Carmel

Les écritoires de Thérèse

plume-encrier


Dans les carmels du 19e siècle, il n'y avait pas de bureau ni de table dans les cellules. Comment écrire alors?... en utilisant, de manière originale, une petite planche de bois posée sur les genoux.

Si la petite planche pouvait contenir aussi le matériel pour l'écriture, ce serait pratique: d'où l'idée d'en faire un petit coffre dont la planche à écrire constitue le dessus - coffre pouvant contenir papier, encrier, plumes et porte-plume, grattoir et crayon.

Les carmélites n'on rien inventé, car l'écritoire était présente depuis des siècles en France, bien avant la fondation de Lisieux. Elle tombera en désuétude à la fin du 19e siècle, avec la modernisation des outils d'écriture. 

Hors carmels, ces objets n'étaient pas seulement utilitaires, ils étaient aussi décoratifs ! Une recherche avec les mots "écritoires anciennes" permet de le constater, en regardant les images trouvées. 

L'écritoire carmélitaine a cette caractéristique d'être un tiroir (contenant papier et matériel d'écriture) dans une boîte à un côté ouvert.

premier ecritoire TH

Thérèse, en entrant au carmel en avril 1888, a trouvé dans sa cellule l'écritoire ci-contre, à gauche. Léger,en bois clair avec sa poignée de bois blanc, il avait sans doute été préparé pour Mademoiselle Fleuriot. Thérèse hérita en effet des meubles de cellule teintés en blanc qu'on avait préparés fin 1887 pour la petite voisine du carmel, Jeanne Fleuriot, qui n'entrera finalement pas.

Assise sur son petit banc, la carmélite devait poser l'objet sur ses genoux et prendre de l'encre tout en rédigeant. Pas facile d'après Céline, qui répandit peu après son entrée tout un encrier sur le mur blanc de la cellule et sur le parquet. L'écritoire avait glissé !

Lire ici notre vieille recette pour faire de l'encre.

Céline entrera en effet le 14 septembre 1894. En aidant à la préparation de la cellule de sa soeur chérie, Thérèse a l'idée de lui donner son écritoire, si légère. Elle-même va en chercher une autre au grenier, où sont rangés les objets désuets. Elle trouve celui-ci, (photo de droite) plus lourd et très abimé.

SECOND ecritoire TH

Notez sur les photos ci-dessous la dégradation de cette écritoire, vieil objet remontant sans doute à la fondation (1838):

- le bois est fendu sur le dessus de la boîte, ce qui est bien ennuyeux pour écrire.

- le dos du tiroir est tordu

- de même que les petites cases pour placer l'encrier et les plumes.

Comme l'illustre plaisamment Sr Marie du Saint-Esprit sur des lavis, Thérèse a écrit sur cette écritoire ses oeuvres majeures.

Elles comprennent les trois manuscrits, 7 de ses 8 pièces de théâtre, 53 de ses 62 poèmes,

16 prières sur les 21 qu'elle a composées et 95 de ses 266 lettres, dont celles à ses frères prêtres.

ecritoire fac-simile
Pour en savoir plus sur les écritoire, lire le mémoire de maîtrise en histoire de l'art de Emmanuel SARMEO sur Les écritoires néoclassiques françaises:
http://dumas.ccsd.cnrs.fr/docs/00/32/63/13/PDF/Les_ecritoires_neoclassiques_francaises_1.pdf