Carmel
Sr Marie de l'Eucharistie à Isidore Guérin son père – juillet ou août 1898

DE  
GUÉRIN Marie, Soeur Marie de l'Eucharistie
À 
GUÉRIN Isidore

01/07/1898

Marie Guérin à son Père
[Juillet ou Août 1898]
Mon petit Père chéri,
Deux petits mots seulement pour te dire toujours mon amour. Que je voudrais donc te savoir guéri ! Que cela me ferait de joie au coeur . Cela me fait tant de peine de vous savoir tous les deux au lit ! Quand le bon Dieu veut vous envoyer une épreuve il sait bien s'y prendre, de même quand il veut vous éviter une peine, un chagrin, il permet que tout s'adoucisse. Ainsi l'autre jour Jeanne m'avait écrit son premier petit mot, je crois sous le coup d'un découragement. Son petit mot était triste, plein de mauvaises nouvelles. Eh ! bien le bon Dieu ne voulait sans doute pas que cette petite épine blessât mon petit coeur. Il a permis que je reçoive cette petite lettre dans un moment de travail, dans un moment pressant d'ouvrage, je l'ai lue à peine et n'ai pas eu le temps de l'approfondir. Quand le soir je reçois un second petit mot tout joyeux et consolant, cela me fit penser que le premier devait être bien triste, je le relus et je vis en effet que si je l'avais lu bien attentivement mon petit coeur aurait été bien gros. Mais le bon Dieu voulait m'épargner ce petit chagrin et Il a permis que je reçoive le mot consolant avant d'avoir pu me faire de la peine.
Je voudrais bien que l'on cherche dans ma musique l'auteur en musique de la Patrie des hirondelles, de Mignon regrettant sa patrie, je doute beaucoup de ces deux auteurs que je ne me rappelle pas. Si ces morceaux ne se trouvent pas dans ma musique, c'est Jeanne qui doit les avoir, je voudrais le savoir au plus tôt à cause des corrections. L'auteur aussi de Mignon sur la rive étrangère, mais je ne l'avais pas en musique inutile de le chercher. Si on pouvait le savoir par d'autres. On pourrait trouver ces auteurs derrière les morceaux de musique au catalogue si cela fatiguait Maman de chercher qu'on me les envoie. Mais Jeanne doit avoir les deux premiers s'ils ne sont pas chez nous.
Mon cher petit Père aurait-il encore des croix de la Ste Face en cuivre. Comme j'en avais une en argent, j'ai été obligée de la quitter à ma prise d'habit mais il est permis d'en avoir en or « Tout ce qui brille n'est pas or ». Si elles n'ont qu'une simple branche tant mieux. Etant de l'archiconfrérie il m'est permis de porter cette croix. Merci à l'avance et mille baisers les plus tendres de petit Benjamin qui pense fort à son papa et à sa maman.
Au crayon :   Envoyez les pots de confitures.
Beaucoup de peine de voir mon petit père, plus souffrant mais prenons patience et résignons-nous à la volonté du bon Dieu, c'est ainsi qu'il traite ses meilleurs amis.

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