérence doit deviner la reconnaissance de tous nos cœurs ! Cette démarche qu'elle a bien voulu faire près de Monseigneur de Bayeux nous touche au‑delà de ce que nous pouvons exprimer (...) Monseigneur Lemonnier Evêque de Bayeux m'écrit ce matin pour me parler de son mandement qu'il va faire sans retard » (L du 18 mars 1910 au P. Rodrigue). 

Entre‑temps, avant d'écrire le « mandement », Mgr Lemonnier constituait le tribunal pour la recherche des écrits. Ayant passé, comme nous le savons déjà, ses pouvoirs de juge ou président, à titre de sous‑délégué, à son vicaire général Auguste Quirié (+ 1930) , il nommait le chanoine Pierre‑Théophile Dubosq (1860‑1932) promoteur fiscal, et Eucher Deslandes (1849‑1922) notaire‑actuaire. D'après les actes de ce Petit Procès des écrits, le président du Tribunal constitué pour la recherche des écrits de Thérèse, comme aussi celui du Procès Informatif Ordinaire et du Procès Apostolique, a été Auguste Quirié, qui était également Vicaire Général.  Ces personnes que nous connaissons déjà, ont particulièrement bien mérité de la Cause de Thérèse, qu'elles ont servie avec une sollicitude et un intérêt extraordinaires. 

Le tribunal tint sa première session, de caractère strictement juridique, à l'évêché de Bayeux, en présence de l'évêque lui‑même, le 24 mars 1910. Après l'ouverture et la lecture des documents romains, Mgr Lemonnier donnait l'ordre au chanoine Deslandes de préparer le mandement, signé par l'évêque le 4 avril et répandu dans tout le diocèse. Une copie se trouve parmi les actes de la première session, et les expressions sobres et discrètes démontrent l'estime qui existait envers celle dont le « nom (...) s'est trouvé connu dans plusieurs contrées d'Europe, d'Afrique, d'Asie et d'Amérique » (f. 7r), ainsi que l'espoir de mener  «à bonne fin la cause d'une âme qui parait avoir été un modèle de simplicité et d'amour confiant en Dieu » (f. 8r).  Il y eut six autres sessions.  La II et la IIIe se tinrent au Carmel de Lisieux le 23 et le 24 mai 1910. Tous les témoins sont déjà connus par les différents Procès.   

La VIe session se déroula le 27 mai dans la sacristie de la cathédrale de Bayeux: ce fut une réunion juridique au cours de laquelle, constatant que tous les écrits connus avaient été réunis et que le promoteur n'avait rien à objecter, le président donnait l'ordre de préparer la copie de tous les actes du Procès (ff. 24v‑25v).  La VIIe session fut la session conclusive. Elle se tint le 12 juin à l'évêché de Bayeux, en présence de Mgr T. Lemonnier, avec les membres du Tribunal. Le notaire ayant déclaré que les écrits authentiques ayant été rapidement recueillis et la copie ayant été collationnée avec les autographes—cela avait été fait le 9 mai et les jours suivants, et donc avant l'enquête juridique proprement dite du Procès, au Carmel de Lisieux par E. Deslandes et C. Marie (1849‑1912)  —, le Procès lui‑même pouvait être déclaré conclu. L'évêque révisa le volume du « Transumptum » à transmettre à Rome ainsi que la copie des écrits, et apposa — c'est obligatoire—les scellés.  Le jour suivant Mgr Lemonnier écrivait une lettre de présentation du travail fait par le Tribunal, communiquant à la S. Congrégation que le « Transumptum » et la copie des écrits de Thérèse seraient portés à Rome par le chanoine E. Deslandes lui‑même. 

En effet, le 25 juin 1910, le chanoine Deslandes remettait les documents à Mgr Filippo di Fava, substitut de la Congrégation des Rites (cf. Annales n° 6, 1930), Le « Processiculus », après plus d'un an d'arrêt, était ouvert le 2l août 1911. Les écrits de Thérèse furent ensuite donnés à examiner à un censeur théologien, qui rendit son jugement positif le 6 décembre 1912. Le 10 décembre, le card. J.  Gotti, O.C.D., Ponent ou Rélateur de la Cause, sur instance du Postulateur, au cours de la Congrégation ordinaire des Rites proposait la question de la révision des écrits de la Servante de Dieu. La Congrégation décida: « Nihil obstat quominus procedi possit ad ulteriora », ce que Pie X approuva le jour suivant, 11 décembre. 

