Carmel
Sr Marie de l’Eucharistie à Mme Pottier – 15 mai 1898

DE  
GUÉRIN Marie, Soeur Marie de l'Eucharistie
À 
MAUDELONDE Céline, Mme Pottier

15/05/1898

   Marie Guérin à Céline Pottier
                                                   J.M.J.T.                                                       15 Mai 98
+ Jésus
                       Ma chère petite Céline,
Puisque tu désires avoir mon avis au sujet de Bébé pour le pèlerinage, je te conseille de suivre
les avis de M. le Curé de Fervaques qui est un avis très sage. Je n'emmènerais pas Bébé cette fois, j'attendrais une autre occasion, la Sainte Vierge voit bien le motif qui fait agir ainsi et en Mère bonne et tendre, elle ne laissera pas de répandre avec abondance ses grâces et ses bénédictions sur ta petite malade.
Nous allons bien prier pour toi, ma chérie, la Sainte Vierge ne peut que te protéger pendant ce voyage d'action de grâces que tu lui fais. Si tu connaissais l'amour et la tendresse qu'elle a pour ses enfants privilégiés, pour ceux qui lui sont tout spécialement consacrés. Elle n'oublie pas que dans ce Lourdes béni, tu t'es consacrée à elle d'une façon toute particulière en prenant la livrée des enfants du Carmel, aussi elle aime à te voir y revenir pour te combler de ses faveurs. Elle aime à voir cette foi, si recommandée dans l'Evangile qui transporte les montagnes. Elle aime à le voir en toi et surtout en ton mari, qui en faisant ce voeu à la Sainte Vierge a par cette promesse obtenu un miracle car on ne peut le nier, la guérison de ta petite fille a été un miracle, et un grand miracle. Aussi je t'aiderai de me pauvres prières à remercier la Sainte Vierge et à la prier pour toi et pour le second enfant que tu vas lui consacrer.
Ah ! si c'était une petite fille que je serais heureuse que tu lui donnes le beau nom de « Marie », le nom de la Sainte Vierge. Dans une famille chrétienne je trouve que cela se doit et si tu connaissais les trésors de grâces renfermés dans ce nom ! Tu sais, ce que je te dis là, c'est simplement un souhait, je me permets de te dire mes pensées, mes sentiments, puisque cela te fait plaisir, et à moi aussi je l'avoue que cela me fait du bien de pouvoir librement parler avec toi. Je ne puis te cacher que je crois que la Sainte Vierge serait heureuse de ce choix de son nom, et ce serait un « Merci », une action de grâces encore pour le miracle obtenu. Mais, tu sais, je comprends qu'il y a q.q. f. des empêchements, des motifs qui ne dépendent pas toujours de toi, je te soumets simplement mon désir.
J'ai bien admiré ton mari au sujet de ses Pâques, encourage-le toujours dans cette voie de ne jamais abandonner coûte que coûte ses devoirs de chrétien. Et toi, ma petite chérie, fais aussi l'impossible je dirai presque pour ne pas manquer ta communaion de quinzaine, et si cela t'arrive pour un motif légitime, n'attends pas quinze autre jours reprends la le plus tôt possible. A Lourdes peut-être auras-tu encore le bonheur de voir ton mari t'accompagner à la Sainte Table. Tâche que cela soit, c'est l'action de grâces la meilleure envers la Ste Vierge, un pèlerinage ne s'accomplit pas sans cela.
   Je t'envoie mes plus affectueux baisers et ne crois pas que je t'oublie, oh ! non : cela me ferait de la peine. Si tu savais au contraire comme je souffre quans je ne puis t'écrire faute de temps.
                   Ta petite Soeur
                 Marie de l'Eucharistie
                               r.c.i.

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