Carmel
Sr Marie de l’Eucharistie à Mme Pottier – 2 avril 1899

DE  
GUÉRIN Marie, Soeur Marie de l'Eucharistie
À 
MAUDELONDE Céline, Mme Pottier

02/04/1899

Marie Guérin à Céline Pottier
J.M.J.T                                   Pâques 99
[2 avril]
+ Jésus
Ma chère petite Céline,
Alleluia !! Ce mot je le redis à double titre : Alleluia ! ma chère petite soeur, ta dernière lettre m'apportait une nouvelle dont l'espoir me berçait depuis longtemps.
Que je suis heureuse, ma chérie, de savoir que Jésus vient plus souvent dans ton coeur c'était là un de mes plus grands désirs. Oui, certes avec la permission de ton confesseur, tu peux communier une fois, deux fois et même plus dans la quinzaine sans avoir besoin de recourir au Sacrement de Pénitence. Le moyen de conserver son âme pure, c'est de s'approcher souvent de la Pureté même, Jésus, le divin Aliment de notre âme. Ah ! quelle grâce que la Ste Eucharistie ! Comment font les âmes qui s'en passent si facilement. Comment font-elles pour supporter les peines, les épreuves de la vie sans être appuyées sur Jésus qui est la Force, la vie même. Aussi elles n'ont pas cette énergie, cette générosité, cette force d'âme que puisent les âmes qui reçoivent souvent Jésus, qui lui confient leurs peines, leurs ennuis, leur famille et qui s'abandonnent à Lui.
Ne dis pas, ma Céline chérie, que tu m'as écrit ta lettre dans un moment de ferveur. Non, j'y ai vu une âme qui à force d'efforts est arrivée à savoir s'abandonner à la divine Providence, à voir Jésus en tout, à attendre tout de Lui, et à vivre en paix sous son regard divin. Quand on a suivi ton âme comme je l'ai suivie, on constate avec bonheur ces progrès. Un mouvement de ferveur dure une journée, et puis le lendemain c'est l'abattement, tandis que toi, il y a six mois que tu es dans cet état. J'en bénis et remercie Dieu. N'es-tu pas plus heureuse que jamais ? Oh ! oui, n'est-ce pas ! Avec toi je remercie le bon Dieu de t'avoir donné un si bon mari, qui te donne la plus suprême des consolations. Sois tranquille Jésus règne en Maître au milieu de ta petite famille. Il la bénit, la protège, la chérit particulièrement.
Continue, continue à aimer le bon Dieu, à le prier dans les difficultés, à le voir en tout, le bénir en tout, et faire toutes tes actions pour Lui, sous son regard. N'as-tu pas des petits anges qui doivent te rappeler souvent sa divine présence, ce sont de petits tabernacles qui cachent Jésus en eux, il y est si bien dans ces petits vases d'or qui n'ont pas la plus légère souillure. Habitue-toi à le contempler ainsi et veille toujours à conserver l'innocence de ces petit êtres chéris que le Ciel admire en silence. Il est temps pour ta petite Marguerite de commencer à former son coeur à la vertu, petit à petit apprends-lui à aimer Jésus, à chercher à lui faire plaisir par toutes sortes de petits moyens propres aux petits enfants.
Comment va ta petite Germaine ? De ce côté tu as encore une épreuve, mais que veux-tu , mets à profit ces mille petits riens, ces petites contrariétés de la vie, ce sont des trésors qui te sont envoyés pour acheter le Ciel.
Je suis bien heureuse que tu aies trouvé une amie pieuse, véritable, qui ait su apprécier notre petite Sainte. Si cette dame veut attendre quelques semaines elle pourra acheter un livre de la seconde édition qui est augmentée de quelques nouveaux passages et dans laquelle notre petite Thérèse y est mieux représentée, c'est-à-dire que son portrait y sera plus ressemblant. Puis, ma petite Céline, je sais que tu es dans nos intérêts quand on désire un livre voudrais-tu donner comme adresse notre Carmel nous vendons au même prix que les libraires et nous avons, tu le comprends facilement, plus de bénéfice.. Nous envoyons à domicile moyennant bien entendu le prix du port en plus. Mais en cet instant nous n'avons plus de livres, la première édition est complètement épuisée, et d'ici un mois paraîtra la seconde.
Si Mme Mauduit désire le livre, nous lui en enverrions un aussitôt que l'édition aura paru.
Voilà, ma chérie, sommairement tout ce que je voulais te dire. Prie et recommande-toi tout particulièrement à la petite Thérèse qui ne peut manquer de t'assister spécialement puisqu'elle te considérait comme sa petite cousine, sa petite soeur. Et je t'assure qu'elle obtient bien des grâces. Dernièrement de Paris, une dame du monde a fait dire dans notre Carmel une neuvaine de messes en action de grâce, pour une grâce obtenue par l'intercession de notre petite Soeur. Prie-la je t'en conjure. Je suis sûre que c'est à elle que tu dois cet abandon que tu as acquis depuis qq. temps ; c'est elle qui t'a envoyée à la Musse près de mes chers parents, qui j'en conviens sont exemplaires, par leur piété, leur résignation, et leur foi si grande.
Continue de bien prier pour moi, je vais mieux mais je sais comme ces indispositions sont longues et les rechutes fréquentes. J'ai bien du mal à me remettre à la nourriture. Et cependant je suis soignée comme un enfant gâté, je ne manque de rien, et on ne m'épargne rien pour ma guérison. Enfin j'ai repris mon travail depuis qq. temps et sans trop me fatiguer j'arrive à accomplir mon office. J'espère que d'ici qq. temps je serai entièrement guérie. Prie pour moi.
Ta petite soeur qui te chérit
Marie de l'Eucharistie
r.c.i.
Rappelle-moi au bon souvenir de ton mari et mes plus affectueuses caresses aux bébés

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