La Cause avait ainsi la voie ouverte.

*

Mandement de monseigneur l'évêque de Bayeux et Lisieux ordonnant la recherche des écrits

de la Servante de Dieu Thérèse de l'Enfant Jésus et de la Sainte Face du Carmel de Lisieux.

Thomas‑Paul‑Henri Lemonnier, par la grâce de Dieu et l'autorité du Saint‑Siège apostolique, évêque de Bayeux et Lisieux, au clergé et aux fidèles de notre diocèse salut et bénédiction en Notre‑Seigneur Jésus-Christ.

Nos très chers frères,

Le 30 septembre 1897, mourait pieusement au Carmel de Lisieux une religieuse professe âgée d'un peu plus de 24 ans. Treize ans se sont à peine écoulés depuis cet événement, et cependant le nom de cette carmélite s'est trouvé connu dans plusieurs contrées d'Europe, d'Afrique, d'Asie et d'Amérique; sa vie a été traduite en plusieurs langues, et beaucoup d'âmes l'invoquent dans le secret de leur prière.Il nous a paru que nous travaillerons à la gloire de Notre‑Seigneur en sollicitant l'introduction en cour de Rome de la Cause de [7v] béatification de la Servante de Dieu soeur Thérèse de l'Enfant Jésus et de la Sainte Face.Les règles de l'Église exigent qu'il soit procédé à la recherche et à l'examen des écrits de la Servante de Dieu.A la date du 5 mars dernier, la Sacrée Congrégation des Rites nous a invité à faire cette recherche.En conséquence, nous ordonnons, sous peine de censures ecclésiastiques, à tous ceux qui posséderaient quelques traités, opuscules, méditations, discours, lettres, suppliques, mémoires ou autres ouvrages émanant de la Servante de Dieu, écrits de sa main, sous sa dictée ou par son ordre, de nous les communiquer, ou, du moins, de nous en adresser des copies authentiques.Les personnes qui, sans posséder elles-mêmes ces écrits, en connaîtraient l'existence, sont obligées de nous faire savoir entre les mains de qui ils se trouvent.

Ces écrits doivent être remis et ces communications faites, soit au secrétaire général de notre évêché, avant le 20 mai de cette présente année, soit à la commission constituée par nous à cet effet et qui se réunira au Carmel de Lisieux les 24 et 25 mai.Les fidèles pourront effectuer ce dépôt, par l'intermédiaire de monsieur le curé de leur paroisse ou de leur confesseur.

[8r] Nous avons la confiance que prêtres et fidèles mettront le plus grand empressement à répondre à notre appel et nous aideront à mener à bonne fin la cause d'une âme qui parait avoir été un modèle de simplicité et d'amour confiant en Dieu.La présente ordonnance sera publiée au prône dans toutes les églises paroissiales et chapelles publiques de notre diocèse, trois dimanches consécutifs, à partir du dimanche qui en suivra la réception.

Donné à Bayeux, sous notre seing, le sceau de nos armes et le contre‑seing du secrétaire général de l'évêché, le 4 avril 1910, en la fête de l'Annonciation de la Sainte Vierge.

THOMAS, év. de Bayeux et Lisieux

Par mandement de monseigneur l'évêque: A. HAMEL, chan. secrétaire général de l'évêché.

[Session 2: ‑ 23 mai 1910, à 2h.30 de l'après‑midi]

[9v] Interrogatoire du docteur La Néele

1. I [Présentation du témoin]:

Je m'appelle Francisque‑Lucien‑Sulpice La Néele, docteur en médecine à Lisieux, né à Paris le 18 octobre 1858, cousin germain par alliance de la Servante de Dieu.

Il. [Nombre et description des écrits dont le témoin dispose]:

Je possède plusieurs écrits de la Servante de Dieu, I'un d'eux, une pièce de vers, me concerne personnellement (IVe vol., fol. 28 v), les autres se rapportent à madame La Néele qui pourra en rendre un témoignage plus précis.

