Carmel
Sr Marie de l’Eucharistie à Mme Pottier – 21 août 1898

DE  
GUÉRIN Marie, Soeur Marie de l'Eucharistie
À 
MAUDELONDE Céline, Mme Pottier

21/08/1898

Marie Guérin à Céline Pottier
                               J.M.J.T.                                                 21 Août 98
+ Jésus
                       Ma chère petite Céline,
Merci pour tes souhaits si affectueux, je n'ai pu t'écrire plus tôt, nous faisions la lessive, depuis quinze jours nous y sommes occupées, la semaine dernière c'était la grande lessive et cette semaine celle de la sacristie que nous appelons aussi la lessive au petit Jésus. C'est bien doux, je t'assure, de laver les corporaux et autres linges fins qui touchent de si près à la Sainte Hostie.
   Et toi aussi, ma petite Céline, tu fais quelque chose de bien pieux en brodant une exposition. Que tu es donc gentille d'avoir pensé à tes petites Carmélites ! Cela nous touche beaucoup et nous te remercions de tout coeur. La sacristine est ravie de posséder une si belle chose. L'on a discuté hier à la récréation ce à quoi ce bel ouvrage pourrait servir. L'on verra pour une exposition. Si c'est trop grand, nous avons pensé à une nappe de communion. Tu sais que nos nappes de communion, pour la Communauté ne sont pas pareilles à celles du monde, c'est plutôt la forme de ce que dans le monde on appelle « chemin de table » elles sont toujours en broderies et se posent en effet sur une sorte de petite table qui est à la grille. Dans ce dernier cas, ton ouvrage, ma chère petite Céline toucherait encore de plus près le bon Dieu, car sur une exposition ce n'est que le pied de l'ostensoir qui y touche, tandis que sur une nappe de communion, le bon Dieu y repose souvent, car combien de petites parcelles invisibles ne s'échappent-ils pas de la main du prêtre, et q.q.f. il y en a de visibles. Oui ta pauvre petite Marie jouira encore plus de ton ouvrage, elle le verra aux grandes fêtes et cela lui rappellera sa petite Céline. Elle n'a pas besoin de cela pour penser à elle, mais le souvenir n'en sera que plus doux.
   Que deviens-tu par cette grande chaleur, ma chère petite soeur ? Cela doit te faire bien souffrir, si je pouvais donc souffrir pour vous tous je le ferais de grand coeur. Vous devez avoir bien des orages dans votre beau pays. Ici nous en avons eu un qui a commencé jeudi soir à sept heures et qui a duré jusqu'à deux heures du matin, c'était un très fort orage, le tonnerre est tombé à la gare, pas loin du Carmel comme tu le vois.
   Je suis bien pressée avec toutes mes correspondances, je voudrais bien écrire à ma petite Léonie aussi pour cela je suis obligée de te quitter bien vite. Embrasse bien fort pour moi ma chère Tante, dis-lui combien je l'aime et combien sa lettre m'a touchée et m'a fait plaisir. Dis-lui que je prie beaucoup pour elle et que je n'oublie pas toutes ses recommandations. Ce pauvre Henri a toujours des épreuves je pense toujours beaucoup à lui et à ses chers petits anges qui sont ravissants.
   Pour toi ma petite Céline garde le plus gros baiser de ta petite soeur en Jésus
                                                                                    Marie de l'Eucharistie                                                                                                          
                                                                                                                  r.c.i.
Rappelle-moi au bon souvenir de ton mari et mille caresses à mes chers petits neveux et nièces.

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