Carmel

Les alpargates artisanales

alpargateLT

Les alpargates sont une sorte d'espadrilles utilisées par les paysans espagnols au 16e siècle.  Les carmélites de la Réforme thérésienne effectuée par sainte Thérèse d'Avila les ont adoptées et transmises dans leurs fondations à l'étranger.

La semelle est faite d'une tresse de chanvre tressé, enroulée sur elle-même et cousue très serrée. 

Sr Aimée  remercie un jour sa famille d'un cadeau de matière première dans une lettre à sa sœur Marie : "Je viens de recevoir un gros sac de chanvre ensemencé et récolté par mon cher frère Arsène".

C'est avec plaisir que je l'ai vu et manié. Ce chanvre servira à faire de la natte pour former le dessous de nos alpargates (ou chaussures) qui ne sont pas en usage dans le monde, ou plutôt dans notre France car c'était autrefois, du temps de notre mère Sainte Thérèse, la chaussure des pauvres en Espagne. C'est une providence qui nous arrive fort à propos. Notre bonne dépositaire ne savait où en faire acheter pour fournir à la sœur chargée de nous chausser sa provision de cette année [Sr St Vincent de Paul].

Le dessus et le talon sont faits dans une grosse toile tissée, sauf l'extrémité des orteils, nommée rosette et faite à l'aiguille (modèle ci-contre).

aiguilles alpargates LT
outils-alpargates LT

Dessus, talon et semelle étaient cousus avec de très gros fils à l'aide de ces grosses aiguilles et de poinçons, dont plusieurs sont conservés (photo de droite). Cet ouvrage était souvent donné aux soeurs du voile blanc (les soeurs converses), compte tenu de la force physique qu'il exigeait.

Ces chaussures artisanales s'usaient très rapidement. Ainsi, Sr Aimée poursuit dans la même lettre à sa famille: Je suis du nombre des soeurs qui usent le plus de chaussures, ayant toujours un emploi qui me met en activité aussi bien le dimanche et les fêtes que le jour ouvrier.

Voir ici la pièce où on les fabriquait.

La marche avec des alpargates est difficile sur des tomettes mouillées (ces carreaux de terre cuite), d'où le port de "socques" de bois pour marcher sur le carrelage des cloîtres par temps très humides.

Comme les alpargates étaient très salissantes à cause de leur teinte claire, les carmélites chaussaient aussi des socques sur leurs sandales pour aller au jardin.

Pour la lessive, on devait passer carrément au sabot car des alpargates mouillées sont longues à sécher! Marie Guérin s'en plaint dans une lettre à son père (lettre du 3 juillet 1898).

alpargates miniatures LT
Quelques modèles miniatures venus d'Espagne qui ont été conservés