Je possède en original la pièce qui me concerne, et je la garde dans mes papiers de famille; j'ai remis cet original à madame la prieure du Carmel qui en a fait établir une copie, comprise dans le cahier ‑ vol. IV, fol. 28 v; copie et original ont été communiqués à monsieur le notaire délégué qui en a reconnu la conformité.

III. [Le témoin possède‑t‑il d'autres écrits?]:

Aucun.

IV. [D'autres personnes possèdent‑elles d'autres écrits?]:

Il est notoire que la Servante de Dieu a composé d'autres écrits dont la plupart doivent être entre les mains des carmélites de Lisieux et surtout de ses sœurs : Marie, Pauline, Céline et aussi Léonie à la Visitation de Caen. Mais je ne connais pas le détail de ces documents.

V. [Certains écrits ont‑ils disparu par fraude ou par hasard ?]:

Je ne le crois pas.

[Le témoin écoute la lecture de sa déposition, l'approuve et la signe]:

Docteur LA NÉELE, deposui ut supra.

2. Interrogatoire de Madame Jeanne Guérin

I.  [Réponse à la première demande]:

Je m'appelle Marie‑Elisa‑Jeanne Guérin, épouse de monsieur le docteur La Néele, cousine germaine de la Servante de Dieu, née à Lisieux le 24 février 1868, demeurant à Lisieux.

Il.  [Réponse à la deuxième demande] :

Je possède divers écrits de la Servante de Dieu, à savoir:

1° 1 lettre à son oncle, monsieur Guérin (vol. II, fol. 26v°).

2°  lettres à sa tante, madame Guérin (vol. II, fol. 27v°, 28v°, 29, 30, 31, 31v°, 32, 32v°, 33, 34, 35, 36, 36v°, 37, 38v°, 39v°, 43, 44). [lOv]

3° Cinq lettres adressées en commun aux deux précédents (vol. II, fol. 27, 40v°, 41, 41v°, 42).

4° Quatre lettres adressées à moi, Jeanne Guérin, sa cousine (vol. II, fol. 4v°, 21v°, 22v°, 23v°).

5° Une poésie adressée à mon mari, monsieur le docteur La Néele (vol. IV, fol. 28).

6°Une poésie, intitulée « Les confidences de Jésus à Thérèse » (vol. II, fol. 25).

Je possède les originaux de ces pièces, les religieuses du Carmel en ont tiré une copie que monsieur le notaire a dû collationner avec l'original. Ces originaux sont complets.

III. [Réponse à la troisième demande]:

Je n'en possède aucun autre.

IV. [Réponse à la quatrième demande]:

Il y en a d'autres, mais on a dû les réunir au Carmel; je n'en connais pas la liste exacte.

V. [Réponse à la cinquième demande]:

Je ne l'ai pas entendu dire.

[Le témoin écoute la lecture de sa déposition, l'approuve et la signe]:

J. LA NÉELE, née JEANNE GUÉRIN,

3. Interrogatoire de la révérende mère prieure

I.  [Présentation du témoin]:

Je m'appelle Marie‑Pauline Martin, en religion sœur Agnès de Jésus, prieure du Carmel de Lisieux, sœur de la Servante de Dieu, née à Alençon le 7 septembre 1861.

II. [Description des écrits conservés dans le monastère. Où sont‑ils conservés ? Sont‑ils autographes ou apographes? Imprimés ou non, et si oui, lesquels ?]:

Le monastère possède de la Servante de Dieu les écrits suivants: VOIR LIVRE.

Les originaux de ces pièces sont respectivement aux mains des religieuses auxquelles elles ont été adressées, mais je connais l'existence et le lieu de chacun de ces originaux, et je détiens personnellement, avec ceux qui m'étaient adressés, tous ceux qui ne comportent pas une adresse particulière. L'immense majorité de ces originaux est absolument intacte; j'expliquerai tout à l'heure les quelques accidents rares et sans importance qu'ils ont pu subir. J'ai fait établir une copie soignée de tous ces écrits et je l'ai communiquée avec les originaux à messieurs les notaires qui en ont vérifié l'exactitude.

