Carmel

Le travail des ornements

detail ornement

Le travail des ornements relève à la fois de la couture et de l'oeuvre d'art car à l'époque, tout ornement sacerdotal était enrichi de broderie, de dentelle, voire de pierreries, pour magnifier la beauté de la liturgie. La broderie faisait partie de l'éducation des filles aisées et plusieurs entraient au carmel avec une bonne base, mais le travail des ornements relevaient des spécialistes.

Les meilleurs brodeuses du temps de Thérèse étaient Sr Saint-Vincent de Paul (voir lettre de Mère Agnès à Céline /septembre 1893), et Sœur Saint-Jean-Baptiste, qui savait broder admirablement (voir sa biographie).  

Avant le montage final de l'ornement, elles travaillaient les sections à broder, par exemple celles qui composeraient les orfrois, ces parements décoratifs au dos et au devant de la chasuble.

Vincentdepaul jeanbaptiste
ornement-face

La confection de l'ornement commençait par la coupe. Il fallait couper le tissu en fils de soie selon le patron des ornements violon (ou boîte à violon) de l'époque. Voir les photos à gauche et ci-dessous d'un très ancien ornement de la sacristie.  La coupe devant est échancrée au niveau des épaules pour permettre l'élévation aisée des bras au cours de la célébration de la messe.

Il fallait couper également la doublure, sur laquelle on faufilait un canevas très rigide nommé bougran pour que l'ornement reste raide au cours des utilisations. Le bougran était utilisé à l'époque pour donner un peu de tenue aux ceintures. Autour du col on trouve un colletin, souvent en dentelle, pour protéger l'encolure de la chasuble.

Au milieu du devant sur le long, on trouve un parement orné, souvent brodé, nommé orfroi. Il apparaît au dos en forme de croix, portant alors un motif au centre des orfrois, comme ici, une Vierge à l'Enfant.

Ces parements sont le travail le plus difficile à réaliser et demandent beaucoup de temps. Lorsqu'ils sont complétés on termine l'assemblage de la chasuble.

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L'ornement complet comprenait dans le même tissu l'étole autour du cou et le manipule autour du bras (sorte de petite étole - à gauche sur la photo), ainsi que d'une bourse de corporal (on y pliait le corporal) et d'un grand voile pour le calice (à droite sur la photo). C'était un ensemble à réaliser en même temps que la chasuble.

Ci-dessous un détail agrandi de la broderie.

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ornement kit

Les ornements étaient vendus et rapportaient à titre indicatif environ 450 francs par ans les trois dernières années de la vie de Thérèse. On les réalisait sur commande.

Les soeurs confectionnaient à Lisieux:

- le linge d'autel : amicts, purificatoires, corporaux, tours d'étoles, lavabos ou manuterges, pales.

- les aubes et surplis : les aubes et les cordons d'aubes, les surplis à petites manches et à grandes manches, les surplis des répondants.

- les chasubles et leurs accessoires, les dalmatiques et leurs étoles et manipules, les chapes.

Le tout d'après les normes du Manuel de liturgie de Léon Le Vavasseur.

Le travail des ornements comprend également leur entretien: comment raccommoder le tulle, faire les coutures à la dentelle, etc.