Marie Guérin à Céline Pottier J.M.J.T. 23 juillet 99 + Jésus Ma chère petite Céline, Deux mots seulement car je n'ai pas le temps de t'en écrire long ce soir. Je n'ai pas répondu à ta lettre de Jeudi, je ne le pouvais au moment, et j'ai pensé que ma tante allait te faire la commission. Lors de son voyage à Bernay il y a huit jours, je l'avais justement priée de te dire que le livre en question avait été remis le matin même à la Sr Marthe qui était venue au Carmel, mais ma tante avait sans doute oublié la commission et j'ai supposé qu'elle allait s'en souvenir Jeudi dernier, c'est pourquoi je ne t'ai pas répondu immédiatement. Merci, ma chère petite Céline, de tout ce petit dérangement que cela t'a causé, je n'en suis pas fâchée car cela m'a causé le plaisir d'une lettre, et tu sais combien les tiennes me sont précieuses, je les dévore, mieux que cela je tâche de lire entre les lignes. Je vois que tu es dans un moment de peines, de misères, de luttes de toutes sortes. Prends courage, ma chérie, reçois ces mille choses, petites épines de la main du bon Maître, emploie-les à sauver les âmes, et pour cela chaque matin offre tout à Jésus dans ce but, et Il acceptera tout lors même que tu n'y penserais pas au moment présent. Sois bien fidèle à offrir, à élever ton coeur vers Dieu dès le premier moment de ton réveil, les journées commencées ainsi sont toujours bénies et précieuses. Que le premier battement de ton coeur que ta première pensée soit un acte d'amour, et pour cela dès la veille au soir offre-les dans ce but. Et tu verras comme tes journées seront fructueuses. Tu me dis aussi que tu n'as pas le temps, ni la force de faire tes dévotions. Tu sais, qui souffre, prie. Le désir équivaut à l'action. Tu sais que les communions spirituelles, les communions de désir font quelquefois autant de bien à l'âme que les communions sacramentelles, du moment qu'un empêchement légitime met obstacle. Le désir, l'amour suppléent à tout. Et je suis convaincue que lorsqu'une âme désire recevoir Jésus de toute la force de son coeur, une petite hostie s'échappe du ciboire. Jésus est tout puissant, que ne peut-il faire pour les âmes qu'Il aime ? Tu as des misères pour la santé de Guite. Pauvre petit Ange, ne crains pas, pour moi c'est une enfant prédestinée qui fera plus tard ta joie et ta gloire. C'est une enfant que la Ste Vierge protège particulièrement. Papa et Maman sont rentrés de Royat, Papa étant très faible a préféré revenir. Tu vois que partout il y a des misères, des épreuves mais fais travailler ta foi, ta confiance, ta résignation et tu seras heureuse. A bientôt, n'est-ce pas, petite Soeur chérie ; tes lettres me font tant de plaisir, l'air de la campagne devrait vous faire du bien à tous. Mille baisers de ta petite soeur Marie de l'Eucharistie r.c.i. Mon souvenir à ton mari. Mes caresses aux bébés.