[13r] Les accidents rares qui ont modifié les originaux appellent les explications suivantes:

1° En ce qui concerne le manuscrit de sa vie, il se composait de trois parties, dont la première et la troisième s'adressaient à sœur Agnès de Jésus et à sœur Marie du Sacré-Cœur, ses parentes. Ces deux parties comportaient des appellations et des détails d'ordre familial.

La seconde partie, au contraire, composée sous le priorat de mère Marie de Gonzague, qui ne lui était pas parente selon la chair, et s'adressant à elle, ne comporte pas ces appellations et ces détails.

Lorsque cette dite mère prieure, Marie de Gonzague, eut à s'occuper de la publication du manuscrit de la vie, elle estima opportun d'assurer au manuscrit une certaine unité en faisant supprimer par grattage les appellations et détails d'ordre familial disséminés dans les parties I et 3.

J'ai pu rétablir dans leur teneur primitive tous ces passages, ils n'ont d'ailleurs aucune importance et ne sauraient modifier en rien l'appréciation des juges sur le caractère et les vertus de la Servante de Dieu.

2° Dans l'établissement de la copie des pièces originales et notamment du manuscrit de sa vie, j'ai fait ajouter des notes explicatives, mais elles sont soigneusement désignées comme [13v] telles, et écrites à l'encre rouge, en sorte qu'on ne peut aucunement les confondre avec le texte primitif.

3° La lettre (vol. II, fol. 13) n'est que fragmentaire, parce que la destinataire a détruit les parties qui n'avaient pas d'intérêt.

De même en est‑il des lettres (vol. 1[, fol. 16, 17v°).

4° L'original de la pièce « Jésus à Béthanie » (vol. III, fol. 56‑60) a été perdu par cas fortuit.

5° La petite pièce, récréation pieuse, intitulée «Triomphe de l'humilité » (vol. II [ fol. 78‑86) comporte des lacunes de quelques lignes qui ont été grattées. Ces lignes contenaient quelques allusions puériles à l'affaire Diana Vaughan; la Servante de Dieu avait manifesté la volonté de retirer de ses compositions les passages en question.

III. [D'autres personnes possèdent‑elles d'autres écrits ?]:

J'ai remis à monsieur et madame La Néele des originaux qu'ils m'avaient communiqués pour en faire des copies. Je sais aussi que ma sœur Léonie Martin, en religion sœur Françoise‑Thérèse, du monastère de la Visitation de Caen, possède plusieurs lettres.

IV. [14r] [S'agit‑il d'écrits autographes ou apographes ? Imprimés ou non et, si oui? lesquels?]:

Comme je l'ai dit ci‑dessus, nous possédons au Carmel les autographes de la presque totalité des écrits. Nous en avons aussi établi une copie collationnée par le notaire que nous remettons à la commission. Enfin, l'ouvrage intitulé: «Sœur Thérèse de l'Enfant Jésus et de la Sainte Face, 1873‑1897 Histoire d'une âme écrite par elle‑même », Bar‑le‑Duc, Imprimerie Saint Paul, 1910, reproduit en impression typographique le manuscrit de la vie et un choix de poésies et de lettres. Toutefois, comme cette publication n'est pas tout à fait conforme à l'original, bien qu'elle le reproduise dans ses parties essentielles, la commission a jugé préférable de faire établir une copie authentique des originaux.

V. [Quel soin a‑t‑on mis à rechercher les écrits de la Servante de Dieu et peut‑on penser en trouver d'autres ?]:

On a mis le plus grand soin à rechercher et recueillir ces écrits auxquels nous attachons un grand prix. J'ai écrit à toutes les personnes que je croyais capables de nous fournir quelques renseignements à ce sujet; je ne crois pas que l'on puisse trouver d'autres écrits de la Servante de Dieu.

VI [14v] [Certains écrits ont‑ils été perdus et, si oui, en quelles circonstances? Fraude? Hasard?]:

Je n'en ai pas connaissance pour l'extérieur, et dans le monastère, nous n'avons rien perdu des écrits de la Servante de Dieu, si ce n'est, 1° par cas fortuit, comme je l'ai dit plus haut, l'original de la récréation pieuse « Jésus à Béthanie », et, par grattage, les quelques lignes signalées dans la récréation pieuse « Triomphe de l'humilité.»

[Le témoin écoute la lecture de sa déposition, l'approuve et la signe]:

Sœur AGNÈS DE JÉSUS, r.c.i., prieure, deposui ut supra.

~Session 3: ‑ 24 mai 1910, à 8h.30]

 [15r] SESSION III

4. Interrogatoire de sœur Geneviève de Sainte Thérèse

I. [Présentation du témoin]:

Je m'appelle Marie‑Céline Martin, en religion sœur Geneviève de Sainte Thérèse, du Carmel de Lisieux, sœur selon la nature de la Servante de Dieu, née à Alençon, le 28 avril 1869.

Il.  [Le témoin a‑t‑il des écrits de la Servante de Dieu en sa possession et, si oui, où les conserve‑t‑il ?]:

Je détiens 1° des pièces qui m'avaient été adressées personnellement par la Servante de Dieu, à savoir, 46 lettres, 8 billets et 7 poésies, en tout 61 pièces.

De plus, je conserve comme archiviste et au nom de notre révérende mère prieure les pièces suivantes, sans destinataire spécial ou dont les destinataires ne sont pas ici à savoir, 9 récréations pieuses ou saynètes, 16 poésies et 29 lettres, en tout 54 pièces.

III. [D'autres personnes possèdent‑elles d'autres écrits ?]:

D'autres sœurs gardent des pièces qui leur ont été adressées personnellement, en particulier la révérende mère prieure, sœur Marie du Sacré-Cœur, sœur Marie de la Trinité et quelques autres connues de la révérende Mère Prieure. En dehors de ces pièces, je ne crois pas qu'il en existe d'au[16v]tres dans le monastère.

IV. [S'agit‑il d'écrits autographes ou apographes? Imprimés ou non, et, si oui, lesquels ?]:

1° Je possède les originaux complets des 61 pièces qui me sont personnelles. Les pièces que je détiens, comme archiviste, sont aussi originales, sauf trois, à savoir une récréation pieuse (« Jésus à Béthanie ») dont l'original s'est perdu fortuitement, et 2 lettres au père Roulland, missionnaire, dont nous n'avons que des copies, mais certainement exactes.

2° Toutes ces pièces ont été soigneusement copiées par ordre de notre révérende Mère Prieure et cette copie a été remise avec les originaux au notaire de la commission.

3° Quelques‑unes de ces pièces ont été imprimées dans l'ouvrage: «Soeur Thérèse de l'Enfant‑Jésus et de la Sainte Face, morte en odeur de sainteté, au Carmel de Lisieux, 1873‑1897. Histoire d'une âme écrite par elle‑même. Lettres et poésies.»

V. [Quel soin a‑t‑on mis à rechercher les écrits de la Servante de Dieu et peut‑on penser en trouver d'autres?]:

Je me suis adressée à toutes les personnes qui pourraient nous renseigner et je tiens pour certain qu'on ne pourrait trouver d'autres écrits dans le monastère.

[17r] VI. [Certains écrits ont‑ils été perdus, et, si oui, en quelles circonstances ? Fraude ? Hasard ?]:

Rien certainement n'a été détruit par fraude; un original seulement a été perdu fortuitement (« Jésus à Béthanie »), mais nous en avions une copie exacte que nous avons reproduite dans la copie générale. Enfin, quelques lettres, comme je l'ai dit ci‑dessus, ne sont que des fragments, parce qu'on a détruit ce qui paraissait insignifiant.

La récréation pieuse « Le triomphe de l'humilité » a été raturée en quelques passages suivant le désir clairement manifesté par la Servante de Dieu, reconnaissant la fausseté de l'histoire de Diana Vaughan, à laquelle elle avait emprunté quelques traits.

[Le témoin écoute la lecture de sa déposition, l'approuve et la signe]:

SOEUR GENEVIÈVE DE SAINTE THÉRÈSE, r.c.i., deposui ut supra.

5. [17v] Interrogatoire de sœur Marie du Sacré-Cœur de Jésus

I. [Présentation du témoin]:

Je m'appelle Louise‑Marie Martin, en religion sœur Marie du Sacré-Cœur, sœur par le sang de la Servante de Dieu, née à Alençon, le 22 février 1860.

Il. [Le témoin a‑t‑il des écrits de la Servante de Dieu en sa possession et, si oui, où les conserve‑t‑il?]:

J'ai 15 pièces, 7 billets, 4 lettres et 4 poésies et la 3e partie du manuscrit de la Vie.

III. [D'autres personnes possèdent‑elles d'autres écrits?]:

Je n'ai pas d'autres écrits, il y en a d'autres dans la communauté, notre révérende Mère Prieure sait lesquels.

IV. [S'agit‑il d'écrits autographes ou apographes? Imprimés ou non, et, si oui, lesquels ?]:

J'ai les autographes de toutes ces pièces; je les ai rendus à la révérende mère prieure pour faire la copie générale. La plupart de ces pièces sont imprimées dans l'ouvrage: « Sœur Thérèse de l'Enfant Jésus et de la Sainte Face... Histoire d'une âme écrite par elle‑même....»

V. [Quel soin a‑t‑on mis à rechercher les écrits de la Servante de Dieu et peut‑on penser en trouver d'autres?]:

J'ai un grand culte pour ces souvenirs de ma sœur, je n'ai rien omis pour conserver tout ce qui était d'elle.

VI. [Certains écrits ont‑ils été perdus, et, si oui, en quelles circonstances ? Fraude ? Hasard ?]:

Deux ou trois originaux de [18r] poésies ont été perdus, mais nous en avions conservé le double.

[Le témoin écoute la lecture de sa déposition, l'approuve et la signe]:

SOEUR MARIE DU SACRÉ COEUR,

r.c.i., deposui ut supra.

6. Interrogatoire de sœur Marie de la Trinité

I.  [Présentation du témoin]:

Je m'appelle Marie‑Louise Castel, en religion sœur Marie de la Trinité et de la Sainte Face, du Carmel de Lisieux, née à Saint Pierre‑sur‑Dives, le 12 août 1874.

II. [Le témoin a‑t‑il des écrits de la Servante de Dieu en sa possession et, si oui, où les conserve‑t‑il?]:

J'ai 16 pièces dont 7 billets, 1 prière et 8 poésies.

III. [Le témoin possède‑t‑il d'autres écrits ?]:

Il y a d'autres écritures de la Servante de Dieu adressées à différentes sœurs, je n'en sais pas le détail.

IV [S'agit‑il d'écrits autographes ou apographes? Imprimés ou non, et, si oui, lesquels ?]:

J'ai les autographes de ces pièces, on [18v1 les a fait copier pour le procès; elles ont été imprimées, mais pas toutes, dans l'histoire de sa vie.

V. [Quel soin a‑t‑on mis à rechercher les écrits de la Servante de Dieu et peut‑on penser en trouver d'autres?]:

Je garde avec amour tout ce que j'ai reçu d'elle.

VI. [Certains écrits ont‑ils été perdus, et, si oui, en quelles circonstances? Fraude? Hasard?]:

Je n'ai rien perdu, sinon un petit billet sans importance que j'ai coupé en morceaux pour donner des autographes à différentes personnes.

[Le témoin écoute la lecture de sa déposition, l'approuve et la signe]:

SOEUR MARIE DE LA TRINITÉ ET DE LA SAINTE FACE, r.c.ind., deposui ut supra.

7 Interrogatoire de sœur Marthe de Jésus

I. [Présentation du témoin]:

Je m'appelle Désirée‑Florence Cauvin, en religion sœur Marthe de Jésus, converse du Carmel de Lisieux, née à Giverville, Eure, le 16 juillet 1865.

II  [19r]   [Le témoin a‑t‑il des écrits de la Servante de Dieu en sa possession et, si oui, où les conserve‑t‑il ?]:

J'ai 4 prières, une sur l'humilité, une sur Jésus au tabernacle qu'elle me composa sur ma demande, une sur la Sainte Trinité, une intitulée « Regard d'amour vers Jésus » qu'elle me composa pour m'aider à pratiquer la vertu. J'ai aussi deux billets, l'un qu'elle m'écrivit pendant sa retraite, l'autre pour l'anniversaire de ma naissance; enfin une poésie pour mon anniversaire.

III.  [D'autres personnes possèdent‑elles d'autres écrits?]:

Je sais d'une manière générale qu'il y en a d'autres dans la maison.

IV. [S'agit‑il d'écrits autographes ou apographes ? Imprimés ou non, et, si oui, lesquels?]:

Les pièces que j'ai ont été écrites de la main de sœur Thérèse de l'Enfant Jésus et de la Sainte Face. Notre révérende mère les a fait copier. Plusieurs ont été imprimées dans l'histoire de sa vie, mais on n'a pas imprimé ceux qui n'avaient pas d'importance.

V. [Quel soin a‑t‑on mis à rechercher les écrits de la Serrante de Dieu et peut‑on penser en trouver d'autres?]:

Nous avons toutes cherché avec le plus grand soin dans la maison, il est bien impossible d'en trouver d'autres.

Vl. [Certains écrits ont-ils été perdus, et, si oui, en quelles circonstances? Fraude? Hasard?]:

Du vivant même de la Servante de Dieu, j'ai brûlé plusieurs petits billets de la Servante de Dieu, et je le regrette amèrement.

[19v][Le témoin écoute la lecture de sa déposition l'approuve et la signe]:

SOEUR MARTHE DE JÉSUS, deposui ut supra.

8. Interrogatoire de sœur Marie‑Madeleine du Saint‑Sacrement

I.  [Présentation du témoin]:

Je m'appelle Mélanie Lebon, en religion sœur Marie‑Madeleine du Saint Sacrement, sœur converse du Carmel de Lisieux, née à Plouguenat, Côtes‑du‑Nord, le 7 septembre 1869.

II. [Le témoin a‑t‑il des écrits de la Servante de Dieu en sa possession et, si oui, où les conserve‑t‑il?]:

J'ai reçu de la sœur Thérèse de l'Enfant Jésus une poésie intitulée: « L'histoire d'une bergère devenue reine », pour le jour de ma profession. Elle m'a fait aussi un petit carnet d'aspirations pieuses pour chaque jour de ma retraite. Je garde le petit carnet dans notre cellule. La poésie doit être entre les mains de notre révérende mère prieure.

III.  [20r] [D'autres personnes possèdent‑elles d'autres écrits ?]:

Je n'en ai pas d'autres, mais il en existe dans la communauté, je ne sais pas lesquels ni qui les garde.

IV. [S'agit‑il d'écrits autographes ou apographes ? Imprimés ou non, et, si oui, lesquels ?]:

Mes pièces ont été écrites par la Servante de Dieu elle‑même. On les a copiées. On a imprimé 1'« Histoire d'une bergère, etc. », dans le livre de sa vie, mais le petit carnet n'a pas été imprimé.

V. [Quel soin a‑t‑on mis à rechercher les écrits de la Servante de Dieu et peut‑on penser en trouver d'autres?]:

Je sais que nos sœurs ont bien cherché, ça c'est bien sûr, surtout notre révérende mère prieure et sœur Geneviève, bien sûr qu'on ne trouvera pas autre chose.

VI [Certains écrits ont-ils été perdus, et, si oui, en quelles circonstances ? Fraude ? Hasard ?]:

Je n'ai pas connaissance ni n'ai entendu dire qu'on en eût perdu ou détruit.

[Le témoin écoute la lecture de sa déposition, l'approuve et la signe]:

SOEUR MARIE MADELEINE, deposui ut supra.

SESSION IV [Session 4: ‑ 25 mai 1910, à 8h.30]

9 . Interrogatoire de Marie‑Léonie Martin

I. [Présentation du témoin]:

Je m'appelle Marie‑Léonie Martin, [21v] en religion sœur Françoise‑Thérèse, du monastère de la Visitation de Caen, sœur, selon la nature, de la Servante de Dieu, née à Alençon, le 3 juin 1863.

II. [Le témoin a‑t‑il des écrits de la Servante de Dieu en sa possession et, si oui, où les conserve‑t‑il?]:

Sœur Thérèse de l'Enfant‑Jésus m'a écrit des lettres. J'en possède 14 dont la première est datée du Carmel du 13 août 1893 et la dernière du 17 juillet 1897.

J'ai aussi un petit billet, sans date. Enfin, je possède d'elle une poésie intitulée « Ma joie.» Avec la permission de notre très honorée mère, je gardais ces pièces dans notre cellule

III. [D'autres personnes possèdent‑elles d'autres écrits ?]:

Je n'en ai pas d'autres, mais il y en a beaucoup au Carmel de Lisieux et on relate dans sa vie qu'elle en a aussi écrit à ma cousine Jeanne Guérin.

IV. [S'agit‑il d'écrits autographes ou apographes? Imprimés ou non, et, si oui, lesquels ?]:

Les pièces que j'ai ont été écrites par sœur Thérèse elle‑même; notre très honorée mère les a communiquées à monsieur le chanoine Deslandes, notaire, avec une copie qu'elle en a fait faire. On m'a rendu les pièces authentiques [22r] après la vérification.

Quelques fragments de ces lettres ont été imprimés dans la plus récente édition de l'Histoire de sa vie.

[Certains écrits ont‑ils été perdus, et, si oui, en quelles circonstances? Fraude? Hasard?]:

J'ai reçu, soit dans le monde, soit depuis mon entrée à la Visitation, un certain nombre d'autres lettres que j'ai brûlées sans y attacher d'importance et je le regrette aujourd'hui.

Un certain nombre de lettres écrites, soit à son père, soit à des parents, soit à d'autres, ont dû disparaître aussi par ce même motif, qu'on n'y attachait pas d'importance, ou encore parce qu'elles renfermaient des détails intimes de la vie de famille, mais ces destructions sont antérieures à l'ordonnance de monseigneur l'évêque relative à la recherche des écrits de la Servante de Dieu, et ne supposent aucune mauvaise intention.

[Le témoin écoute la lecture de sa déposition l'approuve et la signe]:

SOEUR FRANÇOISE THÉRÈSE, deposui ut supra.

 [Session 5: ‑ 26 mai 1910, à 10h.]

10. Interrogatoire de Marcelline Anne Husé

 [23V] I [Présentation du témoin]:

Je m'appelle Marcelline Anne Husé, en religion sœur Marie Joseph de la Croix, religieuse converse du monastère des bénédictines du Saint Sacrement de Bayeux, née à Saint‑Samson, diocèse de Laval, le 19 juillet 1866.

Il.  [Le témoin a‑t‑il des écrits de la Servante de Dieu en sa possession et, si oui, où les conserve‑t‑il ?]:

Ayant été servante chez monsieur Guérin, oncle de la Servante de Dieu, j'ai connu là la sœur Thérèse, alors enfant. A cause de ces relations, elle m'écrivit une lettre datée du Carmel de Lisieux le 28 septembre 1890, à l'occasion de sa profession. Je garde cette lettre dans notre cellule.

III. [Le témoin possède‑t‑il d'autres écrits?]:

Je n'en ai pas d'autres.

IV. [S'agit‑il d'écrits autographes ou apographes ? Imprimés ou non, et, si oui, lesquels?]:

J'ai la lettre même écrite par Sœur Thérèse, je l'ai communiquée à monsieur le chanoine Deslandes (notaire délégué) qui en a fait faire une copie. Cette lettre n'a  pas été imprimée.

V. [D'autres personnes possèdent‑elles d'autres écrits?]:

Je ne sais pas.

Vl. [24r] [Des écrits ont‑ils disparu par fraude ou par hasard ?]:

J'avais reçu de la Servante de Dieu une autre lettre, lors de ma vocation à la vie religieuse (1889); c'était un petit billet que je n'ai pas conservé.

[Le témoin écoute la lecture de sa déposition  l'approuve et la signe]:

SOEUR MARIE JOSEPH DE LA CROIX rel. ind., deposui ut supra.